Rhapsodie

« Je viens de voir, pour mes péchés, cette méchante rhapsodie de L’Ecole des femmes. »
La Critique de L’Ecole des femmes, sc. III

Le terme de « rhapsodie » s’emploie en général de façon péjorative depuis les années 1650, comme l’illustrent l’emploi qui en est fait

– dans le Virgile travesti (1648) de Paul Scarron (1)
– dans les Dissertations chrétiennes et morales (1654) de Balzac (2)
– dans la correspondance de Mme de Sévigné (lettre de 1671) (3)

 

ainsi que la remarque de Boileau, dans ses Réfexions critiques sur quelques passages de Longin (4), qui confirme que le terme est « odieux ».

 

Il désigne un ouvrage cousu à partir de divers autres, comme le rappelle D’Aubignac, dans ses Conjectures académiques ou Dissertation sur l’Iliade [1676, composées sans doute vers 1664] (5).

 

 


 

(1)

La musique qu’on y chanta,
Mille fois mieux s’exécuta
Que cette fade mélodie,
Qu’on pourrait nommer rapsodie
,
Dont nous bercent les deux Campras,
Avec leurs mauvais opéras.
(Scarron, Virgile travesti, 1648, Livre VIII, éd. de 1786, p. 23)

 

(2)

Si j’ étais aussi grand traducteur que mon adversaire, l’Eglise latine et l’Eglise grecque me donneraient à l’envie de quoi le confondre, et je lui pourrais faire un livre de pareilles allégations. Je pourrais le faire fuir au seul nom de mes témoins, et l’accabler de leur multitude. Mais il ne faut pas imiter la rapsodie que nous reprenons.
(Balzac, Dissertations chrétiennes et morales [1654], III, Paris, T. Jolly, 1665, p. 300)

 

(3)

Il vous écrivit l’autre jour une main tout entière de papier. C’était une rapsodie assez bonne ; il nous la lut à Madame de Coulanges et à moi.
(Mme de Sévigné, Recueil de Lettres, 1770, Lettre LII, avril 1671, p. 166)

 

(4)

le mot de rapsodie [est] odieux en français, où il veut dire un amas de méchantes pièces recousues.
(Boileau, Réfexions critiques sur quelques passages de Longin, III, I. Vaillant, 1800, p. 132)

 

(5)

ce terme [de rhapsodie] ne veut dire autre chose qu’un recueil de chansons cousues, un amas de plusieurs pièces auparavant dispersées, et depuis jointes ensemble.
(Abbé d’Aubignac, Conjectures académiques ou Dissertation sur l’Iliade [1676], Paris, Hachette, 1625, I, p. 33)

 

Encore est-ce de là peut-être d’où vient le nom d’Homère, à qui le titre donne cette rhapsodie. Car le compilateur qui n’y mettait rien du sien, ne voulant pas l’intituler de son nom, s’avisa de le nommer la rhapsodie d’Homère, c’est-à-dire le recueil des chansons de l’aveugle, parce que ces pièces étaient communément chantées depuis longtemps par des aveugles aux portes des bourgeois.
(Ibid., p. 38)

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