Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1669

Table des matières

Cette page constitue une des composantes de la documentation sur LES SPECTACLES ET LA VIE DE COUR SELON LES GAZETIERS (1659-1674)

Lettre du 2 janvier 1669, par Robinet.

 

-La représentation du Baron d’Albikrac précédemment annoncée s’est concrétisée :

Je commence par le CADEAU,
Si grand, si pompeux et si beau,
De MONSIEUR, votre Époux illustre,
Qui brille d’un si noble lustre,
Ne pouvant aux Climats lointains
Où, par de glorieux Destins,
Ma Lettre sous votre Nom vole,
Presque de l’un à l’autre Pôle,
Raconter rien de plus charmant ;
Et je m’y prends, voici comment :

 

MONSIEUR, le digne FRÈRE UNIQUE,
Qui joint l’instinct de Magnifique
À toutes les hautes Vertus
Dont les Héros sont revêtus,
Samedi fit un beau Régale,
Et tout à fait à la Royale,
Dans son superbe Appartement,
Lors un vrai Lieu d’Enchantement,
Où les cinq Sens goûtaient ensemble
Tout ce qu’un Heur parfait assemble,
Pour rassasier les Désirs,
De Délices et de Plaisirs.

 

Comme c’était au temps de l’Ombre
Que répand la Déesse sombre,
À savoir Madame la Nuit,
Que se passa ce beau Déduit,
Un nombre infini de Lumières,
Qui recréaient fort les paupières,
Ressuscitaient par tout le Jour
Dans les Endroits de ce Séjour
Préparés pour celle Liesse,
Avec tant d’Art, de Politesse,
De Galanterie et d’Éclat,
Que mon Jargon serait trop plat
Pour en faire en cette Écriture
La moindre parlante Peinture.

 

Je dis seulement que ces Lieux,
Plus brillants et plus radieux
Que les Indes aux Pierreries,
Étaient l’une des Galeries,
Le Cabinet des Raretés,
Où les Yeux sont comme enchantés,
Une Anti-chambre et une Salle,
Dont la pompe était sans égale
Par les Buffets, les Guéridons,
Que soutiennent des Cupidons,
Les Miroirs, les Plaques, les Lustres
Et les magnifiques Balustres.

 

Les COMÉDIENS de l’HÔTEL,
Par ce Poème non tel quel,
Dont je fis un petit Chapitre
Dans ma fin de dernière Épître,
Savoir le BARON D’ALBIKRAC,
Trouvé bon, malgré tout mic-mac,
Firent le Prélude et la Tête
De toute la joyeuse Fête,
Dans le premier des susdits Lieux,
Où chacun d’Eux joua des mieux
Et, mieux que tous les Hippocrates,
Désopila les belles Rates
Du beau Monde illec assemblé.
Or, j’y fus de plaisir comblé,
Grâce au très obligeant MÉRILLE,
Qui d’une manière civile
Me convia d’y prendre rang.
Tout de même que quelque Grand,
Et grâce encor à cette BELLE
Qui m’offrit un Siège auprès d’Elle,
D’où je couchais commodément
En joue, et fort distinctement,
Toutes les Beautés conviées
Et dessus le Volet triées,
De qui les Appas glorieux
Font le cher Paradis des yeux.

 

Ces beautés, fort élaborées,
Et magnifiquement parées,
Brillaient de leurs plus beaux Joyaux,
Et tendaient aux Coeurs des Panneaux,
Dans leurs Attraits presque adorables,
Qui paraissaient inévitables.

 

MADAME, entre elles, toutefois,
Paraissait plus belle cent fois,
Et j’ose soutenir, en somme,
Qu’elle aurait obtenu la Pomme,
ID EST, de la Beauté le Prix,
Des mains du feu Berger Pâris.

 

MADEMOISELLE, sa Parente,
Princesse si fort apparente,
Et de si grande majesté,
Brillait, des plus, à son côté,
Avecque MADAME DE GUISE,
Que pour maintes raisons l’on prise,
Et qui rend du Duc son Époux
Le destin glorieux et doux.

 

Quand on eut fait la Comédie,
Qui ne fut pas sans mélodie,
Ces Beautés allèrent tabler,
Et leurs Goûts de plaisirs combler
Par tous les Mets plus délectables
Que l’on servit sur quatre Tables,
Comme pour des Divinités,
Au Cabinet des Raretés.

 

La Principale était tenue,
Je puis le dire sans bévue,
Par le splendide et cher TRAITANT,
Lors de Bijoux tout éclatant.

 

MADAME tenait la deuxième,
MADEMOISELLE, la troisième,
Et MADAME DE GUISE, ainsi,
Tenait la quatrième aussi,
Et dedans la prochaine Marge
Vous pouvez voir les noms au large,
Sans aucune erreur bien comptés,
De tous les Objets invités
Et qu’on vit à ces quatre Tables,
Étant personnes remarquables.

