Pinciane, l’épouse acariâtre de Théodose dans le roman Alexis (1622) de Jean-Pierre Camus, réagit par une vive colère, quand elle apprend les projets de son mari pour le choix du conjoint de leur fille (voir également « c’est elle qui gouverne » et « choisir un mari ») :
Or il est besoin de savoir ici que, comme Francine était la fille du coeur de Pinciane, Angèle était celle du coeur de Théodose, mais, comme homme il avait un plus fort ascendant sur ses passions; et bien qu’il aimât toutes ses filles d’une grande amour, si est-ce qu’il observait religieusement l’ordre de la charité, selon lequel il était juste en toutes façons qu’Angèle marchât la première. Il n’en était pas ainsi de Pinciane, laquelle femme et impuissante de contenir ses affections dans les termes du devoir et de la bienséance, commettait envers Angèle et Théodore des injustices qui fâchaient Théodose, mais qu’il dissimulait prudemment pour conserver la paix en sa famille, selon l’avis de ce sage qui dit que c’est une bonne alliance d’un aveugle mari et d’une femme muette. Mais si celui-là par sagesse n’avait ni yeux ni oreilles, celle-ci n’était pas sans langue, de laquelle se servant avec l’aigreur ordinaire des femmes femmes mutines et criardes., elle lui dit une fois toute en colère : « A ce que je vois, Monsieur, vous ne communiquez pas vos secrets à votre femme ». L’autre lui répondit tout froidement : « Il n’en est pas de besoin ; mais encore, qu’y a-t-il de nouveau qui vous cause ce langage ? – Quoi, vous mariez donc vos filles sans moi ? dit-elle. – Et quelle fille ? dit le bonhomme. – Votre fille Angèle, reprit l’irritée Pinciane, de laquelle vous faites une idole.
(t. I, p. 351-352)