La Mothe Le Vayer proposait une lecture allégorique de la fable de Psyché, qui prenait position en faveur de l’étude de la divinité par la philosophie, dans « De la divinité », Cinq dialogues faits à l’imitation des Anciens, [s. d.] :
Sur quoi il faut que je vous communique ce que j’ai toujours pensé de la fable de cette gentille Psyché, qu’Apulée nous représente avoir perdu la condition heureuse où elle se trouvait, par un excès de curiosité qui lui fit entreprendre de reconnaître, contre le gré de son petit dieu, quel il était, et sous quelle forme elle méritait d’être par lui visitée et si favorablement traitée. Car déjà le seul nom de cette belle fille montre bien qu’on nous a voulu représenter l’état de nôtre âme, laquelle se trouvant en une heureuse assiette dans une humilité respectueuse envers les choses divines, qui attire sur elle les grâces infuses du Ciel : si une fois elle se dispense de les vouloir éplucher de trop près, d’interposer son sentiment, et pénétrer le secret des jugements et des volontés de Dieu, entrer en raison sur ses actions, discourir de son essence, et examiner les respects et adorations qu’il doit attendre de nous. C’est lors que ce même Dieu, qui nous avait si gracieusement traités, s’offensant de notre audacieuse témérité, s’envole et s’enfuit de nous, comme s’il se plaisait aussi bien que la nature (selon le dire d’Héraclite) à se tenir caché et s’éloigner de la portée de notre capacité. De sorte que ce n’est pas sans sujet que saint Augustin munit sa cité de Dieu, et la défend contre la philosophie, et que le philosophe Euphrates donne lui-même à l’empereur Vespavian ce conseil, dans Philostrate I, 5, De vita Apoll. c. 14, de ne croire jamais la philosophie quand elle se mêle des choses divines, comme celle qui ne dit jamais lors que des folies et des mensonges, et de laquelle il ne faut être ami pour le plus que jusques aux autels. C’est ce qui faisait imaginer à quelqu’un que vouloir trouver la théologie dans la philosophie, c’était comme chercher les vivants parmi les morts.
(édition de 1716, pp. 411-413)