Les gens comme nous

« Mais les gens comme nous, brûlent d’un feu discret,
Avec qui pour toujours on est sûr du secret.
Le soin que nous prenons de notre renommée,
Répond de toute chose à la personne aimée;
Et c’est en nous qu’on trouve, acceptant notre coeur,
De l’amour sans scandale, et du plaisir sans peur*. »
Le Tartuffe, III, 3 (v. 995-1000)

Le dévot était également présenté comme adepte du secret en matière amoureuse dans la satire intitulée « Macette » de Mathurin Régnier (Satires, 1609; réédition en 1667) :

Et après maint essai enfin j’ai reconnu,
Qu’un homme comme un autre est un moine tout nu.
Puis, outre le saint voeu qui sert de couverture,
Il sont trop obligés au secret, de nature.
Et savent, plus discrets, apporter en aimant
Avecque moins d’éclat plus de contentement.
[…]
Le péché que l’on cache est demi-pardonné.
La faute seulement ne gît en la défense :
Le scandale et l’opprobre est cause de l’offense.
Pourvu qu’on ne le sache, il n’importe comment :
Qui peut dire non ne pèche nullement.
(« Satire XIII », éd. de 1667, p. 100)

 

L’énonciatrice des Lettres portugaises, parues en 1669, vantera aussi l’avantage des religieuses sur les « autres femmes » :

Je cherche dans ce moment à vous excuser et je comprends bien qu’une religieuse n’est guère aimable d’ordinaire. Cependant il me semble que si on était capable de raisons dans les choix qu’on fait, on devrait plutôt s’attacher à elles qu’aux autres femmes : rien ne les empêche de penser incessamment à leur passion, elles ne sont point détournées par mille choses qui dissipent et qui occupent dans le monde. Il me semble qu’il n’est pas fort agréable de voir celles qu’on aime, toujours distraites par mille bagatelles, et il faut avoir bien peu de délicatesse, pour souffrir (sans en être au désespoir) qu’elles ne parlent que d’assemblées, d’ajustements et de promenades ; on est sans cesse exposé à de nouvelles jalousies ; elles sont obligées à des égards, à des complaisances, à des conversations : qui peut s’assurer qu’elles n’ont aucun plaisir dans toutes ces occasions, et qu’elles souffrent toujours leurs maris avec un extrême dégoût, et sans aucun consentement ? Ah ! qu’elles doivent se défier d’un Amant qui ne leur fait pas rendre un compte bien exact là-dessus, qui croit aisément et sans inquiétude ce qu’elles lui disent, et qui les voit avec beaucoup de confiance et de tranquillité sujettes à tous ces devoirs !
(Cinquième lettre)

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