Entre les mains des libraires

« je suis tombé dans la disgrâce de voir une copie dérobée de ma pièce entre les mains des libraires. »
Les Précieuses ridicules, Préface

Dans l’épître dédicatoire à ses Poésies diverses (1655), Antoine Furetière émet les mêmes plaintes à l’égard des libraires :

J’ai donc été si malheureux que de tomber entre les mains de ces corsaires du Parnasse, et de certains copistes ignorants qui avaient tellement défiguré mes satires que je ne les connaissais plus moi-même, lorsque j’en vis quelques unes entre les mains d’un jeune homme, qui les livrait à un libraire, comme les ayant faites. […]
Ayant donc connu que l’impression leur était un mal inévitable [..] j’ai mieux aimé les livrer moi-même à la censure et à la médisance que de souffrir qu’elles fussent livrées par mes ennemis.
( non paginé)

 

Une excuse semblable avait également été invoquée à l’orée des Chastes et Loyales Amours de Théagène et Chariclée (1623) d’Alexandre Hardy :

Ainsi Lecteur, l’insupportable avarice de certains libraires faisant passer ce poème de L’Histoire éthiopique sous la presse, à mon déçu, tout incorrect, force ma résolution, réduit à choisir de deux maux le moindre, s’entend à souffrir imprimer ce que je désirai plutôt supprimer, et après quelque revue te le donner un peu mieux poli.
(édition sur le site Idées du théâtre)
(indication aimablement fournie par Véronique Lochert)

 

De telles déclarations seront tournées en dérision par René Le Pays dans l’avis au lecteur de ses Amitiés, amours et amourettes (1664) :

Il ne tient qu’à moi de vous dire ici, comme la plupart de ceux qui mettent leurs ouvrages au jour, que l’on me fait auteur par force ; que mes amis m’ont arraché des mains les lettres et les poésies que je vous donne, et que jamais elles ne seraient sorties de mon cabinet sans la violence que l’on m’a faite. Mais je suis trop sincère pour vous déguiser la vérité, je veux bien vous dire la chose comme elle est. Il est vrai que quelques-uns de mes amis m’ont conseillé de faire part au public de mes divertissements, particuliers et que même ils m’ont flatté de l’espérance de quelque succès ; mais il est vrai aussi qu’aucun d’eux ne m’a mis le poignard à la gorge et que si j’eusse voulu, mes Amitiés, mes Amours et mes Amourettes ne seraient point devenues des choses publiques. C’est de mon propre mouvement, mon cher Lecteur, que je vous donne mes petits Ouvrages, et par la seule démangeaison que j’ai de m’ériger en Auteur.
( n. p.)
(source : indication aimablement fournie par Stéphanie Schwitter)

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