M’enlevaient hors de moi-même

« ses pieds amoureux sur l’émail d’un tendre gazon traçaient d’aimables caractères qui m’enlevaient hors de moi-même, et m’attachaient par des noeuds invincibles aux doux et justes mouvements dont tout son corps suivait les mouvements de l’harmonie. Enfin jamais âme n’a eu de plus puissantes émotions que la mienne »
La Princesse d’Elide, III, 2

Dans la Clélie des Scudéry, les effets esthétiques de l’harmonie sont décrits dans des termes proches (1).

 

 


 

(1)

En ce temps là il arriva à Locres deux Lydiens très savants en musique, principalement en celle qui émeut le coeur, qui le porte à la tendresse, à la langueur et à l’amour. […] Ce qu’ils jouaient était très beau, et très savamment composé, et ils tiraient quelquefois un son si plaintif, et si amoureux, des cordes qu’ils touchaient, que sans l’aide d’aucune parole, on avait le coeur attendri, l’âme émue, et l’esprit transporté ; ainsi disposant à leur gré des sentiments de ceux qui les entendaient, ils les forçaient de s’accommoder à leur harmonie, et d’être gais ou tristes, selon qu’il leur plaisait.
(IV, 2, p. 1042-1043)

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