Le décor de la création reprend celui d’Ercole amante:
La Scène des deux côtés représente des Montagnes et des Rochers, sur lesquels sont couchés quatorze Fleuves qui ont été sous la domination des Français: Dans le fond du Théâtre se voit la Mer, et dans l’Air la Lune qui descend dans une Machine qui représente son Ciel.
On peut y reconnaître aussi la description du lieu du supplice de l’héroïne, au troisième acte de la tragédie de Pierre Corneille, Andromède:
Voici une étrange Métamorphose. Sans doute qu’avant que de sortir de ce Jardin, Persée a découvert cette monstrueuse tête de Méduse qu’il porte partout sous son bouclier. Les Myrtes et les Jasmins qui le composaient, sont devenus des Rochers affreux, dont les masses inégalement escarpées et bossues suivent si parfaitement le caprice de la Nature, qu’il semble qu’elle ait plus contribué que l’Art, à les placer ainsi des deux côtés du Théâtre. C’est en quoi l’artifice de l’ouvrier est merveilleux, et se fait voir d’autant plus qu’il prend soin de se cacher. Les vagues s’emparent de toute la scène, à la réserve de cinq ou six pieds qu’elles laissent pour leur servir de rivage. Elles sont dans une agitation continuelle, et composent comme un Golfe enfermé entre ces deux rangs de falaises. On en voit l’embouchure se dégorger dans la pleine mer, qui paraît si vaste et d’une si grande étendue, qu’on jurerait que les vaisseaux qui flottent près de l’Horizon, dont la vue est bornée, sont éloignés de plus de six lieues de ceux qui les considèrent. Il n’y a personne qui ne juge, que cet horrible spectacle est le funeste appareil de l’injustice des Dieux, et du supplice d’Andromède : aussi la voit-on au haut des nues, d’où ces deux Vents qui l’ont enlevée l’apportent avec impétuosité, et l’attachent au pied d’un de ces Rochers.
Egalement le décor de l’Orfeo de Buti et Rossi, créé au Palais-Royal en 1647 dans un décor de Giacomo Torelli :
Dans la première scène du troisième et dernier acte, laquelle représentait un désert affreux, des cavernes de rochers avec un antre en forme d’allée, au bout desquelles et à travers l’obscurité se découvrit un peu de jour.
(La Gazette, 8 mars 1647, p. 209) (source : P. Cornuaille, Les Décors de Molière, thèse de doctorat de l’Université de Paris-Sorbonne, 2013, p. 134)