Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1673

Table des matières

Cette page constitue une des composantes de la documentation sur LES SPECTACLES ET LA VIE DE COUR SELON LES GAZETIERS (1659-1674)

Lettre du 7 janvier 1673, par Robinet.

 

-Début d’année oblige, la première lettre de 1673 comporte un éloge particulièrement long :

Prince, qui portez le Nom
D’un grand Apôtre, trouvez bon
Que, dans la présente Préface,
Comme un Mémorial je fasse
De tous les Dons qu’en l’An nouvel,
J’ai reçu de Telle, et de Tel,
Id est, de Princes, et Princesses,
De Ducs, et Pais, et de Duchesses,
De Comtesses, Comtes, Marquis,
Et d’autres d’un Rang moins exquis,
Mais non pas Personnes moins chères,
En leurs différents Caractères
Comme sont d’aimables Objets,
Dont force Coeurs sont les Sujets.
Comme sont Bourgeois, Moines, Nonnes,
Dont plusieurs sont saintes Personnes.
Comme sont, encor, maints Docteurs,
Maints Poètes, maints Orateurs.
Comme sont, brefs, Gens de Théâtre
Dont tant de Monde est idolâtre.

 

Car voilà, je pense, tous ceux,
Qui m’ont régalé de leur mieux,
Si je n’ajoute au Catalogue
Que j’étal dans ce Prologue,
Quelques Gens de Musique, aussi,
Et, de tous, les Présents voici.

 

Les Premiers, comme les plus riches,
(Quoi que, quelque fois, des plus chiches)
M’en ont tiré de leur Trésor,
En suivant la Règle Hic dat or.

 

Les Seconds, qui sont quelques Belles,
Que je vois, parfois, aux Prunelles,
M’ont régalé de leurs Bonbons,
Que j’aime mieux que des Jambons,
Et même, de Saluts honnêtes,
Me faisant caresses, fête.

 

Des autres du troisième Rang,
J’ai reçu, pour le dire franc,
Plusieurs Bouteilles bien coiffées,
De différents Vins étoffées,
Dont j’ai fait crier, comme on doit,
Ces deux derniers soirs, le Roi boit.

 

Item, Andouilles, et Fromages,
Bien dignes d’avoir les hommages
Des Gosiers, et des Intestins,
Qui s’en font de charmants Festins.

 

Item, de très pieux Régales,
Comme d’Agnus-Dei, Médalles,
D’Images, et de Chapelets,
Et pareils dévôts Affiquets.

 

Les Donneurs du quatrième Ordre,
Où, fort, souvent, l’on trouve à mordre,
Quoi que bien secs soient leurs beaux Mets,
M’ont régalé, je vous promets,
De Vers, de Prose, et de Harangues,
Du moins, en deux sortes de Langues.

 

Ceux du Théâtre, m’ont permis
De voir, tant moi, que mes Amis,
Gratis, s’entend, leurs Comédies,
Qu’accompagnent les Mélodies.

 

En un mot, les Gens musicaux,
La plupart amateurs des Pots,
M’ont, de libérale manière,
Fait, de Tons, largesse plénière.

 

Or je rends, à tous, de ces Dons,
Des Grâces, mille millions :
Et conjure les Destinées,
Qu’encor, ainsi, dans trente Années,
Nous puissions, eux, me régaler,
Et moi, les en congratuler.

 

Surtout, je fais, avec liesse,
Ces Souhaits pour une Comtesse
De qui, les beaux et blonds Cheveux,
La belle Bouche, et les beaux Yeux,
Les beaux Bras, et les Mains d’albâtre,
Et la Gorge qu’on idolâtre,
Sont autant de Sources d’Appas,
Que plusieurs Comtesses n’ont pas :
Et qui, par-dessus tant de charmes,
Dont maint Coeur ressent les alarmes,
A les Dons de l’Intérieur,
Répondant à l’Extérieur,
Si bien que c’est une Merveille
Laquelle, à peine, à sa Pareille,
Et si je dis COMINGE, enfin,
Vous le croirez, pour le certain.

 

Mais nouvellisons, vite, vite,
Je m’enferme exprès, en mon Gîte,
Ah ! ma Plume, allons au galop,
Car, ma foi, j’ai préludé, trop.

 

-Les troubles dans la Hollande ne se sont malheureusement pas terminés avec l’année 1672. Ainsi :

Ils sont fort camus à la Haie,
De la belle et plaisante Baie
De Messieurs d’Orange et Marcin :
Car ils croyaient, à la parfin,
Tenir Charleroi dans leur Manche,
Et, de la sorte, avoir revanche
De tous leurs fâcheux désarrois.
Mais bon ! pour eux, des Charlerois !

 

Ah ! oui, c’est, pour eux, qu’on les garde.
Mais comme Diantre, on y canarde !
Les Espagnols, les Orangeois,
Ou, si vous voulez, Hollandais,
En peuvent dire des Nouvelles :
Mais, en voici de bien plus belles.

