Au livre X du Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry, une conversation s’engageait sur la médisance :
Mais ce qu’il y avait de rare était que ces deux personnes médisantes, pour suivre chacune leur humeur, s’accusèrent l’une l’autre tour à tour d’aimer trop à médire. – Pour moi, disait Mérose, comme je ne dis jamais de mal de personne si je ne le sais bien, je ne pense pas pouvoir raisonnablement passer pour médisant : mais pour Alcianipe, elle ne dit pas seulement ce qu’elle sait, ni ce qu’elle a ouï dire, mais elle dit encore ce qu’elle s’imagine qui doit être, ou qui peut être. – J’avoue, répliqua-t-elle, que je dis beaucoup de choses que je n’ai point vues : mais si on ne parlait que de ce qu’on a vu, on parlerait peu : et si on bannissait la science des conjectures, il n’y aurait plus de nouvelles par le monde : cependant il est certain qu’elle ne me trompe guère plus souvent que mes yeux. Lire la suite …
(X, 1, p. 6783-6784)
