Latin, grec, hébreu, syriaque, chaldéen, arabe…

« l’anagramme de votre dite majesté en latin, grec, hébreu, syriaque, chaldéen, arabe… »
Les Fâcheux III, 2

Dans le XVe de ses Problèmes sceptiques (1666), la question de savoir s’il est nécessaire d’apprendre les langues est posée par La Mothe le Vayer (1).

 

C’est l’occasion de soumettre à la question l’utilité prétendue des langues anciennes, du latin à l’hébreu, en passant par le grec et l’arabe (2).

 

Le point de vue avait été nettement plus tranché dans les essais

– « Des langues » (Petits traités en forme de lettres, 1647) (3)
– « Des scrupules de grammaire » (Derniers petits traités , 1660), dans lequel les amateurs d’hébreu sont assimilés aux faiseurs d’anagrammes et d’acrostiches (4).

 

 


 

(1)

« Faut-il apprendre les langues comme une chose absolument nécessaire ? »
([Oeuvres, Dresde, 1759, V, 2, p. 259).

 

 

(2)

Je laisse aux rabbins la défense de leur hébreu, mais, outre qu’il n’est pas constant que celui qui reste soit le langage d’Adam, ni s’il était syriaque ou chaldéen, encore peut-on dire que, supposé qu’il le fût, cela ne prouverait pas bien qu’il dût passer pour le plus excellent de tous.
(Ibid., p. 262)

 

En effet, qui peut sans le grec espérer quelque rang parmi les hommes de lettres ? L’arabe ne donne-t-il pas des lumières dans la philosophie péripatétique par le moyen d’Averroes et dans la médecine par ce qu’en a écrit Avicenne ?
(Ibid., p. 263)

 

 

(3)

L’on peut dire de toutes [les langues] qu’elles ne sont que servantes et que les sciences sont les maîtresses.
(« Des langues » des Petits traités en forme de lettres, 1647, dans Oeuvres, VI, 1, p. 308)

 

Après tout, qu’obtiendrez-vous par cette immense connaissance des langues que ce qu’on dit que la fièvre chaude peut donner à un malade et le mauvais démon à des possédés ? […] Et quand vous vous serez bien alambiqué le cerveau par tous les jargons des hommes, il vous restera celui des animaux, que vous serez bien obligé d’apprendre, puisque Esope, Démocrite, Pythagore, Apollonios de Tyane, et quelques autres ont eu la réputation de l’entendre.
(Ibid., p. 311-312).

 

 

(4)

Je me veux taire de ceux qui composent des livres aussi pénibles que le Cheinue hébreu qui contient six cent treize commandements de la loi des Juifs, celui qui l’a fait en ayant rendu deux cent quarante-huit affirmatifs, sur le nombre prétendu des membres de l’homme et trois cent cinquante-six négatifs par un rapport ridicule aux jours de l’an. Si je vous connais bien, vous n’entreprendrez rien de tel, puisque vous êtes si délicat que de ne pouvoir souffrir les anagrammes, ni les vers rétrogrades, non plus que les acrostiches.
(« Des scrupules de grammaire », Derniers petits traités (1660), in Oeuvres, VII, 2, p. 140).

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