Par un enlèvement

« – Est-ce être homme d’honneur de former des desseins
Pour m’épouser de force en m’ôtant de vos mains ?
Comme si j’étais fille à supporter la vie
Après qu’on m’aurait fait une telle infamie. »
– Comment ?
– Oui, oui : j’ai su que ce traître d’amant
Parle de m’obtenir par un enlèvement »
L’Ecole des maris, II, 7 (v. 621-626)

L’ « infamie » qui frappe l’enlèvement (ou rapt) est clairement énoncée dans le traité de Benedetti, La Somme des péchés (1587) :

Du Rapt ou Ravissement, espèce de luxure.
Celui qui ravit et prend par force une femme mariée, veuve, fille ou religieuse, et a compagnie d’elle, commet deux péchés : l’un pour le ravissement, et l’autre pour copulation charnelle : soit qu’il ait intention de la prendre en mariage ou non.

 

Quiconque tire par force et violence une femme de la maison de son mari, une veuve de chez elle, une fille de la maison de ses parents, une servante de la maison de son maître ou maîtresse, une religieuse de son monastère, est digne de mort spirituelle et corporelle.
(Benedetti, La Somme des péchés (1587), p. 137)

 

Dans L’Ecole des femmes, Horace précisera bien qu’il n’a pas commis d’enlèvement : « [Agnès] s’est commise à ma foi », dira-t-il.

 

Don Juan, en revanche, a commis un véritable rapt (« enlevée d’un couvent »).

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