Tout le plaisir de l’amour est dans le changement

« Tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le coeur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait; à combattre par des transports, par des larmes, et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme, qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre coeur les charmes attrayants d’une conquête à faire. »
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 2

La même formule était utilisée dans Le Festin de pierre de Dorimond (1).

 

L’inconstance amoureuse masculine, célébrée dans un célèbre sonnet de Vauquelin des Yveteaux publié en 1606 (2), venait de faire l’objet d’une ode publiée dans L’Ecole d’Amour ou les héros docteurs, Grenoble, 1665 (3)

 

 


 

(1)

DOM JOUAN
Je ne connus jamais un amour violent
Et ne veux d’Amarille être que le galant.
En poursuivant ce bien jamais la jalousie
N’arrêtera le cours de ma galanterie.
Je me ris de l’espoir d’un langoureux amant
Et trouve mon plaisir parmi le changement.
(I, 3)

 

(2)

Avecque mon amour naît l’amour de changer ;
J’en aime une au matin, l’autre au soir me possède,
Premier qu’avoir le mal, je cherche le remède,
N’attendant être pris pour me désengager.

 

Sous un espoir trop long je ne puis m’affliger,
Quand une fait la brave, une autre lui succède,
Et n’aime plus longtemps la belle que la laide :
Car dessous telles lois je ne veux me ranger.

 

Si j’ai moins de faveur, j’ai moins de frénésie,
Chassant les passions hors de ma fantaisie,
A deux, en même jour, je m’offre et dis adieu.

 

Mettant en divers lieux l’heur de mes espérances,
Je fais peu d’amitiés et bien des connaissances ;
Et me trouvant partout je ne suis en nul lieu.
(Recueil de vers, 1606)

 

(3)

L’Inconstant
Ode

J’y consens soyons amoureux,
C’est le plaisir de cette vie,
Cette saison nous y convie,
Et notre âge encore vigoureux ;
Mais faisons plus d’une maîtresse,
Afin de courtiser sans cesse,
Et d’en conter à tout moment,
Aimons et la brune et la blonde,
C’est le seul plaisir de ce monde,
De soupirer inconstamment.
[…]
Lysis aime de la façon,
Crois-moi n’en fais point de mystère,
Que si tu ne sais pas le faire
J’aime mieux t’en donner leçon,
Courtise, Iris, et Célimène,
Philis, Amarante, et Climène.
Aime partout, et n’aime rien,
Sur tout ne te laisse point prendre,
Et si ton coeur se peut défendre.
Tu t’en trouveras ma foi bien.
(L’Ecole d’amour ou les héros docteurs, par M.D.L.C [Jacques Alluis], Grenoble, Robert Philippes, 1665, p. 39-41)

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