L’éclat des fêtes de la cour

« Venez, grande Princesse, avec tous vos appas,
Venez prêter vos yeux aux innocents ébats
Que notre désert vous présente;
N’y cherchez point l’éclat des fêtes de la cour,
On ne sent ici que l’amour,
Ce n’est que d’amour qu’on y chante. »
Les Amants magnifiques, troisième intermède
.

Le lieu commun sur la simplicité de l’univers pastoral opposé à la sophistication de la cour avait été illustré par un précédent célèbre dans l’Aminte du Tasse (1573) (1).

 

Plus récemment, on le retrouvait également

– à l’incipit du roman de Mlle Desjardins, Carmente (1668) (2)
– au début de la 4e églogue du Recueil de poésies (1662) de Mlle Desjardins (3)

 

 


 

(1)

Choeur [L’Assemblée des bergers]
Si tu [Honneur chimérique] range sous tes lois,
L’Amour, la Nature, et les Rois;
Si tout fléchit sous ta puissance,
Que viens-tu faire dans nos bois?
Laisse-nous en repos vivre dans l’innocence;
Il faut pour ta grandeur un plus noble séjour;
Pour toi nous sommes trop vulgaires,
Nous vivons sans soucis comme nos premiers pères,
Quitte, quitte nos bois, et va troubler la Cour.

 

Loin du bruit, et loin de la foule,
Aimons, puisque le temps s’écoule…
(Traduction de l’abbé de Torches, éd. 1676)

 

(2)

Jamais la délicieuse Arcadie n’avait été favorisée d’un jour si beau, que celui où se devaient célébrer les jeux de Pan et de la Nymphe Syrinx ; et jamais les agréables bergers du hameau de Légée n’avaient apporté tant de soin à rendre cette fête accomplie. Les pasteurs incomparables, que le dégoût du monde avait amenés dans cette aimable solitude, et qu’on pouvait appeler des courtisans solitaires ou des mondains contemplatifs plutôt que des bergers ordinaires, ayant vu augmenter leur nombre depuis quelque temps par l’illustre Théocrite, qui était alors les délices et le sujet de l’admiration de toute la Grèce…
( Carmente, t. I, p. 1-2.)

 

(3)

Dans un lieu que la Seine embellit de son cours,
Dans de plaisants hameaux où l’on voit tous les jours,
Cent fidèles Bergers aux pieds de leurs Bergères,
Rendre les Lis jaloux du bonheur des fougères,
Et montrer que les jeux, les grâces et les l’amour,
Se trouvent dans les bois plus souvent qu’à la Cour.
( p. 21)

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