 

-Le détail des menées ennemies est alors donné :

Ils voulaient prendre Charleroi,
Qu’ils n’ont pas pris, non bonne fois,
Mais l’un de nos Guerriers, très Brave,
Leur voulait prendre Bodengrave,
Et l’on dit qu’il l’a pris, aussi,
On vient de me le dire, ainsi.
Et que le Vainqueur si brave Homme,
Le Duc de Luxembourg, se nomme.
On doit, donc, s’en étonner peu,
Car on sait comme il joue beau Jeu :
Et Voërden vous peut répondre
Qu’il peut, comme il le veut, confondre
Les Ennemis, en tous Exploits,
O Ciel ! les pauvres Hollandais !

 

Voilà, donc, le Prince d’Orange,
Par un malheur, vraiment, étrange,
De son Camp, je crois, déniché,
Où, toujours, il était fiché :
Et, dedans lequel, pour sa Gloire,
Et mériter place en l’Histoire,
Il a résolu les hauts Faits
Qu’on voit, maintenant, qu’il a faits.

 

Mais, ô bons Dieux ! quelle disgrâce !
On assure que cette Place,
Avait tout, et plus qu’il ne faut,
Pour se défendre en tout Assaut.
Car, outre mainte, et mainte Digue,
Qui fait, aux plus hardis, la Figue,
Elle avait l’Abri de trois Forts,
Contre les plus ardents efforts.
Elle avait Portes, et Murailles.
Elle avait Glacis, et Tenailles,
Bref, elle avait… que sais-je moi.
Car, pour le mettre en bon arroi,
Depuis six mois, et davantage,
On ajustait ce Bodengrave.

 

Mais tant ce Lieu que les trois Forts,
Ont été pris par les plus forts,
Et deux autres Postes, encores ;
Quatre mille Hommes, ou Pécores,
Ayant été par nos Guerriers,
Tant Tués, que faits Prisonniers,
Et vingt Canons pris de bon compte,
Douze desquels étaient de Fonte.

 

O Ciel ! les pauvres Hollandais !
Les voilà cuits à cette fois.

 

-Et encore :

Ceux de Leyden, et de la Haye,
Ont tremblé, la Chose est très vraie,
Et croyaient voir, dans leur Faubourg,
Notre illustre de Luxembourg :
Qui les tenait au Cul, aux Chausses,
(Oui, ces Choses ne sont point fausses)
Si le Vent se radoucissant,
Et les Glaces ramollissant,
N’eût, comme jaloux de sa Gloire,
Arrêté sa noble Victoire.

 

Mais ce qui n’est que différé,
N’est pas perdu, cas assuré.

 

Cependant, ces deux pauvres Villes,
Pour conserver leurs Domiciles,
Font, tout de leur mieux, ce dit-on :
Et font armer jusqu’au Menton,
Tout leurs plus vaillants Militaires,
Comme Avocats, Huissiers, Notaires,
Et d’autres telles belles Gens,
Qui, de Thémis, sont les Agents,
De tous Bois, faisant, ainsi, flèche,
Dans le malheur qui les ébrèche.

 

O Ciel ! les pauvres Hollandais !
Les beaux Soldats sous le Harnois,
Qu’ils s’en vont faire de Merveilles
Lesquelles seront sans pareilles !

 

-Robinet se fend alors d’un avertissement aux hommes de l’empereur :

Ne venez point Impériaux,
Brandebourgeois, si martiaux,
Ne bougez point grandes Militaires,
Car vous n’êtes point nécessaires
A Gens qui sont si hasardeux,
Et qui, pour vaincre, ont assez d’Eux.

 

Mais quoi ? vous n’avez pas trop hâte,
Et, sans que le pouls je vous tâte,
Je crois mon Conseil superflu.
Hé ! quoi, vraiment, n’ai-je pas su
Que vous retournez en arrière,
A faute d’audace guerrière,
Après avoir reçu, pourtant,
Cent quarante mil Ecus comptant,
Qu’au Baron d’Isola, naguère,
On paya de belle manière.
Et moyennant quoi ce Baron
Promit et jura tout de bon,
Que vous alliez, en diligence,
Faire des Exploits d’importance.

 

O Ciel ! les pauvres Hollandais !
Ha ! qu’il sont Dupes, cette fois !
Mais assez long et leur Chapitre,
Clion, poursuivons notre Epître,
Sur quelques autres Nouveautés :
Car il faut des Diversités
Pour délecter le Lecteur nôtre,
Passant d’une matière, à l’autre.

 

-Louis XIV revient précisément de la Hollande. Ainsi :

Notre Auguste, toujours, Vainqueur,
Que chacun adore en son coeur,
Ainsi qu’un Roi digne d’hommage,
Revint de son petit Voyage,
Avec toute sa Cour, Lundi,
A quatre heures après midi :
Ayant, avecque sa Fortune,
A tous ses Desseins, opportune,
Fait avorter, ainsi qu’on sait,
Des Hollandais, le grand Projet,
Et, même, enjoint à la Victoire,
D’aller, pour augmenter sa Gloire,
Dedans le Belgique Séjour,
Joindre le Duc de Luxembourg.

