PSYCHÉ
TRAGICOMÉDIE, ET BALLET.
Dansé devant sa Majesté au mois de Janvier 1671.
À PARIS,
Par ROBERT BALLARD, seul Imprimeur du Roi pour la Musique, rue S. Jean de Beauvais, au Montparnasse.
M. DC. LXXI.
AVEC PRIVILÈGE DE SA MAJESTÉ.
DESCRIPTION DE LA SALLE.
Le lieu destiné pour la représentation, et pour les spectateurs de cet assemblage de tant de magnifiques Divertissements, est une Salle faite exprès pour les plus grandes Fêtes, et qui seule peut passer pour un très superbe spectacle. Sa longueur est de quarante toises ; Elle est partagée en deux parties, l’une est pour le Théâtre, et l’autre pour l’Assemblée. Cette dernière partie est celle que l’on voit la première ; Elle a des beautés qui amusent agréablement les regards jusques au moment où la Scène doit s’ouvrir. La face du Théâtre ainsi que les deux retours est un grand ordre Corinthien, qui comprend toute la hauteur de l’Édifice. On entre dans le Parterre par deux Portes différentes, à droite et à gauche. Ces Entrées ont des deux côtés des Colonnes sur des piédestaux, et des Pilastres carrés élevés à la hauteur du Théâtre : On monte ensuite sur un Haut dais réservé pour les places des Personnes Royales, et de ce qu’il y a de plus considérable à la Cour. Cet espace est bordé d’une Balustrade par devant, et de degrés en Amphithéâtre tout à l’entour : Des Colonnes posées sur le haut de ces degrés, soutiennent des Galeries, sous lesquelles, entre les Colonnes, on a placé des Balcons qui sont ornés, ainsi que le Plafond, et tout ce qui paraît dans la Salle, de ce que l’Architecture, la Sculpture, la Peinture, et la Dorure ont de plus beau, de plus riche, et de plus éclatant.
PROLOGUE.
TRENTE Lustres qui éclairent la Salle de l’Assemblée se haussent pour laisser la vue du spectacle libre dans le moment que la Toile qui ferme le Théâtre se lève. La Scène représente sur le devant des lieux Champêtres. Un peu plus loin paraît un Port de Mer fortifié [en marge : Le Théâtre est un Port de Mer.] de plusieurs Tours ; dans l’enfoncement on voit un grand nombre de Vaisseaux d’un côté, et de l’autre, une Ville d’une très vaste étendue. La mer en éloignement
Flore est au milieu du Théâtre, suivie de ses Nymphes, et accompagnée à droite et à gauche de Vertumne, Dieu des Arbres et des Fruits, et de Palaemon, Dieu des Eaux. Chacun de ces Dieux conduit une Troupe de Divinités ; l’Un mène à sa suite des Dryades et des Sylvains, et l’Autre des Dieux de Fleuves et des Naïades.
Une grande Machine descend du Ciel au milieu de deux autres plus petites. [en marge : Machines de Vénus, de l’Amour et des Grâces.] Elles sont toutes trois enveloppées d’abord dans des Nuages, qui en descendant, roulent, s’ouvrent, s’étendent, et occupent enfin toute la largeur du Théâtre. On découvre une des Grâces dans chacune des petites Machines, et la plus grande est occupée par Vénus et par son Fils, environnés de six Amours. Aussitôt que Flore aperçoit Vénus, elle la presse de venir achever par ses charmes les douceurs que la Paix a commencé de faire goûter sur la Terre, et par un Récit qu’elle chante, elle témoigne l’impatience qu’elle a de profiter du retour de la plus aimable des Déesses, et qui préside à la plus belle des Saisons.
Flore. Mademoiselle Hylaire.
Nymphes de Flore qui chantent. Madlle Des-Fronteaux, Messieurs Gingan cadet, Langeais, Gillet, Oudot, et Jannot.
Vertumne. Monsieur de la Grille.
Palaemon. Monsieur Gaye.
Suite de Vertumne, et de Palaemon.
Sylvains. Messieurs le Gros, Hedoüin, Beaumont, Fernon l’aîné, Fernon le cadet, Rebel, Serignan, et le Maire.
