Commerce des sens

« Le Ciel a banni de mon âme toutes ces indignes ardeurs que je sentais pour vous, tous ces transports tumultueux d’un attachement criminel, tous ces honteux emportements d’un amour terrestre et grossier, et il n’a laissé dans mon coeur pour vous qu’une flamme épurée de tout le commerce des sens. »
Don Juan ou le Festin de pierre, IV, 6

Bossuet, dans son sermon « Sur la purification de la Vierge », par lequel débutait le Carême du Louvre en 1662, invitait les fidèles à convertir les plaisirs des sens dans une félicité d’un nouveau type :

Et ne nous persuadons pas que nous vivions sans plaisir, pour entreprendre de le transporter du corps à l’esprit, de la partie terrestre et mortelle à la partie divine et incorruptible. C’est là, au contraire, dit Tertullien, qu’il se forme une volupté toute céleste du mépris des voluptés sensuelles : Quoe major voluptas, quam fastidium ipsius voluptatis ? Qui nous donnera, Chrétiens, que nous sachions goûter ce plaisir sublime, plaisir toujours égal, toujours uniforme, qui naît non du trouble de l’âme, mais de sa paix; non de sa maladie, mais de sa santé; non de ses passions, mais de son devoir; non de la ferveur inquiète et toujours changeante de ses désirs, mais de la rectitude immuable de sa conscience? Que ce plaisir est délicat!
(éd. Lebarq, 1923, t. IV, p. 165)

 

Pierre Corneille, à son tour, vantera une telle forme d’amour, dans la tragédie Othon (1664), en se servant de termes proches de ceux qu’utilisera Elvire :

Il est un autre amour dont les voeux innocents,
S’élèvent au-dessus du commerce des sens.
Plus la flamme en est pure et plus elle est durable,
Il rend de son objet le coeur inséparable,
Il a de vrais plaisirs dont ce coeur est charmé,
Et n’aspire qu’au bien d’aimer et d’être aimé.
(I, 4, p. 13)

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