Jeux Pythiens

« Sixième intermède, qui est la solennité des Jeux Pythiens. »
Les Amants magnifiques, sixième intermède.

Le duc de Saint-Aignan évoquait déjà ces jeux dans Les Plaisirs de l’Ile enchantée (1664), lorsque les chevaliers sont censés divertir la magicienne Alcine :

Mais elle n’eut pas moins de con?ance aux divertissements des promenades, de la danse, des tournois, des festins, de la comédie, et de la musique. Et comme elle avait autant d’amants que de captifs, et qu’ils ne pensaient tous qu’à lui plaire, ces illustres guerriers font une partie de course de bague, et prenant pour sujet les jeux pythiens, auxquels Apollon présidait, ils font leur entrée dans la lice, avec tous les ornements dont ils peuvent l’accompagner, dans le plus beau lieu que la Nature et l’Art aient jamais formé, et embelli pour le plaisir de la vie.
(Relation des Plaisirs de l’Ile enchantée, « Avant-propos de la première journée »)

 

Les Jeux pythiens en l’honneur d’Apollon avait lieu dans la vallée du Pénée, décrits par Elien, Histoires diverses, livre III :

C’est ici, disent les Thessaliens, que, suivant l’ordre de Jupiter, Apollon Pythien fut purifié, lorsqu’il eut percé de ses flèches le serpent Python, qui gardait le temple de Delphes; tandis que la Terre, sa mère, y rendait des oracles. Ils ajoutent que le fils de Jupiter et de Latone, partant pour Delphes, où il s’empara du siège de l’oracle, se couronna du laurier de Tempé, et qu’il en portait une branche à la main. Il existe aujourd’hui un autel dans l’endroit même où le dieu prit sa couronne et la branche de laurier. Maintenant encore les habitants de Delphes envoient tous les neuf ans à Tempé un certain nombre de jeunes gens distingués, sous la conduite d’un chef choisi entre eux : ils offrent en arrivant de somptueux sacrifices, et s’en retournent, après s’être fait des couronnes du même laurier dont l’amant de Daphné ceignit autrefois sa tête. Ils prennent la route nommée Pythias, qui traverse la Thessalie, la Pélagonie, le Mont Oeta, le pays des Aeniens, des Méliens, des Doriens, et des Locriens surnommés Hespériens. Tous ces peuples reçoivent ces jeunes gens, à leur passage, avec autant de respect et d’honneurs qu’on en rend aux Hyperboréens, lorsqu’ils vont porter à Délos des offrandes au même dieu. C’est de ce même laurier qu’on fait les couronnes des vainqueurs aux jeux Pythiens. Je ne m’étendrai pas davantage sur la vallée de Tempé, en Thessalie.
(Traduction de Casteldurante, [3,1])

 

Au IIIe livre des Ethiopiques d’Héliodore étaient décrits les « Jeux Pythiques », célébrés par les Thessaliens :

Calasiris raconte à Gnemon l’ordre de la Procession des Thessaliens, et lui raconte qui était leur Capitaine, et ses perfections
[…]
On voyait premièrement venir une hécatombe, qui étaient cent boeufs destinés pour le sacrifice, conduits par des hommes exercés à semblable ministère, et lesquels tant par leurs habits, que par leurs actions témoignaient être gens fort rustiques : Ils avaient des hoquetons blancs troussés et ceints par le milieu du corps, le bras droit et l’épaule tous nus jusques à la mamelle, tenant chacun en leur main une cognée bien tranchante. Les boeufs qu’ils touchaient devant eux étaient tout noirs, dont le col était gros et gras qu’ils portaient un peu relevé et courbé en voûte, la corne ni trop grande ni trop tortue, que les uns avaient toute dorée, les autres entortillée de bouquets et chapeaux de fleurs, le pied gros et court, l’herbière pendante jusque sur les genoux. Suivait après une grande quantité de différents troupeaux de plusieurs autres victimes, dont les espèces étaient séparées et conduites en bel ordre avec des flûtes et de hautbois, sonnant un certain chant mystique, qui dénonçait le prochain sacrifice. Quand ces troupeaux et ceux qui les menaient furent ainsi passés, deux bandes de jeunes filles Thessaliennes marchèrent après, qui étaient toutes belles et fort riches de taille, ayant les cheveux épars sur les épaules. Celles qui étaient en la première bande portaient de petits paniers pleins de fruits et de fleurs. Les autres avaient de petites corbeilles remplies de confitures et de senteurs si bonnes, que les lieux par où elles passaient en retenaient une odeur agréable. Et si pour les porter elles n’employaient point l’usage de leurs mains, mais les avaient sur leurs têtes, et se tenaient toutes par la main, afin de pouvoir commodément danser et marcher toutes ensemble. Celle de la première danse donnaient le ton et la cadence à la seconde : Car elles avaient la charge de chanter un Hymne, au son duquel toutes devaient danser. Et cet Hymne ne contenait autre chose que les louanges de Thétis et de Pélée, de leur fils Achille, et encore du fils de leur fils Neoptolémus.
(Les Amours de Théagènes et Caricléa, histoire éthiopienne, traduction de Jean de Montlyard, édition de 1633, livre 3e , p.181-184)

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