Les explications du maître de philosophie sont tirées presque mot pour mot du Discours physique de la parole (1668) de Géraud de Cordemoy :
« Si par exemple, on ouvre la bouche autant qu’on la peut ouvrir en criant, on ne saurait former qu’une voix en A. Et à cause de cela le caractère, qui dans l’écriture désigne cette voix ou terminaison de son, est appelée A.
Que si l’on ouvre un peu moins la bouche, en avançant la mâchoire d’en bas vers celle d’en haut, on formera une autre voix terminée en E.
Et si l’on approche encore un peu davantage les mâchoires l’une de l’autre, sans toutefois que les dents se touchent, on formera une troisième voix en I.
Mais si au contraire on vient à ouvrir les mâchoires, et à rapprocher en même temps les lèvres par les deux coins, le haut, et le bas, sans néanmoins les fermer tout à fait, on formera une voix en O.
Enfin si on rapproche les dents sans les joindre entièrement, et si en même instant on allonge les deux lèvres en les rapprochant, sans les joindre tout à fait, on formera une voix en U. […]
Mais je crois qu’il est nécessaire d’examiner un peu, comment se sont ces battements de la voix, qui en font les différentes articulations, et que l’on exprime dans l’écriture par des caractères qu’on appelle Consonnes. […]
La lettre F. se prononce quand on joint la lèvre de dessous aux dents de dessus, au lieu que les consonnes précédentes se forment en joignant les deux lèvres. […]
Le D. se prononce en approchant le bout de la langue au dessus des dents d’en haut; […] et la lettre R. en portant le bout de la langue jusqu’au haut du palais, de manière qu’étant frôlée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, et revient souvent au même endroit, tandis que l’on veut que cette prononciation dure[.] »
( p. 70-76).