Des cadeaux merveilleux

« … la magnificence de la fête, dont l’amour du prince Iphicrate vient de régaler sur la mer la promenade des princesses; tandis qu’elles y ont reçu des cadeaux merveilleux de musique, et de danse…  »
Les Amants magnifiques, acte I, scène 1.

Cadeau est ici synonyme de fête, qui lui-même venait de recevoir cette valeur profane, comme l’explique Dominique Bouhours dans ses Entretiens d’Ariste et d’Eugène (1671) (1).

 

L’usage fut de courte durée, car dès 1672, dans ses Observations sur la langue française, Gilles Ménage signale qu’il s’est embourgeoisé (2).

 

 


 

(1)

La Fête de Versailles; donner une Fête. Ce mot est devenu profane, comme vous voyez. Voilà jusqu’où va le caprice et la tyrannie de l’usage. Il ne se contente pas de choquer souvent les règles de la grammaire, et de la raison: il ose même violer quelquefois celles de la piété. Après tout, je ne m’étonne pas trop de ce qu’un mot consacré à la religion a été profané de la sorte. Nous faisons bien d’autres profanations que celle-là.
( p. 103)

 

(2)

Par métaphore, nous avons dit depuis, faire des cadeaux, pour dire, faire des choses spécieuses, mais inutiles : et nous avons dit ensuite, donner un cadeau, pour dire, donner un grand repas. Mais ce mot de cadeau en cette dernière signification, est pltôt de la Ville que de la Cour. On dit à la Cour, donner un grand repas, donner une fête. C’est donc comme il faut parler, pour bien parler.
(2nde édition, 1675, p. 386)

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