L’invocation de la fortune en justification d’un mauvaise action est dénoncée par La Mothe le Vayer dans son texte « De la contrainte d’agir » (Derniers Petits Traités, 1660) :
Pour ce qui touche la contrainte d’agir sous laquelle vous voulez mettre à couvert toutes les fautes de votre ami, souvenez-vous que, non seulement la morale chrétienne, mais celle même d’Aristote a prononcé qu’il n’y avait jamais de nécessité à mal faire.
[…]
De vouloir excuser de mauvaises actions en accusant la fortune, ou de les attribuer simplement à je ne sais quel destinée, c’est sur quoi vous aurez de la peine à trouver de la complaisance en ceux qui vous parleront avec sincérité.
[…]
Enfin, à le bien prendre, chacun est artisan de sa propre fortune, de sorte que vous avez employé un méchant lieu commun pour justifier la misérable procédure de votre ami, de l’imputer au mauvais traitement d’une imaginaire divinité.
(éd. des Oeuvres de 1756, VII, 2, p.69-74)