Molière avait exploité le parler provincial à effet comique dans Monsieur de Pourceaugnac (« à la fi yeu te trobi »).
Ce trait comique est cher également à Raymond Poisson qui s’en sert dans
– L’Après-souper des auberges (1665)
– Le Poète basque (1668) et
– La Hollande malade (1672).
Le gascon en particulier devient une cible préférée des auteurs comiques de la fin du siècle, comme il est attesté par le prologue du Grondeur (1693) de Brueys et Palaprat (1).
Au siècle suivant, dans son traité De la science du monde, et des connaissances utiles de la conduite de la vie, François de Callières affirmera que de tous les différents accents qui sont en usage dans les différentes provinces de France, […] l’accent gascon est à mon gré le seul qui donne de la grâce au discours pourvu qu’il ne soit pas trop fort. (éd. de 1717, p. 43).
(1)
Dans ce prologue, un groupe d’auteurs et d’acteurs se plaignent des cabales et du désordre qu’elles causent dans les salles de théâtre. Un gascon vient les interrompre, portant « un monstrueux sifflet » et déclare son intention de siffler la pièce sans considération pour la qualité de l’oeuvre. Il se plaint que toutes les pièces du moment se moquent des Gascons:
Au moins point de Gascon;
En ce cas sans quartier la guerre recommence,
Non par aucun chagrin: pourquoi se gendarmer,
Voyant que nous faisons le vif des comédies?
Que Gascons vrais ou faux ont le don de charmer,
Pardi, l’on doit bien nous aimer,
Puisque l’on aime tant nos mauvaises copies;
Mais la variété fut toujours de mon goût,
Et depuis certains temps je ne vois autre chose,
Que Gascon là, Gascons ici, Gascons partout.
Et vertubleu cela… me pousse à bout,
Que la Gascogne au moins pour un temps se repose;
J’en suis las.Quand on lui dit qu’il n’y a aucun Gascon dans Le Grondeur, il promet de protéger la pièce.
(David-Augustin Brueys et Jean Palaprat, prologue du Grondeur, Paris, Thomas Guilain, 1693, [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5754483z.image.r=le+grondeur.f12.langFR p.
1-15]).