 

-Quant au Dauphin, il est allé au-devant de son noble père pour l’accueillir :

Notre Dauphin incomparable,
Autant que l’Amour, même, aimable,
Fut, une lieue, en noble arroi,
Au devant de ce brillant Roi,
Et, pareillement, de la Reine,
Qui, certe [sic], avec liesse pleine,
Embrassèrent ce charmant Fils,
Des mieux nés, et des mieux, instruits.

 

-Et enfin Monsieur et sa femme n’ont pas agi différemment :

Monsieur, tout de même, et Madame,
Si bien unis de Corps, et d’Âme,
Furent trouver ces Majestés,
Sources de nos Félicités :
Et ce fut, entre eux, une joie
La plus complète que l’on voie.

 

-La compagnie a ensuite poussé jusqu’à Saint-Germain :

Tous ces Royaux Individus,
A Saint-Germain, se sont rendus,
Leur ordinaire Domicile :
Où tous les Corps de cette Ville,
Ont été solennellement,
Et très respectueusement,
Rendre leurs Devoir au Grand-SIRE,
Ce qui s’entend bien, sans le dire.

 

-Ont suivies les festivités du nouvel An :

Dimanche, premier Jour de l’An,
Avecque maint dévot élan,
De Monsieur, la Royale Altesse,
Aux Quinze-vingts, ouït la Messe :
Et ce Prince, le même Jour,
Lors, suivi de toute sa Cour,
Fut entendre, avecque Madame,
Brillante comme une Oriflamme,
Un Sermon, dedans Saint-Louis,
Des plus doctes qu’on ait ouïs,
Et qui fut du Père Verville,
Qui, ce dit-on, prêche en beau Style.

 

-Robinet a, pour sa part, fêté la chose aux Feuillants :

Pour moi, j’en ouïs aux Feuillants,
Un en termes des plus coulants,
Et, même, des plus énergiques,
Plus touchant, et plus pathétiques,
De Dom-Hierôme, assez connu,
Pour être, en Sermons, fort congrus.

 

-L’occasion pour lui de mentionner un prédicateur dont les talents oratoires sont fameux :

Comme ce Couvent est fertile,
En bon Prêcheurs de l’Évangile,
Un autre nommé Dom Martin,
Qui sait l’Hébreu, Grec, et Latin,
Et, de plus, sans vous mentir mie,
Est Lecteur en Théologie,
Prêchait aux Quinze-vingts, l’Avant,
Et je fus l’entendre souvent.

 

-Et encore un autre :

Pendant le même Avant, encore,
Un Père que, beaucoup, j’honore,
Pour son Mérite non tel quel,
Savoir le Père du Castel,
L’un des Prêtres de l’Oratoire,
Me voyait dans son Auditoire :
Et j’ose bien, sans le flatter,
Dire à tous, et le protester,
Que ses Sermons étaient des Pièces
Si pleines de délicatesses,
Que les Plans en étaient si beaux,
Si bien remplis, et si nouveaux,
Que la Morale, et la Doctrine,
En était si forte, et si fine,
Et que tous les termes choisis,
En étaient, enfin, si polis,
Qu’ils étaient dignes, pour sa Gloire,
Certe, du plus grand auditoire.

 

-Jacques Rohault, né vers 1618, vient de rendre l’âme. Son Traité de physique et ses Entretiens sur la philosophie avaient connu leur première édition en 1671.

Je devais d’un illustre Mort, [Mr Rohault]
Qui vit trop tôt finir son Sort,
Ajouter, ici, l’Épitaphe,
En style d’Historiographe :
Mais, mon Papier est plus que plein,
Ce sera pour le Jour prochain.

 

 

Lettre du 4 février 1673, par Robinet.

 

-De cette lettre nous ne possédons que cet extrait présenté comme «au sujet de la Suite du Festin de pierre” par Gueullette dans le premier volume de son Histoire du théâtre italien” :

La comédie où je prétends
M’aller ébaudir quelque temps
Est si l’on voudrait s’en enquerre
La Suite du festin de Pierre
Que messieurs les Ausoniens
Alias, les Italiens
Dont nous aimons le jeu folâtre
Représentent sur leur Théâtre
L’argument en est en deux mots ;
Certain scélérat de héros
Bâtard et parfaite copie
De ce Don Juan d’une âme impie
Qu’en autre tragédie on voit
Périr ainsi qu’il le devait
Et même dedans cette suite
Meurt aussi selon son mérite
Ce fils plus scélérat encor
Qui prend un Insolent essort
Dans toutes les sortes de vices
Qui de ses sens font les délices
Car l’assassinat, et le dol
L’enlèvement, et le viol
L’infidélité, le blasphème
Contre la divinité même
Sont les jeux de ce garnements
Lequel enfin pour châtiment
Est enfoncé d’un coup de foudre
Dans les enfers et mis en poudre
Or ce sujet triste de soi,
Est propre à donner de l’effroi
Par sa catastrophe tragique
Paraît néanmoins si comique
Qu’on y rit d’un à l’autre bout,
Et cela veut dire partout
Selon les charmantes manières
D’égayer de telles matières
Propres certe, à ces seuls chrétiens
A ces rares Comédiens
Qui feraient, même, un Caton rire
C’est une chose qu’on peut dire
Dans les plus lugubres sujets
Tournés dans leur rôles follets
D’ailleurs dans cette tragédie
Ou plutôt pure Comédie
Beaucoup de spectacle l’on a
Maintes machines l’on voit là
On a de plus bonne musique
Dont Cambert, ce scientifique
Est le compositeur charmant
Et qu’on admire incessamment
Illec, une Sirène aimable
Et dont la voix est admirable
Chante à ravir deux ou trois airs
Accompagnés de doux concerts,
Item un baladin y danse
Lequel est un démon, je pense,
Vu l’air dont il tourne son corps
Pour les sauts, de tous bons accords
Scaramouche avec sa guitare
N’y fait rien vraiment que de rare ;
Arlequin là, facétieux
Autant qu’autre part sérieux
S’y surpasse en ses gentillesses
Qui font nos plus chères liesses
Et pour conclure enfin Lecteurs
En général tous les acteurs
Tant les sérieux que comiques
Plusieurs en habits magnifiques
S’y signalent comme à l’Envi
Et certainement je le dis,
Car j’ai la pièce déjà vue
Qui par moi doit être revue.