Fleuves. Messieurs Bony, Estival, Dom, Gingan l’aîné, Morel, Deschamps, Bernard, Rossignol, Bomaviel, et Miracle.
Naïades. Les Sieurs Thierry, la Montagne, Mathieu, Perchot, Pierrot, et Renier.
DANSEURS.
Quatre Dryades. Messieurs Chicanneau, la Pierre, Favier, et Magny.
Quatre Fleuves. Messieurs Beauchamp, Mayeu, Desbrosses, et S. André cadet.
Quatre Naïades. Messieurs Lestang, Arnal, Favier cadet, et Foignard cadet.
Vénus. Mademoiselle de Brie.
L’Amour. La Thorillière le fils.
Six Amours. Thorillon, Baraillon, Pierre Lionnois, Maugé, Dauphin, et du Chesne.
Deux Grâces. Mesdlle La Thorillière, et de Croisy.
RÉCIT DE FLORE.
Chanté par Mademoiselle Hylaire.
Ce n’est plus le temps de la Guerre;
Le plus puissant des Rois
Interrompt ses Exploits
Pour donner la Paix à la Terre :
Descendez, Mère des Amours,
Venez nous donner de beaux jours.
Les Nymphes de Flore, Vertumne et Palaemon, avec les Divinités qui les accompagnent, joignent leurs voix à celle de Flore pour presser Vénus de descendre sur la Terre.
CHoeUR
Des Divinités, de la Terre et des Eaux.
Nous goûtons une Paix profonde ;
Les plus doux Jeux sont ici bas ;
On doit ce repos plein d’appas
Au plus grand ROI du Monde :
Venez nous donner de beaux jours.
Vertumne et Palaemon font en chantant une manière de Dialogue pour exciter les plus insensibles à cesser de l’être à la vue de Vénus et de l’Amour. Les Dryades, les Sylvains, les Dieux des Fleuves, et les Naïades expriment en même temps par leurs danses la joie que leur inspire la présence de ces deux charmantes Divinités.
DIALOGUE
De Vertumne et de Palaemon.
Chanté par Messieurs de la Grille et Gaye.
VERTUMNE.
Rendez-vous, Beautés cruelles,
Soupirez à votre tour :
PALaeMON.
Voici la Reine des Belles
Qui vient inspirer l’amour.
VERTUMNE.
Un bel Objet toujours sévère
Ne se fait jamais bien aimer.
PALaeMON.
C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la douceur achève de charmer.Ils répètent ensemble ces derniers Vers.
C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la douceur achève de charmer.
VERTUMNE.
Souffrons tous qu’Amour nous blesse ;
Languissons, puisqu’il le faut ;
PALaeMON.
Que sert un coeur sans tendresse ;
Est-il un plus grand défaut ?
VERTUMNE.
Un bel Objet toujours sévère
Ne se fait jamais bien aimer.
PALaeMON.
C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la prudence achève de charmer.Flore répond au Dialogue de Vertumne et de Palaemon, par un Menuet qu’elle chante : Elle fait entendre que l’on ne doit pas perdre le temps des Plaisirs ; et que c’est une folie à la Jeunesse d’être sans amour. Les Divinités qui suivent Vertumne et Palaemon, mêlent leur danses au chant de Flore, et chacun fait connaître son empressement à contribuer à la réjouissance générale.
MENUET DE FLORE.
Chanté par Mademoiselle Hylaire.
Est-on sage
Dans le bel âge ?
Est-on sage
De n’aimer pas ?
Que sans cesse
L’on se presse
De goûter les plaisirs ici bas ;
La sagesse
De la jeunesse
C’est de savoir jouir de ses appas.
L’Amour charme
Ceux qu’il désarme,
L’Amour charme,
Cédons lui tous :
Notre peine
Serait vaine
De vouloir résister à ses coups :
Quelque chaîne
Qu’un Amant prenne,
La Liberté n’a rien qui soit si doux.
Les Divinités de la Terre et des Eaux, voyant approcher Vénus, recommencent de joindre toutes leurs voix, et continuent par leurs Danses de lui témoigner le plaisir qu’elles ressentent à son abord, et la douce espérance dont on retour les flatte.
