Dans Le Grand Cyrus des Scudéry, le personnage d’Arbate, avant de succomber aux charmes d’Amestris, était présenté comme un solitaire éloigné de toute galanterie :
Arbate aimait assez la solitude, et n’aimait guère la conversation des Dames. […] Je le pressai si extraordinairement de vouloir voir Amestris ; qu’enfin il me promit d’y venir, pourvu que j’eusse préparé cette belle personne à la conversation d’un solitaire. […] Mais si elle m’enchaîne, me dit-il en riant, que deviendra notre amitié ? […] Ne m’exposez donc pas, reprit-il à perdre votre amitié : et si Amestris est si dangereuse et si redoutable, laissez moi dans ma solitude, jouir du repos de la liberté. […] Arbate, comme je vous l’ai dépeint, étoit un peu solitaire : mais il n’était pourtant pas de ces mélancoliques chagrins, de qui la conversation est pesante et incommode : au contraire, il avait l’esprit agréable : et même assez enjoué pour un sérieux, parmi les personnes avec lesquelles il se plaisait. Et ce qui faisait sa retraite, n’étoit pas tant qu’il fut de tempérament mélancolique ; que c’était qu’il avait un esprit difficile et délicat, qui se rebutait aisément : et qui ne pouvait souffrir qu’avec beaucoup de difficulté, le moindre défaut en ses amis. Il cherchait la perfection en toutes choses, et fuyait tout ce qui était défectueux : si bien que comme il n’est pas aisé de trouver grand nombre de personnes parfaites, il en aimait peu, et en voyait encore moins.
(I, 3, p. 421-427)