 

 

Lettre du 11 février 1673, par Robinet.

 

-La période du carnaval a débuté.

Qu’aujourd’hui, la Débauche entraîne,
Presque, toute la Race humaine,
Que les Bals, Momons, et Festins
Si bons amis des Intestins,
Occupent l’un et l’autre Sexe,
Moi seul, Mortel d’une autre espèce,
Et, comme un Hermite, enfermé,
Très reclus, et très réformé,
De tous ces Plaisirs, je me prive :
Et, sans cesse, il faut que j’écrive,
Pour pouvoir remettre, demain,
À MONSIEUR, en sa propre Main,
Notre Épitre, en Vers, ordinaire,
oeuvre non faite, mais à faire.

 

Or, je ne sais pas si Clion
Sera de même intention,
Et si cette Coadjutrice
N’aura point chaussé son Caprice.
Car elle est quinteuse, parfois,
Et quand je veux jouer des doigts,
Il se trouve que, par manie,
Elle abandonne mon Génie.
À tout hasard, sans délayer,
Je vais ma Lettre initier.

 

-Robinet annonce la narration d’une historiette qui rappelle par certains aspects les histoires tragique du début du siècle.

Le Masque qui, dans sa furie,
Déconcerta la Masquerie [sic],
Au Bal dont je vous ai parlé,
Par lui, maussadement, troublé,
Était un amoureux Fantôme,
Ou bien l’Âme d’un Défunt Homme,
Nommé je ne sais pas comment,
Qui, de son vivant, fut Amant
De la Masque que j’ai marquée,
Qui là, par lui, fut attaquée.

 

Or, ce dit l’Histoire, on a su
Que s’étant, ailleurs, apparu,
Déjà plusieurs fois, à la Belle,
Il avait tiré serment d’Elle,
De ne voir jamais, le beau Fieux
Qui lors, lui faisait les doux yeux,
Le seul pour qui la Jalousie
S’était de son Âme, saisie :
Et qu’au serment, ayant manqué
Il s’était tout exprès, masqué,
Pour revenir de l’autre Vie,
Lui reprocher sa perfidie.

 

L’effet de cette Vision
Est tel, au reste, ce dit-on,
Que nos Amants d’humeur craintive,
Appréhendant la récidive,
Ont résolu bien sagement,
Non sans regrets, certainement,
Pour, au Fantôme amoureux, plaire,
Et pour éviter sa Colère,
De ne jamais, se visiter,
Et, pour le mieux exécuter,
De faire une Retraite austère
Chacun dedans un Monastère.

 

De ceci, le Lecteur croira
Tant et si peu qu’il lui plaira
Et rien du tout s’il ne veut, même,
Sans qu’aucunement, je m’en chème,
Je passe à l’Article suivant,
Que j’ai su d’un Esprit savant.

 

-La voici :

Certain Époux, visionnaire,
Cocu, dit-on, imaginaire,
Id est, lequel se croyait tel,
Ayant en tête, un grand martel,
Résolut, dans sa jalousie,
Cent fois pire que frénésie,
De s’en venger d’une façon,
Dont j’ai d’horreur, un gros frisson.

 

Je sais qu’étant fort en colère,
On peut dire à son Adversaire,
» Je te romprai Jambes, et Bras,
Mais on ne l’exécute pas.

 

Or celui-ci, dont la mémoire
Fera l’horreur de notre Histoire,
Par sa jalousie, emporté,
L’a follement, exécuté,
En la Personne de sa Femme,
Sans considérer le diffame
Qu’il s’allait par là, procurer.
Comme le Cas peur l’avérer.

 

Il lui brisa, de coups de Barre,
(Peut-on rien voir de plus barbare)
Des Bras et des Jambes, les Os,
Et toute l’Épine du Dos :
Et la Pauvrette, de la sorte,
Étant très cruellement morte,
Fut sans bruit, mise au Monument.

