Vous avez cru faire un jeu

« Ma foi ! Monsieur, la bécasse est bridée, et vous avez cru faire un jeu, qui demeure une vérité. »
L’Amour médecin, III, 7

Sous le titre du « Mari malgré lui », le gazetier Robinet racontera, dans sa lettre du 11 février 1668, l’anecdote réelle d’un mariage imposé par une feinte :

LE MARI MALGRÉ LUI ET QUI NE PENSE PAS L’ÊTRE.

 

Trois Mariages, ce dit-on,
Se sont faits au Pays Breton,
Qui valent bien un autre Conte ;
Il faut que je vous les raconte.

Une VEUVE, en ses Revenus
Comptant plus d’Appas que d’Écus,
Et cherchant quelque riche Dupe
Qui voulut donner dans sa Jupe
En vertu du grand Sacrement,
A produit cet Événement.

Deux Dames, de ses Confidentes,
Dans ses intérêts fort ardentes,
Pour Elle jetèrent les yeux
Sur un TEL, digne de ses Voeux
Et, qui relevant son Étage,
Pouvait la rendre Dame à Page.

Or, pour consommer le Dessein
Qu’elle couvaient sous leur beau sein,
Comme il voyait souvent ces Dames,
Qui sont deux très honnêtes Femmes,
À cette belle Intrigue près,
Et vous l’apprendrez par leurs Faits,
Elles lient une Partie,
Amoureusement assortie,
De la Veuve et dudit Quidam,
Qui, je pense, se nomme Adam,
Et de deux autres Personnages,
Comme elles honnêtes et sages.
Ils vont donc, pour quatre ou cinq jours,
En un village des Contours,
Et là, s’étant un peu coiffées,
L’une des Intrigantes Fées,
Ayant même le verre en main,
Rempli d’un délicieux vin,
Tînt aux autres ce beau langage,
Entre la Poire et le Fromage :
« Pour rendre nos plaisirs plus doux,
« Nous voilà six, marions nous
« Et, nous donnant pleine carrière,
« Sus, faisons la Débauche entière.
« Ce ne sera qu’honnêtement
« Si c’est au nom du Sacrement,
« Et nos Époux, sachant l’Affaire,
« Ne sauraient s’en mettre en colère,
« Car ainsi, du moins je le crois,
« La Corne devient un Saint Bois. »
Sa Compagne approuve son dire
Et chacun y veut bien souscrire,
Notamment le QUIDAM susdit,
Pensant s’ébaudir à crédit
Avec la VEUVE jeune et belle,
Et même presque encore Pucelle.

Aussitôt dit, aussitôt fait,
Car, dès le fin Poitron Jaquet,
Un jour ouvrier ou Dimanche,
Ayant le Prêtre dans leur manche,
Ils sont joints par le CONJUNGO,
Et puis eux-mêmes, à gogo,
Se joignent, en forme commune,
Chacun avecque sa chacune,
Et, se donnant le Bal d’Amour
Plus d’une nuit et plus d’un jour,
Dansent, non des Branles d’Espagne,
Ains les beaux Branles de Bretagne.
Mais, après l’amoureux Déduit,
Le Revers de Médaille suit.
Sans respect des Cornes sacrées
Qui devraient être révérées,
Les Maris, prenant dans leur coeur
La Gaillardise au point d’Honneur,
En recherchent à tout outrance
Chez Dame Thémis la vengeance,
Et même Monsieur le QUIDAM,
Qui se voit pris, las ! à son dam,
Demande, avec grand Préambule,
Que son CONJUNGO l’on annule ;
Mais on lui repart sur cela
Que SOLUTUS cum SOLUTA,
Qu’Homme libre avec Femme libre
Fait un Hymen de bon Calibre.
Quand davantage j’en saurai,
De l’écrire je ne faudrai.

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