Une action pareille à celle-là

« A-t-on jamais ouï parler d’une action pareille à celle-là? – Il a déjà appris l’affaire, et elle lui tient si fort en tête, que tout seul il en parle haut. – Voilà une témérité bien grande! – Écoutons-le un peu. – Je voudrais bien savoir ce qu’ils me pourront dire sur ce beau mariage. – Nous y avons songé. – Tâcheront-ils de me nier la chose ? – Non, nous n’y pensons pas. – Ou s’ils entreprendront de l’excuser? – Celui-là se pourra faire. »
Les Fourberies de Scapin, I, 4

Au début de la sc. I, 5 du Phormion de Térence, le père du jeune exhale sa colère dans un monologue, que le valet commente en aparté :

– dans la version latine connue au XVIIe siècle (1)
– dans la traduction janséniste de 1647 (2)
– dans la traduction de Marolles (1659) (3)

 

 


 

(1)

DE. Itane tandem uxorem duxit Antipho injussu meo?
Nec meum imperium, ac mitto imperium, non simultatem meam
Revereri saltem ? non pudere ? o facinus audax, o Geta
Monitor!
GE. Vix tandem. DE. Quid mihi dicent aut quam causam reperient?
Demiror.
GE. Atqui reperi jam, aliud cura. DE. An hoc dicet mihi ?
« Invitus feci ; lex coegit, audio, fateor.
GE. Placet.
DE. Verum scientem, tacitum causam tradere adversariis,
Etiamne id lex coegit?
PH. Illud durum. GE.Ego expediam: sine !

 

(2)

Est-il donc possible qu’Antiphon se soit ainsi marié sans ordre, sans avoir aucun respect pour l’autorité paternelle ; mais laissant là l’autorité, sans avoir appréhendé au moins de me fâcher, et me mettre en colère contre lui ? Est-il possible qu’il ait ainsi essuyé toute honte; O insolence inouïe ! O Gete, beau conseiller de jeunes gens ! GE. Il ne m’a pas oublié, à ce que je vois. DE. Que me pourront-ils dire ? Quelle excuse pourront-ils trouver ? J’en suis en peine quand j’y pense. GE. Allez, nos excuses sont toutes trouvées, mettez-vous en repos de ce côté-là. DE. Viendra-t-il me dire pour sa défense « je l’ai fait malgré moi ! la loi m’y a contraint » J’entends bien, je l’avoue. GE. Bon. DE. Mais la loi vous contraignait-elle aussi de ne vous défendre point, et de donner cause gagnée à vos adversaire ? GE. Ceci est fâcheux. PH. Laissez faire, je sais bien le moyen de nous en tirer.

 

(3)

Est-il vrai qu’Antiphon s’est enfin marié sans ma permission ? Et qu’il ne s’est pas soucié d’obéir à mes commandements ? Du moins doit-il appréhender ma colère, ou avoir honte de me fâcher. Quelle insolence ! Sans mentir, Geta, tu es un bon Directeur de la jeunesse. GE. Enfin, il m’a nommé à peine. DE. Que me diront-ils pour leur excuse ? Je suis fort étonné, s’ils en trouvent une bonne. GE. Si en ai-je trouvé une toute prête : pensez à autre chose hardiment. DE. Ne me diront-ils point ; Il a fait cela malgré moi, et la Loi l’y a contraint ? Je vous entends, je suis de votre avis. GE. Tu me fais plaisir. DE. Mais la Loi contraignait-elle aussi de ne se point défendre, et de donner gain de cause à ses adversaires ? PH. Ce point est difficile à résoudre. GE. Laissez-moi faire, je m’en démêlerai bien.

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