 

Mais comme on sut l’Événement,
Tout, au même instant, la Justice
Qui n’est point aux Méchants, propice,
Se transporta dessus le Lieu :
Et dedans la Maison de Dieu,
Où la Défunte était gisante,
Fit soigneusement, sa Descente.

 

On tira le Corps du Tombeau,
Qui, bien loin, alors, d’être beau,
Parut horrible en ce Désastre,
Où, grâces à son mauvais Astre,
L’avait réduit l’indigne Époux :
Lequel, craignant de pareil coups,
Par d’équitables Représailles,
A, par des Bois, et des Broussailles,
Pris la fuite, diligemment,
Sans que l’on sache où, nullement.

 

Voyez quelle étrange furie,
Et quelle étrange barbarie.

 

Vraiment, l’Esprit dont j’ai parlé,
Quoi qu’il fût, de même, affolé,
A de façon bien moins cruelle,
Traité son Amante rebelle.

 

Las ! quand (ce que l’on ne sait pas)
Cette Femme eût pris ses Ébats,
Fallait-il, Lecteur bénévole,
D’un Carnifex, jouer le Rôle ?
Si tous les Cocus, en courroux,
Devaient donner de pareils coups,
On verrait des Villes entières,
Devenir de grands Cimetières :
Et telle n’y suffirait pas,
Puis, où prendrait-on des Soldats,
Car Mars, et Vénus, dans la France,
Ont toujours en grande accointance ?

 

Ah ! que Bourgeois, et Cavalier,
Soit plus docile au doux Métier,
A présent, si fort un usage,
C’est à savoir le Cocuage.

 

Mais laissons les tristes narrés
En ces jours qui sont consacrés
À l’allégresse toute entière,
Et prenons une autre Matière
Qui soit plus digne des Jours Gras
Où l’on vide maint hypocras.

 

-Suit une autre historiette, plus courte et plus risible que la précédente :

Naguère, en un certain Régale,
Où régnait l’humeur joviale,
Entre plusieurs fort bons Vivants,
Très bien mangeant, très bien buvant,
Tant de l’un que de l’autre Sexe,
Et de tout rang, et toute espèce,
Un assez jeune Pinpreneau [sic],
Ayant, non de jus de pruneau,
Mais bien de celui de la Treille,
Imbibé sa tête, à merveille,
Comme l’Amour naît de Bacchus,
Il s’échauffa tant que rien plus,
Dans son harnois, pour une Belle
Qui lui jouait de la Prunelle,
Et qui, fort guillerette, aussi,
Semblait répondre à son souci.

 

Il prit, donc, si bien feu pour elle,
Qu’ayant l’aveu de la Pucelle,
Ils poussèrent fort diligemment
Leur amour jusqu’au Sacrement :
Et comme un Écrit le témoigne,
Ils furent si vite, en besogne,
Que huit jour après, bien et beau,
Étant à quelque autre Cadeau,
Que, suivant d’aujourd’hui, l’usage,
On donnait dans le Voisinage,
L’Épouse tout juste, au Dessert,
Où le Fruit d’ordinaire, on sert,
Servit, sans grand cérémonie,
Devant toute la Compagnie,
Un fort beau Plat de bon Chrétien.
Sans m’expliquer, on m’entend bien,
Et laissant, au Lecteur, la glose,
Je m’en vais parler d’autre chose.

 

-Retour à la question de Hollande :

Les Hollandais, sur terre, et mer,
Se proposent de bien armer,
Afin d’être en bonne Défense,
Contre l’Angleterre, et la France.
Mais, dans un si vaste Projet,
S’ils supputent, avec le Jet,
Des soixante, et des cent mille hommes,
Et, pour les frais, d’immenses Sommes,
Hélas ! en fermant le papier,
Milice, Argent, tout est en l’air,
Ils n’ont rien que d’imaginaire,
Et ce qu’à peine, on pourra craire [sic],
Tel est leur malheureux Destin, [C’est le Nom d’un Colonel qu’ils ont fait mourir.]
Qu’ils se trouvent sans Pain et Vin.

 

-Le Pape Clément X a décoré Rospigliosi :

Clément Dixième, Grand Pontife,
Lequel ne fait rien d’apocryphe,
A, du bel Ordre Purpurin,
Fait Rospigliose [sic], à la fin,
Par justice, et reconnaissance,
Et la joie en est jusqu’en France.

 

-Des nouvelles du dauphin :

Notre beau Dauphin, sans égal,
Donna, l’autre jour, un grand Bal,
Et tout alla, certe, à merveille,
Dans cette Fête nonpareille.
Nos visible Divinités,
À savoir nos deux Majestés,
Y parurent fort décorées,
Ou si vous voulez, fort parées.
Monsieur avec Madame, aussi,
L’était non pas, coussi, coussi,
Et tous les Seigneurs, et les Dames,
Y jetaient, vraiment, feux, et flammes,
Par le nombre de Diamants
Qui brillaient sur leurs Vêtements.