 

[À la Table de Monsieur étaient la Duchesse de Soubise, la Maréchale de la Ferté, la Maréchale de la Motte, Mesdemoiselles de Toussy et de Sévigny, les Comtesses de Clere et de Grammont, et Mesdemoiselles de la Motte, de la Marque et de Dampierre ;
À celle de Madame, les Duchesses de Verneuil et de Sully, la Duchesse de Créquy, la Duchesse de Chevreuse, la Comtesse de Guiche, la Maréchale du Plessys, Madame de Gourdon et Mesdemoiselles d’Arquien et de Belle ;
À celle de Mademoiselle d’Orléans, la Duchesse d’Elbeuf, la Maréchale de Castelnaud, les Marquises de Thiange et de la Meilleraye, la Comtesse de Fiennes et Mademoiselle sa Nièce, la Marquise de Louvoy, Mesdemoiselles de Créquy, de Châtillon et de Coëtlogon, la Marquise de Brégy et les Comtesses de Vaillac et de Fiesque ;
À celle de Madame de Guise, la Princesse d’Harcourt, la Maréchale de Grancé et sa Fille, les Comtesses de Vivonne et du Plessys, la Marquise de Coasquin et Mademoiselle de Saint Gelez ;
À celle du Maréchal Duc du Plessys, le Duc et le Chevalier de Vendôme, le Duc de Guise et quelques autres Seigneurs, avec Dom Francisco de Melos.]

 

-Une chasse donne à Louis l’occasion de se distinguer :

Lundi, notre brillant AUGUSTE,
Que d’encenser il est si juste,
Ce digne Objet de notre amour,
Revint, avec toute sa Cour,
Ayant fait, autour de VERSAILLES,
Force innocentes Funérailles
De Cerfs, de Daims et de Chevreuils,
Lesquels trouvèrent leurs Cercueils
En mainte Bedaine friande
De tels mets et de telle Viande,
Notamment lors, en bonne foi,
Que c’est de la Chasse d’un Roi
Aussi charmant que notre SIRE,
Plus grand cent fois qu’on peut le dire.

 

 

Lettre du 6 janvier 1669, par Mayolas.

 

-L’Épiphanie est l’occasion pour le gazetier de témoigner son indéfectible attachement à Louis le Grand :

Puisque c’est la Fête des Rois,
Grand Monarque, je dis et crois
Que ce doit être aussi la vôtre,
Quoi que vous en ayez un autre.
Votre Mérite et votre Sang
Vous élevant dans ce haut Rang,
Il faut donc que ma main s’apprête,
Au jour d’une Royale Fête,
De vous présenter un Bouquet
Et de fleurs son petit paquet.
Je dois mettre dans ce mélange
La Tubéreuse et fleur d’Orange ;
La Violette et le Jasmin
Se rencontrent dans mon chemin ;
Rose, oeillet, Tulipe, Anémone
Veulent approcher votre Trône
Et, désirant d’entrer ici,
En chassent bien loin le souci.
Mais, quand j’apprête mon offrande,
J’aperçois un autre guirlande.
Quittant tout ce que je cueillis,
Je ne prends que des Fleurs de Lys,
Qui font un double Couronne
À votre suprême Personne.
Ce Bouquet préparé des Cieux
Doit être le plus précieux.
Que ces Fleurs ont beaucoup de charmes !
La candeur reluit dans les Armes :
Et dans la Guerre et dans la Paix
Rien ne peut ternir leurs attraits.
Leur odeur et leur renommée,
Par toute la Terre semée,
L’emporte chez les Nations
Sur les Aigles et les Lions
N’en pouvant trouver de plus belles,
Je vous offre ces Immortelles,
Dont l’éclat et les traits divers
Brilleront partout dans mes Vers.

 

Du bord des superbes murailles
Du fameux Château de Versailles,
Toute la Cour, Lundi dernier,
Retourna dans son beau quartier,
Dans le Palais des Tuileries,
Qu’on voit en Hiver plus fleuries,
Que ni l’Été, ni le Printemps,
Par les ornements éclatants,
Par la présence souveraine,
De notre ROI, de notre REINE,
Qui sèment par là des appas
Que Flore et Pomone n’ont pas ;
Par les traits des belles Personnes
Qui suivent de près ces Couronnes,
De qui les riches agréments
Rehaussent les appartements.
Ayant bien commencé l’année,
Pour continuer la journée,
Ce Monarque Brave et Charmant
Et la Reine pareillement
Se rendirent aux Jésuites,
Dont on connaît bien les mérites.
Le savant Père d’Harouis
Fut applaudi du Grand LOUIS,
Et son Éloquence eut la gloire
De ravir tout cet Auditoire.
On doit bien prêcher, sur ma foi,
Lorsqu’on prêche au gré d’un grand Roi.
Mercredi, notre grand Monarque,
Donnant une éclatante marque
De son soin et de sa Valeur,
Qui le rendent partout Vainqueur,
Alla dans le Bois de Boulogne,
Assez loin de ceux de Pologne.
Les Gardes du Corps, fort nombreux,
S’étant trouvés en ces beaux lieux,
Il y fit faire l’Exercice
Par cette brillante Milice,
D’un Air aimable, Martial,
D’un Air parfaitement Royal.
Notre REINE, Auguste, Charmante,
À la Revue était présente,
Et des Seigneurs en quantité
Y suivirent sa Majesté,
Admirant et louant sans cesse
Sa bonne mine et son adresse.

