Le proverbe, qui figure à la première page du recueil de Lagniet (1663), sera choisi comme exemple d’expression bouregeoise dans le dialogue Du bon et du mauvais usage dans les manières de s’exprimer (1692) de Callières :
Un homme du monde qui a l’esprit délicat ne se sert jamais de ces lieux communs qui, d’indifférents qu’ils étaient d’abord, sont devenus mauvais par le trop fréquent usage qu’on en a fait, et c’est ce qui a décrié la plupart des proverbes, quoiqu’il y en ait quantité qui contiennent des maximes pleines de sens et des discours sententieux. Cependant il n’y a presque plus que les gens du commun qui les emploient fréquemment dans leurs discours; ou si quelque homme du monde s’avise encore de les mettre en oeuvre, il se singularise en cela d’une manière qui lui est désavantageuse.
Je trouvay il y a quelques jours, poursuit le commandeur, un homme de la ville à qui je ne dis pas un mot qu’il n’y répondît par une salve de proverbes. Je luy parlai de quelque perte qu’il avait faite, il me dit d’abord: « Marchand qui perd ne peut rire ».
( p. 115-116)