Il faudra que nous rompions

« Contre elles, dans mon coeur, trop de bile s’assemble,
Et je sens qu’il faudra que nous rompions ensemble.
Oui, je vous tromperais, de parler autrement,
Tôt, ou tard, nous romprons, indubitablement ;
Et je vous promettrais, mille fois, le contraire,
Que je ne serais pas en pouvoir de le faire. »
Le Misanthrope, II, 1, v. 449-454

La question de savoir si la coquetterie et l’infidélité sont des raisons, pour un amant, de rompre avec une maîtresse fait l’objet, dans la littérature mondaine, de questions d’amour dont la réponse est formulée sous forme de maximes d’amour. C’est le cas

– dans le Recueil contenant les maximes et lois d’amour (1666) (1)
– dans les Questions d’amour de Charles Jaulnay (1671) (2).

 

Cette question est également soulevée dans l’une des pièces du recueil Sercy de 1663 (3).

 

L’idée que « le dépit peut éteindre l’amour » est également formulée sous forme de maxime d’amour dans le recueil Barbin de 1666 (4).

 

 


 

(1)

Savoir pourquoi il faut rompre avec sa maîtresse.
Qu’on pardonne les fourberies
On peut même oublier toutes coquetteries,
Quoi que ce soit d’amour les vrais péchés mortels,
Mais l’infidélité jamais l’on ne l’oublie
Et comme on est toujours amis jusqu’aux autels
L’on est amants jusqu’à la perfidie.

(Recueil contenant les maximes et lois d’amour, Rouen, Jean Lucas, 1666, éd. dans le Recueil contenant un dialogue du mérite et de la fortune, Les Maximes et lois d’amour, Plusieurs lettres, billets doux et poésies, Rouen, Jean Lucas, 1667, p. 80)

 

Savoir comme il faut que les honnêtes gens soient jaloux, et quand il faut qu’ils rompent.
Je veux qu’à ma maîtresse un amant se confie,
Et que pour toute jalousie
Il soit quelquefois allarmé
De n’être pas assez aimé,
Mais si la dame n’aime guère,
Que l’amant la trouve légère
En n’en puisse une fois douter
Je le condamne à la quitter.

(Ibid., p. 87)

 

Savoir si l’on doit s’opiniâtrer auprès d’une coquette.
Si vous aimez une coquette
Qui soit insensible à vos maux,
Qui vous flatte puis vous maltraite
Et vous accable de rivaux
Ne vous dépitez point quelque sot s’irait pendre
Ne vous rebutez point vous la verrez changer
Attendez l’heure du berger
Tout vient à point à qui peut attendre.

(Ibid., p. 65-66)

 

(2)

S’il est aussi juste de rompre pour de petits manquements mais continuels que pour l’infidélité ou la coquetterie ?
On peut donner tant de témoignages nouveaux de sa tendresse à l’objet aimé, qu’il peut revenir de ses manquements, quoi que ce soit à la fin une cause de rupture, elle n’est pas de beaucoup si juste que celle de l’infidélité ou de la coquetterie, quand l’amant ou la maîtresse en sont convaincus, il faut nécessairement rompre quelque grande que puisse être son amour.
(Jaulnay, Questions d’amour, ou Conversations galantes, dédiées aux belles, 1671, p. 124-125)

 

(3)

Je ne dis pas, Iris, qu’un amant délicat
Rompt avec sa maîtresse, et même avec éclat,
Lorsque pour son rival l’infidèle soupire,
Cela s’en va sans dire :
Mais si sans fondement tout me monde en médit,
Encore que son amant connaisse
L’injustice de ce faux bruit,
Il sent que sa délicatesse
Le force à quitter sa maîtresse
.
(Recueil des pièces en prose les plus agréables de ce temps, t. V, Sercy, 1663, p. 397-398)

 

(4)

Le dépit peut éteindre l’amour.
(Maximes d’amour, Paris, C. Barbin, 1666, section « colère », maxime 3, p. 29)

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