 

Mais rien ne parut comparable
À ce Dauphin, presque adorable,
Non plus qu’à Mademoiselle, encor,
Et tous deux, prenant là, l’essor,
Pour ouvrir ce beau Bal, ensemble,
Comme, en eux, la Nature assemble,
Tout ce qu’on les vrais Demi-Dieux,
Ils enchantèrent tous les yeux,
À chacun des Pas qu’ils tracèrent :
Bref, de l’air que tous deux dansèrent,
On crut voir danser, en ce jour,
Une Grâce, avec un Amour.
La Collation, fut au reste,
Et sûrement, je vous l’atteste,
Servie avec des agréments
Si ravissants, et si charmants,
Que quand c’eût été dans l’Olympe,
Ce m’a dit une belle Olympe,
On n’aurait pu rien voir de mieux,
À la propre Table des Dieux.

 

-Comme à son habitude dans ce genre de situation, Robinet ne tarit pas d’éloge pour les harangueurs éloquents. Ainsi :

Le joli Faiseur de harangue
De qui l’on admire la Langue,
Thévart qu’on appelle en ce jour,
Le jeune Orateur de la Cour,
En a fait, naguère, encor, une,
Avec sa grâce non commune,
Tant au Monarque, qu’à Monsieur,
Qui l’écoutèrent de bon coeur.

 

Par cette harangue nouvelle,
Tout à fait gracieuse et belle,
Du moins on m’a mandé cela,
Il présentait, de son Papa,
Derechef, l’agréable Muse,
Qui, parfois, noblement l’amuse,
Tant en Français, comme en Latin,
Étant Poète, et Médecin.

 

Elle avait alors, pris pour Thème,
Ce Bâtiment d’éclat suprême,
Ce grand et superbe Hôpital [l’Hôtel des Invalides.]
Aussi beau qu’un Palais Royal :
Où notre incomparable Sire,
Par un louable soin, désir
Que ses Soldats estropiés,
En petits Princes, soient logés.

 

Or je m’en vais, sur ce Chapitre,
Finir, et dater mon Épitre :
Et sans ici, me fourvoyer,
Elle est de l’onze février.

 

APOSTILLE.

 

Aux Gens tristes, par Apostille,
Je donne cet Avis utile,
Savoir, pour chasser leur Démon
Qui Chagrin s’appelle en son Nom,
Qu’ils n’ont qu’à prendre une Recette
Qu’où la Marge indique, on achète,
Qui met ce Démon au Cercueil, [chez Pierre Promé, sur le quai des Augustins.]
Cette Recette a nom le Deuil,
Mais, comment (me pourra-t-on dire,
Voulant, en faut, sur ce, s’inscrire)
Le Deuil guérit-il le chagrin !
Rien, néanmoins, n’est plus certain,
C’est un Remède sans reproche,
Que, depuis peu, de Hauteroche,
Prépara si bien, à l’Hôtel, [De Bourgogne]
Qu’il y fit rire tout Mortel.

 

C’est sa petite Comédie,
S’il faut qu’ici, je vous le die,
Qu’il plût à tant de Spectateurs,
Qui peuvent s’en rendre Lecteurs,
L’allant prendre chez le Libraire.

 

Hé bien ne me faut-il pas croire,
Mélancolique allez donc,
Acheter ledit Deuil, joyeux s’il en fut onc.

 

 

Lettre du 18 février 1673, par Robinet.

 

-S’il parlait de débauche dans sa lettre précédente, au sujet de la période du carnaval, L’arrivée du Carême ne semble pas pour autant réjouir notre gazetier :

Voici grand changement de Scène.
Ce n’est plus vraiment, Mardi gras
Où l’on avalait l’Hypocras
Tout ainsi que l’eau de la Seine.
Las ! c’est le Mercredi cendreux,
Et les Quarante jour affreux
De Diète, et de Pénitence :
Jours, dis-je, de maigre repas,
Où faute de grasse Pitance,
Maintes Phylis perdront leurs plus vermeils Appas.

 

Car, comme dit très bien l’Adabe
C’est la Chair qui nourrit la Chair,
Et l’Embonpoint qui leur est cher,
Du Poisson redoute l’usage,
Mais Ciel ! que dis-je ? ces Philys
Aux Teints de roses, et de lys,
Sauront bien y pourvoir, je pense :
Et tant Elles que d’autres Gens,
Savent bien comme on se dispense
De jeûner en Carême ainsi qu’aux Quatre-Temps.

 

Mais ce n’est pas là mon affaire,
Je sais, Moi, qu’en toute Saison,
Soit qu’on mange Chair ou Poisson,
Je dois une Missive faire.

 

Je vais, donc, sans me détraquer,
A cet Ouvrage, m’appliquer
Le reste de cette journée.
Vitre, Fauteuil, Table, Encrier,
Et bon feu dans ma cheminée,
Car on souffle en ses doigts, éloigné du Foyer.

 

-La fête a duré jusqu’au bout et tous ont profité des plaisirs jusqu’au dernier moment :

A Paris, les Carnavalistes ,
Gens bien opposés aux Gens tristes,
Ont, pendant les trois derniers jours,
Qui leur semblaient, je crois, trop courts,
Joué, comme il faut, de leur reste :
Et l’on peut dire, sans conteste,
Que, depuis longtemps, Carnaval
Ne s’était vu si jovial,
Et si fécond en Bals, et Masques,
Sans, pourtant, ni noises, ni frasques,
Fort ordinaires en tels Cas,
Ou, du moins, je ne les sais pas.