CHoeUR
De toutes les Divinités de la Terre et des Eaux.
Nous Goûtons une Paix profonde ;
Les plus doux Jeux sont ici bas ;
On doit ce repos plein d’appas
Au plus grand ROI du Monde.
Descendez Mère des Amours,
Venez nous donner de beaux Jours.
Vénus descend avec son fils et les Grâces, Elle ne peut dissimuler la confusion qu’elle a des honneurs que l’on rend à la beauté de Psyché, au mépris de la sienne : Elle oblige les Divinités qui se réjouissent de son retour sur la Terre, de la laisser seule avec l’Amour. Elle lui exagère son dépit, et l’ayant conjuré de la venger, elle se va cacher aux yeux de tout le Monde, en attendant le succès de sa vengeance. L’Amour part du bord du Théâtre, et après avoir fait un tour en l’air en volant, il se va perdre dans les Nues.
NOMS DES ACTEURS.
L’Amour.…..Baron.
Psyché.….Mademoiselle Molière.
Deux Soeurs de Psyché.…..Mesdlles Marotte et Boval.
Le Père de Psyché.…..La Thorillière.
Son Capitaine des Gardes.…..Chasteau-neuf.
Les deux Amants de Psyché.…..Hubert et la Grange.
Vénus.…..Mademoiselle de Brie.
Deux Grâces.…..Les petites la Thorillière et du Croisy.
Deux petits Amours.…..Thorillons et Barillonet.
Un Fleuve.…..De Brie.
Jupiter.…..Du Croisy.
Zéphire.…..Molière.
Deux Suivants, et deux Pages.
ARGUMENT DU PREMIER ACTE.
La Scène est changée en une grande Allée de Cyprès, où l’on découvre des deux côtés des Tombeaux superbes des anciens Rois de la Famille de Psyché. Cette Décoration [en marge : le Théâtre est une Allée de Cyprès.] est coupée dans le fonds par un magnifique Arc de Triomphe, au travers duquel on voit un éloignement de la même Allée qui s’étend jusqu’à perte de vue. Ordres d’architecture
SCÈNE PREMIÈRE.
Les deux Soeurs de Psyché expriment la jalousie qu’elles ont contre leur Cadette.
SCÈNE SECONDE.
Elles veulent se rendre agréables à Cléomène, et à Agénor, deux jeunes Princes Amis ; mais elles les découvrent l’un et l’autre amoureux de Psyché.
SCÈNE TROISIÈME.
Les deux Princes déclarent leur amour à Psyché.
SCÈNE QUATRIÈME.
Lycas avec douleur vient chercher Psyché de la part du Roi son Père.
SCÈNE CINQUIÈME.
Les deux Soeurs apprennent de Lycas la réponse funeste que l’Oracle a rendue au Roi sur la destinée de Psyché.
PREMIER INTERMÈDE.
La Scène change en des Rochers affreux, [en marge : Le Théâtre est un Désert.] et fait voir en éloignement une effroyable Solitude.
C’est dans ce Désert que Psyché doit être exposée pour obéir à l’Oracle. Une Troupe de Personnes affligées y viennent déplorer sa disgrâce. Une Partie de cette Troupe désolée témoigne sa pitié par des Plaintes touchantes, et par des Concerts lugubres, et l’Autre exprime sa désolation par toutes les marques du plus violent désespoir.
Femme désolée, qui plaint le malheur de Psyché.
Mademoiselle Hylaire.
Hommes affligés, qui plaignent sa disgrâce.
Messieurs Morel, et Langeais.
Dix Flûtes. Les Sieurs Philebert, Descouteaux, Piesche le fils, Nicolas, Louis, Martin, et Colin Hottère, Fossart, du Clos, et Boutet.
PLAINTES EN ITALIEN
Chantée par Mademoiselle Hylaire, Messieurs Morel, et Langeais.
Mademoiselle Hylaire.
Deh piagete al pianto mio
Sassi duri, antiche selve,
Lagrimate fonti, e belve
D’un bel volto il fato rio.M. Langeais.
Ahi dolore !
M. Morel.
Ahi martire !
M. Langeais.
Cruda morte !
M. Morel.
Empia morte !
TOUS TROIS.
