Sganarelle utilise un argument qu’on retrouve dans le sermon « De l’heureuse mort des bons » du Père Lejeune (1592-1672) :
L’incomparable saint Augustin traitant de la mort, dit une parole qui d’abord semble un paradoxe, mais qui est néanmoins très véritable : il dit que le méchant homme aime peu sa vie. Voulez-vous que je vous le montre, dit ce grand docteur, qu’est-ce qu’aimer quelque chose? N’est-ce pas lui vouloir du bien, et souhaiter qu’elle soit bonne ? Vous aimez votre héritage, vous travaillez pour lui faire du bien, vous désirez qu’il soit bon, vous aimez votre cheval, votre chapeau, votre manteau, vous désirez qu’il soit bon ; vous n’aimez donc pas votre vie, puisque vous voulez qu’elle soit méchante ; vous aimez donc votre mort, puisque vous désirez qu’elle soit bonne ; vous vous trompez lourdement, ce que vous désirez n’arrive point, ou fort rarement ; la mort ne peut être bonne si elle ne vient après une bonne vie; la vie qui est méchante et vicieuse ne peut manquer d’être suivie d’une malheureuse et méchante mort.
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