 

Je n’en sais qu’une Historiette,
Laquelle est assez joliette,
Pour avoir quelque place ici,
Et, pour mon Début, la voici.

 

D’un desdit Bals, la Souveraine,
C’est-à-dire, autrement, la Reine,
Découvrant un Teint jeune, et frais,
Et je ne sais combien d’attraits,
Parut si charmante et si belle,
Qu’elle rendit très coiffés d’Elle,
Pour le moins douze Jouvenceaux,
Aussi des mieux faits et plus beaux.

 

Chacun s’en faisant sa Maîtresse,
Dans son coeur rempli de tendresse,
En poussait un gros de soupirs,
Témoins de ses ardents désirs.

 

L’un, l’allant prendre pour la Danse,
Disait, marmottant en cadence,
O les beaux Yeux, ô les beaux Yeux !
Ils pourraient enchanter les Dieux.

 

L’autre, Que sa Bouche est vermeille,
Elle est, sans doute, nonpareille.
Celui-ci, Quel Teint fut jamais,
Plus uni, plus vif, et plus frais ?
Celui-là, Dieux ! la belle Tête,
O d’Amour, la digne conquête !

 

L’un, Las, hélas ! qu’il serait doux,
D’être d’un tel Objet, l’Époux !

 

L’autre, Quel plaisir, quelle fête,
Avec elle, en un tête tête !
Celui-ci, Quels charmants transports,
De la pouvoir saisir au Corps !
Celui-là, Je brûle pour elle.

 

Ainsi, chacun d’eux, dans son zèle,
Aux oreilles, lui raisonnait,
Lorsqu’à son tour, il la menait,
Et, de ses yeux, au fond de l’Âme,
Ressentait la brûlante flamme.

 

Or, cette belle Reine-là
Ayant entendu tout cela,
En souriant, mit bas ses jupes :
Et, ces douze amoureuses Dupes
De ses Appas crus féminins,
Lesquels leur semblaient si bénins.
Ces douze Amants transi, vous dis-je,
Dont les Noms de taire on m’oblige,
Virent, non sans être penauds,
Et, même, traités de Nigauds,
Que ce doux et charmant visage
Était celui d’un jeune Page
Que l’on avait fait aviser
D’exprès, ainsi, se déguiser,
Afin de se donner carrière
De quoi l’on eut belle matière.

 

-Robinet semble, pas plus que les autres, n’avoir envie de quitter l’ambiance festive du carnaval puisqu’il nous gratifie du récit supplémentaire d’un autre bal. Ainsi :

Comme j’achevais ce Narré,
Quelqu’un dans ma chambre, est entré,
Qui, de deux Bals, m’a fait le Conte
Qui faut bien que je le raconte !
Et tout de suite, le voici,
Mais seulement, en raccourci.

 

Un gros Bourgeois de cette Ville,
Donnant Bal dans son Domicile,
Avec de superbes Apprêts,
Sans avoir nul égard aux frais,
D’un de ses Voisin, la Consorte,
Qui l’avoisinait, porte à porte,
Pria son Époux d’agréer
Qu’elle pût s’aller récréer
A voir le soir, cette Assemblée,
De belles Gens, dit-on, comblée.

 

Mais (je ne sais par quel motif)
Le Donnant Bal parut rétif
Sur un Compliment bien honnête
Qu’on lui fit touchant la Requête
De sa Voisine, pour aller
Dedans son Hôtel, voir baller,
Et refusa tout net, la chose,
Répondant, sans prolixe Glose,
Qu’on n’entrerait que par Billet,
Et que son nombre était complet.

 

Ce refus paressant fort aigre
A son Voisin d’humeur allègre,
Qui le reçut comme un affront,
Il résolut en homme prompte,
De s’en venger de gaie sorte,
Et voici comme on le rapporte.

 

La Disposition des Lieux,
Voulant, pour l’exécuter mieux,
Qu’il eût une grand’Chambre, ou Salle,
Au-dessus de celle où l’on balle,
Ou du moins, où l’on doit baller,
Il y fait, le soir, assembler,
Sans beaucoup de frais, ni d’étude,
De Chauffe Sabots, multitude,
Avec force Joueurs de Cor :
Et tous ces Gens étant d’accord,
Firent un Contre-Bal semblable
A celui qu’aurait fait le Diable :
Lequel de l’autre, entièrement,
Vous déconcerte l’agrément,
Et fait rompre, enfin, l’Assemblée,
Par tel Charivari, troublée.
L’Offenseur va chez l’Offensé
Que son refus a courroucé,
Pour l’adoucir par quelque excuse :
Mais quoi ! l’entrée on lui refuse,
On lui demande son Billet,
Disant que le nombre est complet :
Si bien qu’il est, par cette Voie,
Payé de semblable Monnaie,
Qu’il avait payé son Voisin,
Et de ces Bals, ce fut la fin.

