Le lieu commun des yeux vainqueurs ou des yeux qui lancent des traits est particulièrement utilisé dans les airs de cour de l’époque de Molière.
A titre d’exemple, parmi les 268 airs du Nouveau Recueil des plus beaux vers mis en chant (1666), 54 utilisent le motif des beaux yeux ou des yeux vainqueurs, soit presque un air sur cinq.
Ce même recueil contient deux sources possibles de l’air du Bourgeois gentilhomme qu’il semble que Molière ait combinées et condensées.
– un air de Mollier avec paroles du compositeur:
Je meurs, je languis nuit et jour,
Et ne saurais vous dire
L’excès de mon martyre:
Ma bouche en veut parler, mais mon coeur plein d’amour,
Pour m’empêcher la voix incessamment soupire.
Hélas! à quel point est mon mal,
Si mon amour extrême
Agit contre lui-même,
Et pour trop aimer, me devenant fatal,
Il m’ôte le pouvoir de déclarer que j’aime.
(Nouveau Recueil des plus beaux vers mis en chant, Paris, Robert Ballard, 1666,
p. 268).
– un air de Lambert
Je cherche nuit et jour
Le moyen de vous plaire,
Toutes mes actions vous disent mon amour,
Et cela vous met en colère.
Tous mes respects attirent vos mépris,
Et vous vous riez de ma peine;
Et que feriez-vous donc, Iris,
Si j’avais pour vous de la haine?
(Nouveau Recueil des plus beaux vers mis en chant, Paris, Robert Ballard, 1666,
p. 283).