Une chanson non datée de Blot, qui nous est parvenue sous forme manuscrite, célèbre les avantages de l’hypocrisie :
Puisque enfin il faut que quitte
Ce beau titre de débauché,
Je veux devenir hypocrite,
Crainte qu’il me manque un péché;
Et je prendrai la contenance
De quelque cagot d’importance.
Je veux à présent être sage,
La mode du siècle y semont ;
Qu’on ne me parle de voyage,
Surtout de celui de Beaumont !
Car ce chemin, sans doute aucune,
N’est pas celui de la Fortune.
Que jamais plus on ne me parle
De bougre ni de cabaret !
Adieu, maître Guy, maître Charles,
Adieu, Nanon, adieu, Babet ;
Et quoique tard je m’en avise,
Je prétends qu’on me canonise.
Ah ! que je vais bien contrefaire
Le visage d’un innocent !
Je ne veux plus songer à plaire
Qu’au révérend Père Vincent,
Et je ne perds pas espérance
D’être du conseil de conscience.
Que Gauffre s’aille faire pendre,
Lenormand et d’Olonne aussi !
Les exemples que je veux prendre
Ont à la cour mieux réussi :
Pour peu que j’aie conduite bonne,
Je veux imiter Chaudebonne.
(ms BNF 12637 et 12666, éd. A. Adam, Les Libertins au XVIIe siècle, 1966, p. 76-77)