Dans son petit traité « Des adversités » (Opuscules et petits traités, 1643), La Mothe le Vayer stigmatise ceux qui ne savent pas supporter patiemment les coups du sort (voir aussi « tâchons de nous résoudre ») :
[N]ous sommes ingénieux à nous faire du mal en le prévenant. La crainte d’un déplaisir futur nous afflige souvent plus qu’il ne ferait s’il était arrivé. C’est ressentir, dit Sénèque, une affliction beaucoup plus qu’il ne faut, que d’en être touché plutôt qu’il ne faut, plus dolet, quam necesse est , qui ante dolet, quam necesse sit [Ep. 99].
Enfin, il n’y a point de disgrâces qui doivent l’emporter fur la constance de l’homme sage, si l’on n’en excepte les premiers mouvements de la nature. Ce n’est pas que la sagesse le rende insensible, ni qu’il ne ressente ce que les afflictions ont d’âpre & de fâcheux ; mais il s’y accommode doucement : il condescend volontiers à ce qui dépend de sa condition humaine, dont il connaît les infirmités ; &, parce qu’il fait que personne n’est exempt de chagrins & de malheurs dans ce monde, il souffre patiemment & sans murmurer, les revers de la fortune & les sujets de peine que le Ciel lui envoie.
(La Mothe le Vayer, « Des adversités », p. 112-113)