La nécessité de la circonspection dans l’évaluation des productions des confrères est soulignée par La Mothe le Vayer
– dans son « petit traité » « De quelques compositions » (date ?) (1)
– et dans la « Première journée » de son Hexameron rustique (1670) (2).
On trouve également l’idée chez Furetière, dans la préface des Poésies diverses (1655) (3).
Dans l’ « Extrait d’une lettre écrite du Parnasse »(Donneau de Visé, Nouvelles Nouvelles, 1663), qui raille les pratiques des auteurs en en prenant le contre pied, interdiction est faite aux auteurs d’ « écrire contre aucun de leur corps » (4).
(1)
Pour moi, j’use de cette méthode dans toutes mes lectures, que tâchant à profiter de ce qui m’y agrée, j’excuse le reste sans aversion. Il faut donner beaucoup de choses à l’humanité et être plein d’indulgence envers les autres, si nous voulons qu’on en ait pour nous, comme nous avons tous besoin dans ce que nous donnons au public.
(La Mothe le Vayer, « De quelques compositions », éd. de 1756, VII, 2, p. 129)
(2)
Songeons qu’il n’est rien de si attaché à notre humanité que l’erreur, ni rien de si propre à l’homme que de faillir. Et quand il est question de juger des travaux d’autrui, pardonnons à ces petites taches qui ne gâtent jamais un bel ouvrage.
(La Mothe le Vayer, « Première journée » de l’Hexameron rustique, éd. J. Beaude, Paris, Encre marine, 2005, p. 17)
Tant s’en faut, notre propre intérêt nous oblige à traiter favorablement les autres dans de semblables rencontres; et l’humanité veut que nous témoignions toujours plus d’inclination à louer leurs travaux qu’à les décrier avec une trop sévère critique.
(ibid., p. 25)
(3)
Quant aux poètes, je n’ai garde d’en attaquer aucun en particulier, puisque vous savez à quel point je les honore et les estime, il faut bien qu’ils soient de mes amis, puisque vous faites des vers la plupart.
(Furetière, préface des Poésies diverses, 1655, épitre adressée « à tous [s]es amis », p. 9)
(4)
Il est très expressément défendu à tous les auteurs d’écrire contre aucun de leur corps ; mais bien contre ceux qui n’en sont pas, ce qu’ils ne pourront toutefois faire, à moins que l’on n’ait écrit contre eux.
(Nouvelles Nouvelles, t. III, « Extrait d’une lettre écrite du Parnasse touchant les nouveaux règlements qui ont été depuis peu faits dans le conseil d’Apollon, et des Muses, extraordinairement assemblés », p. 153)