La compare à la mer

« C’est pourquoi le cousin Aristote souvent
La compare à la mer. »

« Comme on voit que la mer, quand l’orage s’accroît,
Vient à se courroucer; le vent souffle et ravage,
Les flots contre les flots font un remue-ménage
Horrible ; et le vaisseau, malgré le nautonier,
Va tantôt à la cave, et tantôt au grenier :
Ainsi, quand une femme a sa tête fantasque,
On voit une tempête en forme de bourrasque »
Le Dépit amoureux, IV, 2 (v. 1268-1269 et 1276-1282)

 

La motif de la femme-mer est un des lieux communs de l’humour misogyne.

 

A ce titre, on le retrouve dans

– le « petit traité » « Des noces » (Petits traités en forme de lettres, 1647) de La Mothe le Vayer (1).
– les tirades misogynes de la comédie italienne, par exemple dans Il Fedele de Pasqualigo (2) et son adaptation par Larivey sous le titre de Le Fidèle (3).
– la littérature anti-féministe des années 1615-1625 : ainsi dans l’épigramme « Des femmes » des Satyres bâtardes (1615) (4) ou dans l’ « Avis touchant le mariage » du recueil La Muse folâtre (1611) (5).
– des stances de Malherbe (6).

 

On la trouvera encore en 1673 dans un traité anonyme De la prudence ou des bonnes règles de la vie (7).

 

 


 

(1)

Je vous dirai que, de toutes les comparaisons dont on se sert pour représenter le naturel des femmes, je n’en trouve point de si propre que celle du poète Simonide, quand après beaucoup d’autres similitudes, il dit qu’elles sont parfaitement semblables à la mer. Car qu’y a-t-il d’agréable et d’attrayant comme ses calmes et ses bonaces […] ou lorsqu’elle n’a d’agitation que ce qu’il en faut pour seconder le dessein d’une heureuse navigation. Une femme dans sa belle humeur, et qui use de complaisance, a des charmes qui ne se peuvent exprimer. Mais, comme il n’y a rien d’affreux à l’égal de cette même mer irritée par les vents et agitée de la tempête, tous les orages du ciel et d’ici bas, n’ont rien qui approche de la fureur d’une femme transportée de colère, ou que l’impétuosité de quelque autre passion met hors des termes de la raison.
(Oeuvres, éd. de 1756, p. 410-411)

 

(2)

Fidetevi poi di femina, esse hanno la rabbia canina adosso, l’inganno da un latere dall’altro l’odio, la falsità a parte anteriori, il diavolo a parte posteriori, l’amore loro è come una fiamma tra due venti contrari tremula or hinc, or inde inclinabile, hanno la loro fede più che’l vetro frangibile, sono nelle promissioni instabili, nei pensieri più ch’una penna per l’aere volitanti leggiere, et, alle fine, più mobili che fluctuante onda ne vasto pelago, né in altro costanti se non nella loro inconstanza.
(Pasqualigo, Il Fedele, II, 4)

 

(3)

Et puis fiez-vous en ces femmes […] l’amour leur est comme une flamme entre deux vents contraires, elle vacille, ores inclinant de ça, ores de là […] et enfin [elles sont] plus mobiles que l’onde flottant en pleine mer.
(Larivey, Le Fidèle, II, 4)

 

(4)

Des femmes
Epigramme

Femme n’est que tempête
Et orage indompté

Le torrent de sa tête
Ne peut être arrêté
Sans cesse on la bataille
De revers et de faille
Et d’être sur son cul
Et bien qu’on la transperce
Qu’on la navre et reperce
Ne peut être vaincue.
(Nicolas Joubert Angoulevent, Satyres bâtardes, 1615, p. 37)

 

(5)

La femme est une mer, et le mari nocher
Qui va mille périls sur les ondes chercher;
Et celui qui deux fois se plonge en mariage
Endure par deux fois le péril de naufrage.
Cent tempêtes il faut à toute heure endurer
Dont la mort seulement peut l’homme retirer.
( p. 90)

 

(6)

La femme est une mer aux naufrages fatale ;
Rien ne peut aplanir son humeur inégale
(Malherbe, stances « Aux ombres de Damon », VI, 25)

 

(7)

Plusieurs ont assuré qu’il n’est chose au monde plus difficile à trouver qu’une bonne femme, et Simonide interrogé ce que c’était que la femme répondit que c’était la tempête et le naufrage de la maison, le trouble du repos, la captivité de la vie, une peine journalière et une bête domestique, mais pourtant un mal nécessaire.
(Anonyme, De la prudence ou des bonnes règles de la vie, pour l’acquisition, la conservation et l’usage légitime des biens du corps et de la fortune et des biens de l’âme, 1673, p. 243)

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