 

-Piété du roi et de la reine :

Le Roi, la Reine et le beau monde,
Par une Piété féconde,
À Saint Geneviève alla.
Chacun ouït la Messe là,
Priant la divine Bergère
D’être notre Ange Tutélaire ;
Et moi j’entendis le Sermon
De l’illustre Père Pinon,
Qu’il fit dans Sainte Catherine
À l’honneur de son Héroïne,
Au gré des bons Religieux,
Non moins éclairés que pieux,
Et de tous ceux qui l’écoutèrent
Qui fort justement l’admirèrent,
À l’exemple du bon Prieur,
Le Sacristain, le Procureur,
Confesseurs, Chantres, tous les Pères,
Et les Novices et les Frères,
Font à l’envi, dans ce saint Lieu,
À qui mieux honorera Dieu,
Et par leur piété fidèle
Servent aux Chrétiens de modèle.

 

-Monsieur a donné une fête au cours de laquelle le spectacle dramatique fut de mise :

MONSIEUR, dont la magnificence
A paru fort souvent en France,
Donna, dans le Palais Royal,
Et la Comédie et le Bal,
Avec un Souper authentique,
Dont la chère fut angélique,
A des rares Principautés,
A des Seigneurs, à des Beautés,
A des Princes, à des Princesses,
Dont les attraits et les richesses
Ramenaient dans ce beau séjour,
Dans la nuit, la clarté du jour,
Admirant et louant sans cesse
Les Régales de son Altesse.

 

 

Lettre du 12 janvier 1669, par Robinet.

 

-Dans son sillage et comme chaque année, L’Epiphanie draine forces spectacles et réjouissances :

Le Jour des ROIS, Fête royale,
Où tout le monde fait régale
Et boit, d’un visage riant,
Avec trois MAGES de l’ORIENT,
Qui vinrent honorer la CRÈCHE
Qui, comme eux, les Dévots allèche,
On fit maintes joyeusetés
Chez nos brillantes MAJESTÉS,
Et le Bal et la Comédie,
Avecque fine mélodie,
Furent de leurs chers Passe-temps,
Qui sont toujours fort éclatants.

 

-Parmi les représentations données, celle des Maux sans remèdes :

J’ai lu dans l’Histoire des Mèdes
Que c’est un des Maux sans remède,
Et tels que un Esprit jovial
En fait voir au PALAIS ROYAL,
Depuis hier, dessus la Scène,
[C’est une Comédie intitulée : les Maux sans Remèdes.]
Qui valait bien, je crois, la peine
Que chacun les voie demain,
Ces Maux étant, pour le certain,
Des Remèdes aux Maux de Rate,
Qui s’y désopile et dilate.

 

Lettre du 13 janvier 1669, par Mayolas.

 

-Fête après fête, la cour goûte le divertissement :

Notre incomparable Monarque,
Que par-dessus tous on remarque,
Dans son Palais le plus charmant,
Reçut le divertissement
Du Bal et de la Comédie,
Le plus doux plaisir de la vie.
Princes, Princesses de sa Cour
Y dansèrent bien à leur tour,
Et leur parure et leur adresse
Causaient une double allégresse.

 

 

Lettre du 19 janvier 1669, par Robinet.

 

-Louis XIV a le souci de son fils. Deux pages à l’esprit brillant lui sont adjoints :

LOUIS, embellissant le Train
De son admirable DAUPHIN,
A mis auprès de sa Personne,
Que, par ses soins, si bien façonne
L’Illustre DUC son GOUVERNEUR [M. le Duc de Montausier.]
Deux Amours pour Pages d’Honneur :
L’un est le Fils (la chose est vraie)
Du beau Monsieur de la CHESNAYE,
Et l’autre aussi, foi de Rimeur,
Le petit CHEVALIER MIMEUR,
Ce grand Prodige de Mémoire
Dont, l’autre jour, notre Écritoire
Vous entretint si pleinement ;
Mais il n’est plus le seul, vraiment ;
Son petit Camarade Page
A, comme lui, cet avantage
D’avoir, en l’espace d’un mois
(S’il est croyable toutefois),
Mis dans sa Mémoire fidèle
Toute l’Histoire universelle
Des Français, des Grecs, des Romains
Et de tous les autres Humains.

 

Un Docte Démon des Cévennes,
Sans les Veilles longues et vaines
Où l’on vieillit plus qu’on n’apprend,
Par un Art lequel nous surprend,
A produit ces deux grand’ Merveilles,
Jusques à présent nonpareilles,
Et dont chacun est en ce Jour
Tout ébaudi dans notre Cour.

 

Ce Démon est un Gentilhomme, [Le Sieur Bouet.]
Qu’avec raison, ainsi je nomme,
Nul Humain n’ayant le pouvoir
De faire ce qu’il nous fait voir,
Si sa puissance n’est régie
Par le secours de la Magie.