 

-A Saint-Germain, la cour a suivi l’ambiance de la période :

La Cour, à Saint Germain en Laye,
Continuant d’être fort gaie,
Se divertit en ces jours gras,
Entre autres gracieux Ébats,
A celui de la Comédie :
Et vit, dit-on, la Tragédie
Du Roi Mithridate ayant nom,
Qui se nourrissait de Poison,
Dans lequel poétique Régale,
L’admirable Troupe Royale,
Fit merveilles, et je le crois,
Joua-t-elle, autrement, jamais ?

 

Lorsque j’aurai vu ce Poème,
Car il n’est que de voir soi-même ;
Les choses pour en bien parler,
Je ne faudrai d’en étaler
Tout ce qu’alors, j’en devrai mettre,
En ma future Épître en mètre.

 

-Et jusqu’au dernier jour, les fêtes ont battu leur plein :

La Cour eut, de plus, un grand Bal,
Le dernier jour du Carnaval,
Et quoi qu’icelle se déguise
Assez en souvent, de belle guise,
Elle était déguisée alors,
Si pompeusement au-dehors,
Qu’on ne peut voir, ou l’on me trompe,
Déguisement plus plein de pompe.

 

Notre Dauphin, des plus brillants,
Voire même, des plus galants,
Avec cette jeune Héroïne,
Sa propre et germaine Cousine,
Dont Mademoiselle est le Nom,
Commença ce Bal, tout de bon,
D’une si divine manière,
Qu’il charma la Cour toute entière.

 

Icelle eut, aussi, trois Concerts,
Qui valaient mieux que trois Desserts,
Mais le meilleur, et des plus rares,
Fut, cher Lecteur, de deux Guitares,
Encor que ce soit l’Instrument
Le plus ingrat, et moins charmant.
Mais j’ose dire sans nul risque
Que lorsque le fameux Francisque,
Ce cher Arion Milanais,
Le touche avec ses maîtres doigts,
Il n’est Luth, Théorbe, ni Lyre,
Qui sur l’Oreille, ait plus d’empire.

 

La petite Muse, Plantier,
Dont mon historique Psautier
A si souvent, dit les Merveilles, [Marie Anne Plantier fille du sieur Plantier,]
Qui sont, bonnefoi, sans pareilles, [Avocat en Parlement, et Docteur agrégé]
Dedans le Siècle d’aujourd’hui, [en l’Université de Valence,]
Jouait en partie, avec Lui, [et Nièce de Madlle Béranger.]
Et ravit, la chose est certaine,
Tant le Monarque, que la Reine,
Monsieur, et pour le trancher cour,
Seigneurs, et Dames de la Cour.

 

-Les fêtes ont également concerné les diplomates et ceux de Charles II, allié de la France dans le conflit avec la Hollande, ont été régalés comme il se doit. Ainsi :

Notre Grand Chambellan de France,
Qui possède, par excellence,
Sagesse, Esprit, Bonté, Valeur,
La Courtoisie, et la Douceux,
Autant que Courtisan qui vive,
Fit, le Mardi gras, un Convive
Si superbe, de bout, en bout,
A Monsieur le Duc de Montmouth
L’un des plus beaux Princes de la Terre,
A l’Ambassadeur d’Angleterre,
Et, bref, a grande quantité
D’autres Seigneurs de qualité,
Que ce Prince, par tel Régal
Où la Chère fut sans égale,
Laissa l’opinion de Lui,
Qu’il est, des Seigneurs d’aujourd’hui,
Tout ainsi que des plus belliques,
L’un, aussi, des plus magnifiques.

 

-Mais les capitaines français ne sont pas tous dans les jeux et les ris. Ainsi Turenne, ce foudre de guerre, est-il à la poursuite des troupes de l’Empereur :

Son Oncle, ce Prince guerrier [Monsieur de Turenne.]
Des plus experts dans le Métier
Dont est Patron le Dieu de Thrace,
Suit les Allemands à la trace,
Désirant leur livrer Combat,
Dont, de crainte, le coeur leur bat.

 

-Pendant ce temps, dans la Belgique, les troubles n’ont pas cessé.

Les Belges ramassent leurs Forces,
Pour se garantir des entorses [Les Hollandais].
Qu’ils redoutent de notre part :
Mais, à parler ici, sans fard,
Tout cela leur est inutile,
Eussent-ils des Hommes cent mille,
Ils se verraient toujours battus,
Déconfit, défaits, et vaincus,

 

Comme deux charmantes Sirènes, [Mesdlles de Rochemnt et le Broux]
Qui donnent doublement des chaînes,
Et par l’oreille, et par les yeux,
Le chantaient, naguères,

Ressources complémentaires

Les spectacles et la vie de cour selon les gazetiers
Chronologie moliéresque
Textes du XVIIe siècle en version intégrale
Textes de Molière en version diplomatique

Le moteur de recherche fonctionne par co-occurence, par exemple, la saisie femmes superstition, affichera uniquement les fiches qui comportent les deux termes, et non toutes les pages qui comportent chacun des termes.