Les étapes de la conversion avaient été décrites dans le sermon « Sur la conversion des pécheurs » de Bossuet, prêché vers 1660 :
Figurez-vous un pauvre pécheur, qui reconnaissant l’horreur de son crime, considère la main de Dieu armée contre lui, et regarde qu’il va supporter le poids de sa juste et impitoyable vengeance. De là les craintes, de là les frayeurs, de là les douleurs amères et inconsolables. Au milieu de ces effroyables langueurs, la sainte pénitence se présente à lui pour soulager ses infirmités par ses salutaires conseils […] Là-dessus le pécheur s’éveille; et regardant la justice divine si fort enflammée contre nous, et que d’ailleurs il est impossible de lui résister, il voit qu’il est impossible de faire autre chose que de se joindre à elle pour en éviter la fureur, de prendre son parti contre soi-même, et de venger par ses propres mains les mystères de Jésus violés, son Saint-Esprit affligé et sa Majesté offensée. C’est pourquoi il se transporte en esprit en cet épouvantable jugement, où voyant que Dieu accuse les pécheurs, qu’il les condamne et qu’il les punit, il se met en quelque sorte en sa place; de criminel il devient le juge; il s’accuse, confession; il se condamne, contrition; et il se punit, satisfaction.
Et premièrement il s’accuse; et voyant dans les Ecritures que Dieu menaçant les pécheurs, leur dit : « Je te mettrai contre toi-même » il prévient cette sentence très-équitable et il témoigne lui-même son iniquité. […] Là il découvre avec une sainte confusion ses profondes et ignominieuses blessures, il se reproche lui-même sa lâcheté devant Dieu et devant les hommes. Que demandez-vous, justice divine? Qu’est-il nécessaire que vous l’accusiez? Il s’accuse lui-même volontairement.
Mais il ne suffit pas qu’il s’accuse ; il faut encore qu’il se condamne. […]
Mais écoutons encore : il ne suffit pas de nous condamner, il ne suffit pas de changer nos moeurs. La bonté entreprenant sur la justice, la justice fait quelques réserves. Parce que Jésus-Christ est bon, il ne faut pas que nous soyons lâches. Au contraire nous devons être d’autant plus rigoureux à nous-mêmes, que Jésus-Christ est plus miséricordieux.
(t. X, p. 383-385)