 

-Le président Périgny s’acquitte de sa charge régalienne : l’instruction du dauphin de France. Ainsi :

Retournant à notre GRAND ROI,
Ici je dois faire encore foi
Des beaux soins que l’on lui voit prendre
(Car à chacun il faut l’apprendre)
Pour animer ce cher DAUPHIN,
De qui le mérite est si plein,
À s’avancer aux belles Lettres,
Que le plus illustre des Maîtres,
Le sieur PRÉSIDENT PÉRIGNY,
Des plus doctes Talents muni,
Lui montre avec une Méthode
Admirable autant que commode,
Et pleine de facilité.

 

Naguères donc, Sa MAJESTÉ,
Qu’à si bon droit presque on adore,
À sa Leçon était encore ;
C’est ce qu’on vient de m’assurer
Non pas certes sans admirer
Les Progrès que firent paraître
Tant le Disciple que le Maître.

 

Voilà comment ce POTENTAT,
Qui gouverne son grand État
Avec une Vertu si rare,
Pensant au Futur, se prépare
Un illustre COADJUTEUR,
Qui puisse, avec esprit et coeur,
Aux Siennes joindre ses Épaules,
Sous ce Faix de l’État des Gaules.

 

-Le fils d’un marquis de France est baptisé en présence dudit dauphin et de sa mère, la Reine :

Le susdit DAUPHIN, si charmant,
Tint, Samedi, bien sagement,
Avec son adorable MÈRE,
Que tout le Monde aime et révère,
Le Fils du MARQUIS de FROULÉ,
Qui semble avoir été moulé
Et certes comme fait de cire,
Étant, plus qu’on ne le peut dire,
Doux, beau, mignon et gracieux.
Au reste, il répondit des mieux
(À ce que l’on m’a dit), lui-même,
Sur ce qu’on demande au Baptême,
Quoiqu’il n’ait encor que trois ans ;
Si que le PRÉLAT D’ORLÉANS,
Qui faisait la Cérémonie
[Dans la Chapelle des Tuileries.]
Devant nombreuse Compagnie,
N’en fut pas moins qu’émerveillé,
Ainsi que l’on m’en a parlé.
Je conclus donc, étant si sage
En un si tendre et si bas âge,
Et Filleul de pareils Parrains,
Qu’il n’aura que d’heureux Destins.

 

 

Lettre du 20 janvier 1669, par Mayolas.

 

-Le même baptême, cette fois-ci rapporté par Mayolas :

La REINE, pieuse et charmante,
Aimable, civile, obligeante,
Avec Monseigneur le DAUPHIN,
Qui parle déjà bien Latin,
Et qui dans la fleur de son âge
Promet d’être un grand Personnage,
Fit l’honneur au brave Marquis
De Froulé de tenir son Fils.
Plusieurs Personnes importantes
À ce Baptême étaient présentes.
L’Illustre Évêque d’Orléans,
Des plus sages, des plus savants,
Avec une grâce infinie
Y fit cette Cérémonie,
Dont le Père, ainsi que l’Enfant,
À sujet d’être bien content.

 

 

Lettre du 26 janvier 1669, par Robinet.

 

-Piété de la Reine :

Le Jour de Monsieur SAINT VINCENT,
Jour presques encore tout récent,
Puisque c’était Lundi, je pense,
La charmante REINE de FRANCE,
Et qu’aiment tant tous les Français,
Fit à SAINT-GERMAIN L’AUXERROIS,
Donner l’Exemple d’un beau zèle ;
Et la Grande MADEMOISELLE
Était avec SA MAJESTÉ,
Étant illustre en Piété
Comme aux Vertus d’une Amazone,
Qui parerait des mieux un Trône.

 

Ce même jour-là, vingt-et-un,
Comme les suivants triste et brun,
Cette REINE, pleine de grâce,
Fut le matin au VAL-DE-GRÂCE,
Ainsi que fit aussi MONSIEUR,
Lors dans un simple Extérieur,
Pour le troisième Anniversaire
De notre auguste REINE-MÈRE.
Ah ! je ne puis dire ceci
Sans avoir le coeur tout transi,
Et, dedans la douleur qui m’outre,
Touchant ce lugubre Devoir,
Où tant de pompe l’on fait voir.
Je glisse sur cette matière
Et je cherche autre part carrière.

 

 

Lettre du 27 janvier 1669, par Mayolas.

 

-Les mêmes démonstrations de dévotions sont reprises par Mayolas :

La REINE, par ses traits charmants,
Joint les vertus aux agréments ;
En dévotion singulière
À Saint Germain fit sa Prière [De l’Auxerrois.]
Le propre jour de Saint Vincent.
Mademoiselle d’Orléans,
Généreuse et pieuse Altesse,
Y suivit ma belle Princesse.

