La réaction de Moron rappelle les réticences au réveil matinal que formule Linco, dans la première scène du Pastor fido (1602) de Battista Guarini (1), dont l’abbé de Torche a fourni entre 1664 et 1666 une traduction sous le titre du Berger fidèle (2).
Dans le Ballet de la Nuit (1653) de Benserade, on assistait aussi à la scène du réveil du Sommeil et du Silence (3).
(1)
Lodo ben, Silvio, il venerar gli dèi,
ma il dar noia a coloro,
che son ministri degli dèi, non lodo.
Tutti dormono ancora
i custodi del tempio, i quai non hanno
più tempestivo o lucido orizzonte
de la cima del monte.
( Acte I, sc. I)
(2)
Silvio, ta vertu me donne un rare exemple
D’honorer les Dieux dans leur temple,
Mais pourquoi troubler le sommeil
Des ministres des dieux qui dorment tous encore ?
Sur le haut de ce mont on ne voit point l’Aurore
Leur venir annoncer le retour du Soleil.
(I, 1, p. 11)
(3)
Dans le Ballet de la Nuit (1653), on trouve un « Dialogue du sommeil et du silence »:
LE SOMMEIL :
– Que j’étais en repos, et que je dormais bien
LE SILENCE :
– Et moi j’étais paisible, et je ne disais rien
TOUS DEUX ENSEMBLE :
– Par quelle bizarre aventure
Dont l’univers doit être émerveillé
Vient-on troubler en nous l’ordre de la nature?
LE SOMMEIL :
Qui vous a fait parler ?
LE SILENCE :
Qui vous a réveillé ?
LE SOMMEIL :
Le digne nom du plus grand roi du monde
Tout jeune encore et déjà tout parfait
Qui devient tel sur la terre et sur l’onde
Qu’on ne saurait dormir au bruit qu’il fait.
( p. 49)