Plus rien à souhaiter

« Lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour ; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre coeur les charmes attrayants d’une conquête à faire.  »
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 2

Le comportement que vante Don Juan correspond au portrait de l’homme du monde, tel que le propose Bossuet dans le sermon « Sur le mauvais riche » (ou Sur l’impénitence finale »), prononcé lors du Carême du Louvre en 1662 :

Sur ces principes, ô hommes du monde, venez, que je vous raconte votre destinée. Quelque charge que l’on vous donne, quelque établissement que l’on vous assure, jamais vous ne cesserez de prétendre: ce que vous croyez la fin de votre course, quand vous y serez arrivés, vous ouvrira inopinément une nouvelle carrière. La raison, Messieurs, la voici : c’est que votre humeur est toujours la même, et que la facilité se trouve plus grande. Commencer, c’est le grand travail : à mesure que vous avancez, vous avez plus de moyens de vous avancer ; et si vous couriez avec tant d’ardeur lorsqu’il fallait grimper par des précipices, il est hors, de la vraisemblance que vous vous arrêtiez tout à coup quand vous aurez rencontré la plaine. Ainsi tous les présents de la fortune vous seront un engagement pour vous abandonner tout à fait à des prétentions infinies.
[…]
Que dirai-je maintenant, Messieurs, de cette humeur inquiète, curieuse de nouveautés, ennemie du loisir et impatiente du repos? D’où vient qu’elle ne cesse de nous agiter et de nous ôter notre meilleur, en nous engageant d’affaire en affaire, avec un empressement qui ne finit pas? Un principe très véritable, mais mal appliqué, nous jette dans cet embarras : la nature même nous enseigne que la vie est dans l’action. Mais les mondains, toujours dissipés, ne connaissent4 pas l’efficace de cette action paisible et intérieure qui occupe l’âme en elle-même ; ils ne croient pas s’exercer s’ils ne s’agitent, ni se mouvoir s’ils ne font du bruit: de sorte qu’ils mettent la vie dans cette action empressée et tumultueuse.
(Oeuvres oratoires de Bossuet, éd. Labarq, 1922, t. IV, p. 204-205)

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