Je paye l’intérêt de ma mauvaise mine

« C’est peut-être que je paye l’intérêt de ma mauvaise mine »
La Critique de l’Ecole des femmes, sc. IV

L’expression fait allusion au mot resté célèbre du général Philopoemen qui, arrivant chez ses hôtes, fut pris pour un valet. Il avait ensuite simplement déclaré à ceux qui s’étonnaient de le voir travailler aux tâches domestiques qu’on lui avait confiées : « je porte la peine de ma mauvaise mine ». Ce mot est rapporté par Plutarque dans ses Vies des hommes illustres (1).

 

Il est notamment repris

– par Pierre Nicole (2)
– et dans le dictionnaire d’Antoine Furetière (3).

 

A partir de Molière, cette réponse est restée connue sous la forme : « je paie l’intérêt de ma mauvaise mine » (1).

 

 


 

(1)

Quand à la méprise de son hôtesse de Mégare, on prétend qu’elle vint uniquement de sa facilité et de la simplicité dont il était vêtu, car cette femme ayant appris que le général des Grecs allait arriver chez elle, se tourmentait et s’empressait pour lui préparer à souper, son mari par hasard n’étant pas alors au logis. Philopoemen arrive dans ce moment, couvert d’un manteau fort simple ; elle le prit pour un de ses domestiques, ou pour quelque fourrier, qui venait préparer son logement, et elle le pria de lui aider à faire la cuisine. D’abord Philopoemen sans autre façon jeta son manteau et se mit à fendre du bois. Sur ces entrefaites le mari revient, et ayant vu Philopoemen en cet état, car il le connaissait :Que faites-vous donc là, seigneur Philopoemen, lui dit-il ? Rien autre chose, lui répondit Philopoemen en son langage dorique, que porter la peine de ma mauvaise mine.
(Plutarque, Les Vies des hommes illustres, éd. de 1735, p. 420)

 

(2)

Un grand capitaine grec, qu’on avait pris dans une hôtellerie pour un valet, fut prié par la maîtresse du logis d’aider à quelque service de cuisine ; et s’étant trouvé dans cet exercice si disproportionné à sa qualité, il ne dit autre chose à ceux qui s’en étonnaient, sinon qu’il payait la peine de sa mauvaise mine. Il en est souvent de même de ceux que l’on condamne quand ils ont raison. Ils doivent penser simplement qu’ils souffrent la peine de leur peu de netteté d’esprit et de leur peu d’adresse à mettre les choses dans leur jour, sans aller chercher d’autres raisons de se mettre en colère contre ceux qui l’ont emporté sur eux.
(Pierre Nicole, « Qu’il y a beaucoup à craindre dans les contestations, pour ceux même qui ont raison », dans Oeuvres, éd. de 1845, p. 339)

 

(3)

Philopoemen, après avoir été pris pour un valet, dit, Qu’il portait la peine de sa mauvaise mine.
(Furetière, entrée « mine »)

(1) Voir par exemple la réponse de M. de Varillas à Condé en 1680, rapportée par Katia Béguin dans son ouvrage sur Les Princes de Condé, Champvallon, 1999 p. 377, ou les Lettres du président de Brosse écrites en 1739.

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