 

 

Lettre du 2 février 1669, par Robinet

 

-Un recueil de nouvelles a les faveurs du gazetier :

À propos ici de Nouvelles,
Il s’en vend, non de telles quelles,
Depuis quelques jours au Palais,
[Chez le Sr Ribou, devant la Ste Chapelle.]
Où tant de Gens vivent de Plaids.
Ce sont des Nouvelles galantes,
Les unes, certe [sic], archi-plaisantes,
Les autres tragiques un peu ;
Où l’on voit, par la vertubleu,
Des Aventures innombrables
Et moins feintes que véritables,
Du moins, je le présume ainsi,
Et non sans fondement aussi.
L’Imagination du Monde
La plus fertile et plus féconde
N’en a jamais tant inventé
Sans l’aide de la Vérité,
Et tous les Romans, ce me semble,
N’en sauraient tant fournir ensemble,
Ni si surprenantes, je crois ;
J’en jurerais quasi ma foi.

 

Mais ce qui me plaît davantage
Dans ce divertissant Ouvrage
Est une espèce d’Entretien
Qui roule sur ces Gens de bien
Que l’on appelle Satyriques,
Maudits Frelons des Républiques,
Lesquels s’érigent en Censeurs
Et des Ouvrages et des Moeurs,
Quoique le Vice et l’Ignorance
Fassent toute leur compétence,
Quoiqu’ils n’aient que de faux brillants
Pour éblouir certaines Gens
À qui la Médisance est chère,
Et dont le défaut de lumière
Leur fait admirer bonnement
Des satyres sans jugement ;
Où (voyez si c’est là l’entendre)
On fait un Brigand d’Alexandre,
Un Furieux, un Bandolier,
Après avoir à ce Guerrier
Comparé,… l’oserai-je dire ?
Non, cela ne se peut écrire.

 

-Une tragédie de Boyer, le Policrate, fait recette sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne :

Tandis que je parle d’Écrits
Et d’Ouvrages de beaux Esprits,
Il est bien juste que je die
Quelque mot de la Tragédie
Qui présentement, à l’HÔTEL,
Ravit maint notable Mortel,
Puisque vraiment on y remarque
Infinité de Gens de marque :
C’est le jeune et grand MARIUS,
Poème si beau que rien plus,
Dont BOYER, qui sur le Parnasse
Depuis si longtemps a sa Place,
Est le digne et louable Auteur,
Et dont vous avez vu, Lecteur,
Tant d’autres fameux Dramatiques,
Galants, Comiques et Tragiques.
C’en est assez dire à son los,
Et c’est, je pense, en peu de mots
Faire voir, sans nul vain langage,
Le mérite de cet Ouvrage,
Laissant aux Juges importants
De tous les Écrits de ce temps
À rendre sur ce leur Sentence,
Dessous laquelle, en conscience,
Tous les autres aveuglement
Captiveront leur Sentiment.

 

Mais de la TROUPE, je dois dire
Qu’à l’ordinaire l’on l’admire
En ce Sujet tragique-là ;
Que la FLEUR, lequel fait SYLLA,
Soutient très bien le Caractère
De ce Tyran si sanguinaire
Et pire qu’un Olibrius ;
Que FLORIDOR, de MARIUS,
Fait aussi le Rôle à merveille,
ID EST, de façon nonpareille
Et tout ainsi qu’un rare Acteur
Dont chacun est admirateur ;
Que HAUTE-ROCHE y représente,
De manière encor fort galante,
POMPÉE, autre jeune Héros,
Et qu’enfin, avec un grand los,
DENNEBAUT, leur jeunette ACTRICE
Et des coeurs franche tentatrice
Par ses Attraits délicieux,
Fait son Personnage des mieux,
Ou bien celui de CÉLICIE,
Pour qui beaucoup l’on se soucie,
Pour l’étrange embarras d’amour
Dans lequel, chacun à son tour,
Pompée et Marius la mettent.

 

Mais que les Lecteurs me permettent
De trancher tout court là-dessus,
Afin qu’allant voir MARIUS,
Ils aient ce que le plus je prise :
Le doux plaisir de la Surprise.

 

-Puis Robinet annonce la création d’un ballet suite à la paix qui règne désormais dans l’Est de la France :

Ici, notre Grand POTENTAT
Ayant fait mettre bas les Armes
Au DUC DES LORRAINS, par ses charmes,
Ne pense plus qu’à son BALLET,
Qui sera galant et follet.

 

 

Lettre du 9 février 1669, par Robinet.

 

-Spectaculaire dévotion de la famille royale pour la «Fête des Cierges” :

Je Jour de la Fête des Cierges,
Qui sont portés par quelques Vierges,
Et par plusieurs pareillement
Qui ne sont Vierges nullement,
Leurs MAJESTÉS, à l’ordinaire,
Firent porter leur Luminaire,
D’un coeur pieux, chez les DOMS blancs
Que l’on appelle les Feuillants,
Dont le grand GÉNÉRAL, DOM CÔME,
Lequel sait plus d’un Idiome
Et tout à fait belle langue a,
Les reçut et les harangua.
MONSIEUR, presques [sic] inséparable
De notre MONARQUE adorable,
Était de la Dévotion,
Et fut à la Procession
Que ces beaux diseurs d’Antiphoines,
A prier DIEU si fort idoines,
Firent, d’un coeur dévotieux,
Au tour du Cloître de chez eux,
Messieurs les CHEVALIERS de l’ORDRE
Y marchant tous en très bon ordre,
Et même en un brillant arroi,
Devant ce magnanime Roi.

