Je suis pour le bon sens

« Je suis pour le bon sens et je ne saurais souffrir les ébullitions de cerveau de nos marquis de Mascarille. »
La Critique de L’Ecole des femmes, sc. V

Dans l’ « Histoire de Sapho », racontée au tome X (1653) du Grand Cyrus des Scudéry, le « bon sens » est opposé à l’attitude de ceux qui jugent sans connaître (1).

 

On trouve un éloge du bon sens

– dans l’entretien sur « Le Bel Esprit » (1671) du Père Bouhours (2)
– dans La Logique d’Antoine Arnauld et Pierre Nicole (3)

 

La notion est étroitement associée à la philosophie de Descartes (4).

 

 


 

(1)

ces ennemis déclarés du bon sens et de la vertu étaient d’étranges gens, car après les avoir un jour repassés les uns après les autres, je trouvai que les plus raisonnables de tous ceux qui fuyaient Sapho et ses amies étaient de ces jeunes gens gais et étourdis, qui se vantent de ne savoir pas lire et qui font vanité d’une espèce d’ignorance guerrière qui leur donne l’audace de juger de ce qu’ils ne connaissent pas, et qui leur persuade que les gens qui ont de l’esprit ne disent que des choses qu’ils n’entendent point, de sorte que, sans se donner seulement la peine de savoir par eux-mêmes comment parlent ces personnes qu’ils fuient avec tant de soin, ils en font des contes extravagants qui les rendent eux-mêmes ridicules à ceux qui sont dans le bon sens.
(Artamène ou le Grand Cyrus, p. 6919)

 

(2)

Le vrai bel esprit, repartit Ariste, est inséparable du bon sens […] c’est, à le bien définir, le bon sens qui brille […] il vient d’une intelligence droite et lumineuse, d’une imagination nette et agréable. Ce juste tempérament de la vivacité et du bon sens fait que l’esprit est subtil et qu’il n’est point évaporé.
(Les Entretiens d’Ariste et d’Eugène, 1671, p. 193)

 

(3)

Il n’y a rien de plus estimable que le bon sens et la justesse de l’esprit dans le discernement du vrai et du faux. Toutes les autres qualités d’esprit ont des usages bornés ; mais l’exactitude de la raison est généralement utile dans toutes les parties et dans tous les emplois de la vie.
(Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La Logique ou l’Art de penser, 1662, p. 5)

 

l’usage le plus ordinaire du bon sens, et de cette puissance de notre âme qui nous fait discerner le vrai d’avec le faux, n’est pas dans les sciences spéculatives, auxquelles il y a si peu de personnes qui soient obligées de s’appliquer : mais il n’ y a guère d’occasion où on l’emploie plus souvent, et où elle soit plus nécessaire, que dans le jugement que l’on porte de ce qui se passe tous les jours parmi les hommes.
(Ibid., p. 438)

 

(4)

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.
(Descartes, Discours de la méthode [1637], éd. de 1863, p. 17)

 

la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes.
(Ibid., p. 18)

Le moteur de recherche fonctionne par co-occurence, par exemple, la saisie femmes superstition, affichera uniquement les fiches qui comportent les deux termes, et non toutes les pages qui comportent chacun des termes.