Le motif du sanglier menaçant l’héroïne, qui avait déjà été exploité dans La Princesse d’Elide (« ce sanglier, qui par nos gens chassé » et « ce péril dont tous deux nous avons sauvé vos charmes »), est également utilisé dans
– le roman Alcidamie (1661) de Mme de Villedieu (Mlle Desjardins) (1)
– la pastorale Délie (1668) de Donneau de Visé (2).
– les Galanteries grenadines (1673) de Madame de Villedieu (3).
(1)
Comme il achevait ces mots, la belle Inconnue qui ne venait dans cet endroit que pour étancher sa soif, s’assit sur le bord du ruisseau qui traversait ce petit bois ; et se courbant le plus proche de l’eau qu’il lui fut possible, elle ne prit dans une de ses belles mains, et la porta à la bouche. Mais à peine avait-elle commencé d’en puiser, qu’un furieux Sanglier sortit tout écumant de rage d’un lieu fort proche de celui où était l’Inconnue, et courut promptement à elle, il l’eût infailliblement atteinte, avant qu’elle eût le temps de se lever de sa place, si le Ciel n’eût permis que Théocrite se fut trouvé là pour l’en empêcher. Cet illustre Etranger n’avait pas plus tôt aperçu le Sanglier qu’il était couru comme un désespéré au devant de ce furieux animal et tirant un cimeterre qu’il portait à son côté, il s’était tenu ferme à son passage, et avait même été si heureux, que le Sanglier, qui dans sa furie se jetait à tout ce qu’il rencontrait, s’était élancé sur lui si inconsidérément, qu’il s’était enferré de lui-même, et s’était mis le cimeterre de Théocrite jusqu’à la garde dans le corps. Cette monstrueuse bête se sentant blessée, fit un effort pour se jeter sur Théocrite, et montrant des défenses d’une grandeur prodigieuse, elle semblait en devoir dévorer le vaillant défenseur de la belle Inconnue. Mais comme ce charmant Etranger était un des hommes du monde le plus adroit, il sauta légèrement à côté ; et le Sanglier que la perte de son sang et la douleur qu’il sentait, avait si fort affaibli, qu’à peine se pouvait-il soutenir, ne trouvant plus son ennemi à son passage, et ne pouvant se retourner à cause de son extrême grosseur, fut encore quelque temps à se débattre et à grogner, et puis il se laissa tomber sur la poussière qu’il arrosa toute de son sang, et sur laquelle il vomit une vie, qui sans le secours de Théocrite eût été funeste aux plus beaux jours que le Ciel eût jamais créés. Celle qui avait reçu ce secours, ne fut pas sitôt en état d’en remercier l’auteur, qu’elle s’avança vers lui pour lui témoigner sa reconnaissance.
(Edition de 1715, tome IV, p.10-11) :
(2)
CELIANTE.
Sachez, donc, qu’un Sanglier s’était jeté sur elle,
Et qu’étant des plus grands de toute la Forêt,
A lui donner la mort, il était, déjà, prêt,
Et l’allait attaquer avec tant de furie,
Qu’elle désespérait, tout à fait, de sa vie.
Elle croyait, alors, être seule en ce Bois,
Mais j’ai paru, soudain, attiré par sa voix,
Les longs cris que j’ai faits, ont détourné la Bête,
Qui se voyant ravir l’espoir de sa conquête,
La rage dans le coeur, et le feu dans les yeux,
A tourné, contre moi, ses efforts furieux.
[…]
Lorsque par un effet du bonheur qui la suit,
Le Berger Licidas, attiré par le bruit,
Nous est venu tirer de péril, et de crainte,
En donnant au Sanglier, une mortelle atteinte.
( II, 2)
(3)
Le héros de l’ « Histoire du marquis de Calis et de la princesse de Moraysele » raconte :
Je la suivis un jour à une chasse, où je fus assez heureux pour la garantir d’un sanglier, qui ayant forcé les toiles, venait plein de rage droit au lieu où la Princesse s’était rangée.
( p. 17)