Menacé d’être séparé de sa bien-aimée par la révélation de sa véritable condition princière, le jeune héros de l’ « Histoire de Sésostris et Timarète » (Artamène ou le Grand Cyrus, VI, 2) des Scudéry, lui fait les mêmes protestations de fidélité :
Ah cruelle Timarète, lui dit-il, quel plaisir prenez-vous à me parler comme vous faites ? et pourriez-vous bien croire que le changement de ma condition en eût apporté à mon coeur ? Non non, Timarète, ne vous y abusez pas : je suis pour vous aujourd’hui ce que j’étais il y a deux jours ; et je serai sur le trône, si la Fortune m’y met, ce que je suis dans cette île. Ne m’appelez donc point seigneur, je vous en conjure, car je vous déclare que vous régnerez éternellement dans mon âme. Au reste, aimable Timarète, ne vous efforcez point de peindre la joie dans vos yeux pour le bonheur qui m’est arrivé ; et sachez au contraire, que vous ne pouvez faire un plus sensible outrage à mon affection, que de vous réjouir d’une chose qui m’éloigne de vous.
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