Le souhait parricide par lequel « les enfants comptent les jours des pères » et « les fils souhaitent qu’ils meurent » met en question le principe des devoirs de parenté.
Dans « De l’ingratitude » (Opuscules ou Petits Traités, 1647), La Mothe le Vayer le considère comme une forme extrême de ce vice qui fait l’objet de ce traité :
Sénèque excuse ailleurs les Romains et toutes les autres nations qui n’avaient point fait de lois contre les ingrats, sur ce que celles de la Nature semblent suffisantes pour cela, comme pour ordonner l’amour des enfants et le respect qu’on doit aux pères; ce qui empêcha quelques législateurs de mettre dans leurs constitutions des peines contre les parricides. Sans mentir, l’instinct naturel devrait suffire en des choses où il est si exprès et si violent. Mais quoi, il se trouve au sujet que nous traitons autant ou plus d’hommes dénaturés que d’autres […] Mais lorsqu’on afflige sciemment ses bienfaiteurs, qu’on ruine comme le lierre ce qui a servi d’appui, et qu’on fait périr ceux à qui l’on est redevable de sa conservation, c’est à l’heure qu’on encourt la malédiction divine.
((éd. des Oeuvres de 1756, III, 1, p. 59)