 

L’Après-dînée, aux Tuileries,
Ce Prêcheur aux Phrases fleuries,
Le rare PÈRE MASCARON,
Aussi disert qu’un Cicéron,
Régala ses MAJESTÉS mêmes,
Ces deux grands PORTE-DIADÈMES,
La Gloire et le Bonheur des Lys,
D’un de ses Sermons plus polis,
Et MONSIEUR, votre Époux illustre,
Dévot en son sixième Lustre,
Écoutait aussi ce Sermon
Avec beaucoup d’attention,
Ainsi que l’auguste Héroïne,
MADEMOISELLE, sa Cousine,
Qui, nonobstant sa Qualité,
Montre une haute Piété.

 

Son ALTESSE que fort j’honore,
Mardi, nous le fit voir encore,
Dedans les Devoirs éclatants
Qu’elle fait rendre tous les ans [Au Monastère des Capucines.]
À la triomphante Mémoire
De ce HÉROS couvert de Gloire
Dont elle tient l’Être et le Sang,
Qui lui donnent un si beau Rang,
Mais de qui son Mérite insigne
Ne la rend vraiment pas moins digne,
Faisant, soit dit sans la flatter,
Toutes les Vertus éclater.

 

Sa CADETTE, que tant on prise,
À savoir MADAME DE GUISE,
Par un tendre et pieux souci,
Était à ce Service aussi,
Avec plusieurs autres PRINCESSES
Dont, n’en déplaise à leurs Altesses,
Le Nom ne sera point cité
De crainte de prolixité,
Ayant, pour prendre ailleurs carrière,
Trop surabondante matière.

 

MAD’MOISELLE DE POLIGNAC,
Quittant du Monde le Tric-Trac,
Et préférant à ces Délices
Les Jeûnes, Veilles et Silices,
Dimanche, lui fit cession,
Avec grande exultation,
Quoiqu’elle soit riche Héritière,
Qu’elle ait beauté, grâce, lumière,
Et qu’elle y pût avoir un rang
Très considérable et très grand.
Tenant donc en sa main un Cierge,
Elle fit voeu de mourir Vierge,
Au rang des Épouses de Dieu,
Dans ce Monastère et Saint Lieu
Qui renferme les CARMÉLITES, [En la rue du Bouloy.]
Créatures du Ciel bénites,
Et qui, pour un double bonheur,
Ont un beau Poste dans le Coeur
De l’excellente SOUVERAINE
Dont l’Amour a fait notre REINE.

 

Cette charmante MAJESTÉ,
Par un obligeante bonté,
Voulut à la susdite Nonne
Donne le grand Voile, en Personne,
Et notre auguste SOUVERAIN,
Dont le Sort paraît surhumain
Et la gloire presque infinie,
Honora la Cérémonie,
De sa Présence et ses Aspects,
Qui comblent d’heur tous ses Sujets.

 

L’ARCHEVÊQUE de cette Ville,
Prélat, comme on sait, du haut style
Et d’une éminente Vertu,
Y fit l’office IN HABITU ;
DOM CÔME, qui peu se repose,
Et sur un Texte des mieux glose,
Y prêcha délicatement
Et tout à fait moralement ;
Bref, notre REINE magnifique,
Qui d’assez bien traiter se pique,
Donna le Banquet Nuptial,
Où tout alla d’un air royal.

 

Étant dans le train de Dépense,
Mercredi, sa magnificence
Au VAL-DE-GRÂCE encor parut,
Où (ce qui, sans doute, fort plût
À toute Mère et Soeur Vestale)
Elle fit un charmant Régale,
Dont fut le Roi pareillement,
Qu’on lorgna là soigneusement,
Quoiqu’une Nonne, à dire en somme,
N’ose lorgner en face un Homme ;
Mais aussi son air est-il tel
Qu’il Paraît plus Dieu que Mortel.
MONSIEUR et sa COUSINE encore,
Tous deux plus brillants que l’Aurore,
Étaient de cette Fête-là,
Chacun d’eux étant allé là
Pour voir ledit beau VAL-DE-GRÂCE,
Où du Ciel coule toute Grâce.

 

-Représentation du Tartuffe, au succès incontestable :

À propos de Surprise, Ici,
La mienne fut très grande aussi
Quand, Mardi, je sus qu’en Lumière
Le beau TARTUFFE de MOLIÈRE [autrement l’Imposteur.]
Allait paraître, et qu’en effet,
Selon mon très ardent souhait,
Je le vis, non sans quelque peine,
Ce même jour là, sur la Scène,
Car je vous jure, en vérité,
Qu’alors la Curiosité,
Abhorrant, comme la Nature,
Le Vide, en cette Conjoncture,
Elle n’en laissa nulle part,
Et que maints coururent le hasard
D’être étouffés dedans la presse,
Où l’on oyait crier sans cesse :
« Je suffoque, je n’en puis plus !
» Hélas ! Monsieur Tartufius,
» Faut-il que de vous voir l’envie
» Me coûte peut-être la vie ? »

