Le qualificatif, qui trouve son origine dans une épître d’Horace (1), est d’utilisation fréquente.
On le retrouve, par exemple,
– dans la Doctrine curieuse (1624) du Père Garasse (2)
– dans un sonnet du Cabinet satyrique (1634) (3)
– dans un des Dialogues d’Orasius Tubero de La Mothe le Vayer (4)
– dans le traité De la vertu des païens (1647) du même La Mothe le Vayer (5)
– le De vita e moribus Epicuri (1647) de Gassendi (6)
(1)
Me pinguem et nitidum bene curata cute uises,
cum ridere uoles, Epicuri de grege porcum.
(I, 4, v. 15-16)
Alors tu verras comme je serai en bon point avec un teint frais et la charnure délicate, quand tu voudras un peu rire d’un pourceau qui est du nombre de ceux d’Epicure.
(Les Oeuvres d’Horace en latin et en français, trad. M. de Marolles, Paris, 1652-1653, p. 273)
(2)
Pour Epicure, son esprit, sa religion, ses déportements lui ont acquis cette qualité et cette opinion parmi les hommes, que quand on veut parler d’un brutal, on l’appelle épicurien ; ses disciples et sectateurs ont été nommés pourceaux […] et les Grecs, hommes sages voulant qualifier un sot et athéiste, l’ont appelé simplement […], épicurien, esprit de pourceau.
(II, 5, p. 138)
nos épicuriens, qui font état de rimailler et faire des odes impudiques, sont destinés à faire des vers vifs et morts : car quand ils sont dans leur étude, la bouteille d’un côté et l’écritoire de l’autre, pour boire six verres de vin à chaque rime, ils font des vers, quand ils sont dans les tavernes et mangent comme pourceaux.
(VI, 12, p. 743)
(3)
Pourceau le plus cher d’Epicure
Qui contre les lois de nature
Tournez vos pages à l’envers
(Cabinet satyrique, p. 191)
(4)
celle [l’école] d’Epicure nous a donné ses pourceaux voluptueux
(éd. de 1716, p. 162)
(5)
Mais comme je ne voudrais pas nier, qu’il y ait eu beaucoup d’Epicuriens très ignorants, notamment ceux, qui ne songeaient qu’à se vautrer dans toute sorte de voluptés, et qui ont été communément nommés pour ce sujet les pourceaux d’Epicure : je crois aussi, qu’il faut tomber d’accord, que plusieurs de cette Secte n’ont pas vécu de la façon, ni dans cette profonde et honteuse ignorance, qu’on leur a voulu imputer.
(éd. des Oeuvres de 1756, V, 1, p. 266)
(6)
Gassendi prétend que, si Epicure a été traité de pourceau, c’est en raison de la jalousie des autres philosophes :
Nihil attexendum de philosophis, qui Epicurum apud Sanctos Patres et irriserunt et porcum vocarunt, cum manifestissimum sit etiam inter philosophos regnavisse invidiam.
( p. 161)