Mériter si peu de votre naissance

« Ne rougissez-vous point de mériter si peu votre naissance? Êtes-vous en droit, dites-moi, d’en tirer quelque vanité? Et qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme? Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sorti d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes? Non, non, la naissance n’est rien où la vertu n’est pas. Aussi nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres, qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler, et cet éclat de leurs actions qu’ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leurs vertus, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né, ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage, au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. »
Don Juan ou le Festin de pierre, IV, 4

Les reproches de Don Alvaros, père de Don Juan se fondaient également sur la mise en péril de la lignée :

– dans Le Festin de pierre de Dorimond (1659) (1)
– dans Le Festin de pierre de Villiers (1660) (2)

 

 


 

(1)

Souvenir de mes faits, sortez de ma mémoire,
De quoi vous peut servir qu’on en parle aujourd’hui,
Si vous êtes souillés par le crime d’autrui ?
Je vous ai cru toujours à mes voeux favorables,
Que mon fils serait vôtre, et ses faits déplorables
Font voir que la nature, et le sang, et le sort,
Dans le père et le fils n’ont mis aucun rapport,
Et que souvent l’honneur et la vertu du père
Ne sont pas de l’enfant un bien héréditaire.
(I, 4)

 

(2)

Hélas ! que me sert-il d’avoir porté ma gloire
Aux oreilles des rois et jusque dans l’Histoire,
Si celui qui devait l’accroître et l’éclaircir
L’efface d’un seul trait et s’en va l’obscurcir ?
Las ! il n’est que trop vrai que les vertus des pères
Ne sont pas aux enfants des biens héréditaires,
Et que le soin qu’on prend à les bien élever
Souvent les précipite au lieu de les sauver.
(I, 4)

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