 

Nul néanmoins n’y suffoqua,
Et seulement on disloqua
À quelques-uns Manteaux et Côte.
À cela près, qui fut leur faute,
Car à la presse vont les Fous.
On vit, en riant à tous coups,
Ce Tartuffe, ou cet Hypocrite,
Lequel, faisant la chattemite,
Sous un Masque de Piété
Déguise sa malignité,
Et trompe ainsi, séduit, abuse,
La Simple, la Dupe et la Buse.
Ce MOLIÈRE, par son Pinceau,
En a fait le Parlant Tableau,
Avec tant d’art, tant de justesse
Et, bref, tant de délicatesse,
Qu’il charme tous les vrais Dévots,
Comme il fait enrager les Faux ;
Et les Caractères, au reste,
C’est une chose manifeste,
Sont tous si bien distribués
Et naturellement joués,
Que jamais nulle Comédie
Ne fut aussi tant applaudie.

 

-Une pièce italienne, moins remarquable mais point éclipsée par le précédent succès, est tout de même annoncé par le gazetier :

À ma Légende ayant mis fin,
Je vais aux NOCES D’ARLEQUIN,
Pièce des ACTEURS D’ITALIE,
Autant folâtre que jolie,
Et mêmes où, comme à Saint Cloud,
Mainte Cascade fait glou-glou.

 

 

Lettre du 10 février 1669, par Mayolas.

 

-Un fait notable : le mariage de la fille de Madame de Sévigné. Ainsi :

Le brave Marquis de Grigan,
Courageux, Adroit et Galant,
Animé d’une pure flamme,
A pris pour légitime Femme
La charmante de Cevigny,
Dont l’agrément est infini.
Gagnant le coeur de cette Belle,
On voit que son ardeur fidèle,
Comme sous Mars, sait en ce jour
Triompher aussi sous l’Amour.
De cette union si parfaite,
L’Illustre Parenté souhaite
De voir plusieurs jolis Enfants,
Dignes de ce couple d’Amants.

 

 

Lettre du 16 février 1669, par Robinet.

 

-Robinet revient-il sur le ballet annoncé plus haut ? Toujours est-il qu’un spectacle de cette sorte semble s’être tenu sur la place de Paris :

Clio, dont le beau Feu me brûle,
Et par qui sans fin je pullule
Et je produis de nouveaux Vers,
Sois-moi plus que jamais aujourd’hui favorable,
Puisque entre mes Sujets divers,
Il s’en trouve un inénarrable,
À savoir le Ballet d’un Monarque adorable,
Et qui doit être su partout cet Univers.

 

-De Mayolas à Robinet, le mariage de la fille de Madame de Sévigné est annoncé par toutes les gazettes :

À propos d’Amour, un tout sage,
Qu’a réglé le saint Mariage,
Rend GRIGNAN trop heureux Amant, [Le Marquis.]
Possédant cet Objet charmant
Qu’on ne peut voir sans qu’on soupire :
C’est SÉVIGNY que je veux dire,
De qui la Gorge et les beaux Yeux
Pourraient même enflammer des Dieux,
Sans pousser plus loin l’Inventaire
De tout le beau qu’il me faut taire.

 

-Mais plus loin, il est de nouveau question du Ballet :

J’avais pensé, dans cette Épître,
Tracer un simple et beau Chapitre
Du BALLET de notre HÉROS ;
Mais, en dussé-je avoir à dos
Les Lecteurs de mes Écritures,
Je n’ai pas bien pris mes mesures,
Et, mon Papier se trouvant plein,
Ce sera pour le Jour prochain.

 

 

Lettre du 21 février 1669, par Mayolas.

 

-Le Roi, la Reine et ceux de leur sang connaissent leurs doubles de cire :

Curieux de rares merveilles
Qui n’eurent jamais de pareilles,
Venez vite et courez tout droit
Au renom du fameux Benoist, [À la Foire.]
Pour voir le Cercle, fait de cire,
De notre incomparable SIRE,
De la Reine, objet si charmant,
Et d’un ample dénombrement
De nos Princes, de nos Princesses,
Ducs, Duchesses, Comtes, Comtesses,
De personnes de qualité,
Qu’il a si bien représenté
Qu’on peut dire, sans hyperbole,
Qu’il ne manque que la paroe
À ces ingénieux Portraits,
Tant ils sont bien faits et parfaits.
Par son génie et son adresse,
Sa politesse et sa justesses,
La cire ne perdra jamais
Ni sa blancheur, ni ses attraits.
À la beauté de ces figures
Répondent les riches parurent,
Et les superbes vêtements
En augmentent les agréments.
Puisque le Roi, comme la Reine,
Alla le voir, l’autre semaine,
Avec son cher et beau Dauphin,
Vous pouvez bien juger enfin
Que ce Royal Cercle mérite
Que l’on lui rende une visite.
Moyennant demi Écu blanc,
Vous les verrez tous en leur rang.
Courez-y donc, braves et belles,
Et vous m’en direz des nouvelles.

