Me voir revivre en d’autres moi-mêmes

« En me mariant, je pourrai me voir revivre en d’autres moi-mêmes; que j’aurai le plaisir de voir des créatures, qui seront sorties de moi; de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d’eau; »
Le Mariage forcé, sc. I

L’idée était formulée par Panurge dans le Tiers Livre de Rabelais (1)

 

Elle avait été discuté par La Mothe le Vayer dans :

– le dialogue « Du Mariage » (Cinq dialogues à l’imitation des Anciens (s. d.) (2)
– le dialogue « De la philosophie » (ibid.) (3)

 

Elle est suffisamment courante pour qu’on la retrouve également dans un traité comme celui De la prudence ou des bonnes règles de la vie, pour l’acquisition, la conservation et l’usage légitime des biens du corps et de la fortune et des biens de l’âme : où l’on voit ce qui est dans la bienséance du monde et ce qui peut rendre un homme accompli (1673) (4)

 

 


 

(1)

Voire, mais, dit Panurge, je n’aurais jamais autrement fils ne filles légitimes, esquels j’eusse espoir mon nom et armes perpétuer, equels je puisse laisser mes héritages et âquets. Si en ferai-je de beaux un de ces matins, n’en doutez, et d’abondant serai grand retireur de rentes, avec lesquels je me puisse ébaudir, quand d’ailleurs serais méhaigné, comme je vois journellement vôtre tout bénin et débonnaire père faire avec vous, et font tous gens de bien en leur sérail, et privé.
(Les Oeuvres de M. François Rabelais, Bruxelles, 1659, Chap. 9, « Comment Panurge se conseille à Pantagruel pour savoir s’il se doit marier », p. 339)

 

(2)

Tout ce qu’Apollodorus nous a dit de plus considérable, c’est qu’en fuyant le mariage, nous renonçons à l’immortalité que semblent donner les enfants avec leur postérité, et que nous voyons être si recherchée dans toute la nature, que jusques aux plantes elles produisent leurs semblables et se perpétuent autant qu’elles peuvent dans leurs rejetons.
(éd. de 1716, p. 460)

 

Aussi ces puissantes considérations contraignirent Platon, tout professeur du célibat qu’il était, de punir d’amende pécuniaire et de quelque note d’infamie ceux de ses citoyens qui ne se marieraient point, parce, dit-il, qu’il y a du crime à se vouloir ainsi priver de l’immortalité que nous pouvons acquérir par le moyen du mariage et des enfants. Quoique, comme a fort bien dit Aristote depuis sur ce sujet, si nous n’y cherchions autre chose, nous n’y aurions aussi aucun avantage sur le reste des animaux, qui y trouvent cette perpétuité de lignée aussi bien comme nous, les plantes mêmes ayant une pareille faculté de produire leurs semblables.
( p. 371)

 

(3)

Voyons donc quelle est l’intention du père, quand il se porte à la génération : bons dieux ! qui est celui qui pense ailleurs qu’à sa volupté, à sfogliar la voglia, et à contenter cet appétit naturel ? ou, s’il a quelque autre imagination, n’est-ce pas d’assurer sa famille, de perpétuer son nom, et de mettre ses intérêts à couvert ?
(p. 52-3)

 

(4)

Etant heureux en mariage et en femme, on souhaite de l’être encore en enfants, puisque l’on en se marie que pour en avoir. C’est une des plus fortes passions de l’homme de désirer voir des images de soi-même qu’il puisse laisser à la postérité. Il y en a qui prétendent s’immortaliser en bâtissant des palais de pierre et de marbre; les autres ont plus de raison de vouloir éterniser leur mémoire en mettant au monde des édifices vivants, qui soient leur représentation après leur mort.
( p. 245)

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