Si je vous faisais voir

« Si je vous faisais voir qu’on vous dit vérité?
[…] si je trouvais manière
De vous le faire voir avec pleine lumière? […]
Mais supposons ici, que d’un lieu qu’on peut prendre,
On vous fît clairement tout voir, et tout entendre,
Que diriez-vous alors de votre homme de bien?
Il faut que par plaisir, et sans aller plus loin,
De tout ce qu’on vous dit, je vous fasse témoin. »
Le Tartuffe, IV, 3 (v. 1340-1351)

Une proposition semblable est faite par l’épouse du maître de maison, courtisée par un galant impatronisé :

– le roman Les Amours d’Aristandre et de Cléonice (1624) de Vital d’Audiguier (1)
– la tragi-comédie Les Trahisons d’Arbiran (1638) de d’Ouville (2)

 

 


 

(1)

L’épouse propose à son mari incrédule de lui faire découvrir les tentatives de séduction du prédicateur concupiscent :

Après avoir prié plusieurs fois Hiparque de se départir d’ une poursuite si ruineuse, et déshonorable pour elle, et pour lui, elle fut contrainte en fin de s’en plaindre, et d’en avertir Licidas. Jamais homme ne fut étonné comme celui-là. Il se moqua premièrement de sa femme, et puis lui voulut persuader qu’Hiparque se moquait d’ elle. « Toutes les femmes en sont là logées, dit-il, dès qu’on leur parle un peu librement, elles s’imaginent qu’on les aime, et qu’on leur parle d’ amour. Hiparque a voulu causer avec vous, suivant la familiarité que nous avons avec lui, et vous avez pris tout de bon ce qu’il vous a dit en causant. – Quand cela serait, répond Eurigène, c’est toujours un mauvais discours pour Hiparque, qui fait profession d’ instruire en la piété, et non pas de causer ; mais je vous prie de croire que ceci passe la raillerie, et que je ne vous dis rien que vous ne puissiez voir quand il vous plaira, afin que vous teniez cette vérité de vos yeux, puisque vous ne la voulez recevoir de vos oreilles. Il ne faut que vous cacher dans une chambre quand il viendra, et il ne viendra que trop tôt : et vous serez témoin de ses actions, et de ses paroles, et jugerez si elles sentent l’ amour, ou la liberté ; et si c’est en se moquant ou par raillerie. »
Licidas voyant que sa femme s’ offrait à lui faire voir ce qu’il ne pouvait croire, ne sut que la prendre au mot. « Mais il faut donc que vous lui promettiez un tel soir, dit-il, je ferai cependant courir le bruit d’ un voyage, on me verra partir de plein jour, et la nuit je rentrerai couvertement dans la ville, et me rendrai dans la maison avant l’heure que vous lui aurez donnée. Au reste, souvenez vous que vous vous êtes engagée à me faire voir une chose, où vous ne pouvez faillir qu’en manquant à la fidélité que vous me devez.

 

(2)

LEONIDE
[…] si je le caresse,
Si d’un espoir flatteur je le puis décevoir,
Il en confessera plus qu’on n’en veut savoir.
Si vous désirez donc aisément le surprendre,
Cachez-vous en un lieu d’où vous puissiez entendre
Ses discours et les miens ; je l’envoierai quérir
Et s’il n’est convaincu, Sire, je veux mourir.

 

LE ROI
Je le veux. Mais, grands dieux ! serait-il bien possible ?

 

LEONIDE
N’en doutez nullement, Sire, il est infaillible.
Cachez-vous là tous deux et ne vous montrez pas.
(V, 6)

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