 

-C’est finalement Mayolas qui donne le premier une relation du Ballet évoqué plus haut, celui dit «de Flore” :

Le Grand Ballet est commencé
(Dimanche encor il fut dansé),
Intitulé Ballet de Flore.
Je puis vous assurer encore
Qu’il est justement composé
Et parfaitement divisé. [En quatre Quadrilles.]
Du monde les quatre parties
Y sont dignement assorties,
Et chacune a de quoi ravir,
Recréer, plaire et divertir.
Les personnes, bien préparées
À faire toutes leurs Entrées,
Y jouèrent dans ce moment
Leur personnage galamment.
L’Hiver, ouvrant cette carrière,
En est chassé par la lumière
De notre Prince sans pareil,
Qui représente le Soleil.
Flore doit remplir la deuxième,
Les Nymphes des eaux, la troisième.
La quatrième, le Printemps,
Avec l’amour et les doux vents.
Le ROI terminant la dernière,
Avec sa grâce coutumière,
Avec son maintien sans égal,
Il finit ce Ballet Royal.
La REINE, aussi sage que belle,
Digne d’une gloire immortelle,
Était présente constamment
À ce beau divertissement.
Nos Prince les plus remarquables,
Les Princesses les plus aimables,
Les Envoyés, Ambassadeurs,
Belles Dames et grands Seigneurs
Agréablement s’y trouvèrent
Et, le voyant, ils l’admirèrent.
Les Violons touchaient des airs,
Et les accords des doux concerts,
S’unissant aux voix sans pareilles,
Charmaient les coeurs et les oreilles.
Par ces diverses raretés
Tous les sens étaient enchantés.
Les Confitures précieuses
Et les liqueurs délicieuses,
Les Oranges et les Citrons,
Les Biscuits et les Macarons,
Aussi bien que la Symphonie,
Divertirent la Compagnie.
Des Lustres les vives clartés
Éclairaient de tous les côtés,
Et joignaient leurs petites flammes
Au grand éclat des braves Dames,
Qui, dans la nuit, en cette Cour,
Surpassaient la beauté du jour.
Leurs habits et leurs pierreries,
Et les autres galanteries
De leurs superbes vêtements
Accompagnaient leurs agréments
Dans la Salle, sur le Théâtre,
Au Balustre, à l’Amphithéâtre,
De l’un jusques à l’autre bout,
La Pompe triomphait partout.
Mais le grand Monarque de France
Remporta le prix de la danse
Sur les plus accomplis Acteurs
Comme sur les meilleurs Danseurs,
Et, par sa grâce sans seconde,
Ravit les yeux de tout le monde,
Qui louait, aussi bien que moi,
L’éclat et l’adresse du Roi.

 

 

Lettre du 23 février 1669, par Robinet.

 

-Robinet donne à son tour sa relation du Ballet de Flore :

J’eus, l’autre jour, mauvaise grâce
D’avoir promis dans ma Préface
Des merveilles sur le Couplet
Du grand et florissant Ballet,
Et je fis, touchant cette Corde,
Ainsi que font, dans leur Exorde,
La plupart de nos Orateurs,
Qui promettent aux Auditeurs
Plus qu’ils ne tiennent d’ordinaire.

 

Mais pardon, Lecteur débonnaire.
Laissant toute Nouvelle à part,
Soit bien, soit mal, à tout hasard,
Par ce beau Ballet je débute,
Sans qu’en un mot je me rebute
Par la grandeur de mon Sujet,
Le digne et glorieux Objet
De la MUSE de BENSERADE,
Lequel jamais ne se dégrade
Dedans un Champ d’Honneur si beau,
Quoi qu’il en dise en son Rondeau,
Mais y fait voir nouvelle grâce,
Ainsi qu’un Maître du Parnasse,
Où quand il forge es Vers neufs,
L’Illustre pont dessus ses oeufs.
Mais entrons, nous, vite en matière,
Et fournissons notre Carrière.

 

Comme notre grand POTENTAT
Ne fait rien qu’avec un éclat
Particulier à tous ses Gestes,
Beaucoup moins humains que célestes,
Ce Ballet, d’un à l’autre bout,
Est brillant et pompeux partout,
Et l’on peut dire sans qu’on erre
Qu’en la Paix, comme dans la Guerre,
LOUIS n’a non plus son pareil
Qu’en trouve l’unique Soleil.
Aussi ne font-ils rien qu’un même
Dedans ce Spectacle suprême,
Puisque cet admirable ROI
L’y représente, en noble arroi,
Chassant, dans la première Entrée,
L’Hiver glacé, de la Contrée,
Par ses Rayons tout éclatants,
Et rappelant en même temps
La riante et brillante Flore,
Que le tendre Zéphire adore.

 

MADAME, qui, par son Teint frais
Et par tous ses jeunes Attraits,
Ressemble plus à la Déesse,
Sans la bienheureuse Grossesse,
Aurait été là, trait

Ressources complémentaires

Les spectacles et la vie de cour selon les gazetiers
Chronologie moliéresque
Textes du XVIIe siècle en version intégrale
Textes de Molière en version diplomatique

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