Un passage du livre II, 5 du Polyandre (1648) de Charles Sorel mettait en scène un alchimiste désargenté (1).
Chez Cervantès, un tel personnage est présenté aux côtés d’un « arbitriste » ou « donneur d’avis » (voir « un avis que par vous je veux donner au roi ») dans la nouvelle du « Coloquio de los perros » (Novelas ejemplares, 1613) (2).
(1)
…c’est un homme qui s’introduit partout de lui-même pour publier qu’il a trouvé la Pierre philosophale, dont il promet des miracles […] un Alchimiste nommé Théophraste, qui rôdait alors par Paris des conseils magnifiques […] qui donnait des conseils magnifiques […]
après que cet homme l’eut excité publiquement à la libéralité et à des magnificences extraordinaires, il l’avait tiré à part pour lui apprendre le moyen d’y fournir […]
[Il lui] dit le reste à l’oreille [non sans avoir] demandé de l’argent artificieusement pour fournir à quelque dépense nécessaire […]
Aurélie repartit qu’en effet il en avait été quitte à bon marché d’avoir eu la vue et le conseil d’un si excellent homme pour douze pistoles.
( p. 229-233)
(2)
BERGANZA.- « Digo que en las cuatro camas que están al cabo desta enfermería, en la una estaba un alquimista, en la otra un poeta, en la otra un matemático y en la otra uno de los que llaman arbitristas. »
[…]
« ¿Ha hecho vuesa merced -dijo a esta sazon el matemático-, señor alquimista, la experiencia de sacar plata de otros metales? » « Yo -respondio el alquimista- no la he sacado hasta agora, pero realmente sé que se saca, y a mí no me faltan dos meses para acabar la piedra filosofal, con que se puede hacer plata y oro de las mismas piedras ».
Berg. En l’un des quatre lits qui sont au bout de l’enfermerie, y avait un Alchimiste, en l’autre un Poète, en l’autre un Mathématicien, et en l’autre un de deux que l’on appelle Donneurs d’avis.
[…]
Avez-vous fait, dit alors le Mathématicien à l’Alchimiste, l’expérience de tirer l’or des autres vaisseaux? Je ne l’en ai pas tiré jusques à cette heure, répondit l’Alchimiste: mais je sais véritablement qu’il s’en tire, et à moi ne me manquent pas deux mois pour achever la pierre Philosophale, avec laquelle on peut faire de l’or ou de l’argent des pierres mêmes.
(traduction d’Audiguier, 1621, p. 307-308)