Che condanni à morir tanto beltà.
Cieli, stelle, ahi crudeltà.
IMITATION EN VERS FRANÇAIS DES PLAINTES EN ITALIEN,
Chantées par Mademoiselle Hylaire, Messieurs Morel, et Langeais.
Mademoiselle Hylaire.
Mêlez vos pleurs avec mes larmes,
Durs Rochers, froides Eaux, et vous Tigres affreux,
Pleurez le destin rigoureux
D’un Objet dont le crime est d’avoir trop de charmes.
M. Langeais.
Ô Dieux ! quelle douleur !
M. Morel.
Ah ! quel malheur !
M. Langeais.
Rigueur mortelle !
M. Morel.
Fatalité cruelle !
TOUS TROIS.
Faut-il, hélas !
Qu’un Sort barbare
Puisse condamner au trépas
Une Beauté si rare !
Cieux ! Astres pleins de dureté !
Ah ! quelle cruauté !
Mademoiselle Hylaire.
Rispondete à miei lamenti
Antri cavi, ascose rupi,
Deh ridite fondi cupi
Del mio duolo i mesti accenti.
M. Langeais.
Ahi dolore, etc.
M. Morel.
Com’esser può fra voi, ò Numi eterni,
Chi volgia estinta una beltà innocente,
Ahi che tanto rigor, Cielo inclemente,
Vince di crudeltà gli stessi inferni.
M. Langeais.
Nume fiero.
M. Morel.
Dio severo.
Ensemble.
Perche tanto rigor
Contro innocente cor.
Ahi sentenza inudita,
Dar morte à la Beltà, ch’altrui da vita.
Mademoiselle Hylaire.
Répondez à ma plainte, Échos de ces Bocages,
Qu’un bruit lugubre éclate au fond de ces Forêts :
Que les Antres profonds, les Cavernes sauvages,
Répètent les accents de mes tristes regrets.
M. Langeais.
Ô Dieux quelle douleur ! etc.
M. Morel.
Que de Vous, ô grands Dieux ! avec tant de furie,
Veut détruire tant de Beauté ?
Impitoyable Ciel ! par cette barbarie
Voulez-vous surmonter l’Enfer en cruauté ?
M. Langeais.
Dieu plein de haine !
M. Morel.
Divinité trop inhumaine !
Ensemble.
Pourquoi ce courroux si puissant
Contre un Coeur innocent ?
Ô rigueur inouïe !
Trancher de si beaux Jours !
Lorsqu’ils donnent la vie
À tant d’Amours !
ENTRÉE D’HOMMES AFFLIGÉS, ET DE FEMMES DÉSOLÉES.
Hommes. Messieurs Dolivet, le Chantre, S. André l’aîné, et S. André le cadet, la Montagne, et Foignard l’aîné.
Femmes. Messieurs Bonard, Joubert, Dolivet le fils, Isaac, Vaignard l’aîné, et Girard.
CONTINUATION DES PLAINTES.
Mademoiselle Hylaires.
Ahi ch’indarno si tarda,
Non resiste a li Dei, mortale affetto,
Alto impero ne sforza,
Ove commanda il Ciel, l’Uom cede à forza.
Deh piangete, etc. come sopra.
CONTINUATION DES PLAINTES, APRÈS L’ENTRÉE DES HOMMES AFFLIGÉS, et des Femmes désolées.
Mademoiselle Hylaire.
Que c’est un vain secours, contre un mal sans remède,
Que d’inutiles pleurs, et des cris superflus !
Quand le Ciel a donné des Ordres absolus,
Il faut que l’effort humain cède.
Mêlez vos pleurs, etc. comme ci-dessus.
ARGUMENT DU IIe ACTE.
SCÈNE PREMIÈRE.
Le Père de Psyché fait éclater sa douleur, et lui dit le dernier adieu.
SCÈNE SECONDE.
Les deux Soeurs prennent aussi congé de Psyché.
SCÈNE TROISIÈME.
Les deux Princes viennent trouver Psyché pour s’opposer ou s’exposer à tous les périls qui la pourront menacer. [en marge : Enlèvement de Psyché.] Elle est enfin enlevée par le Zéphire, qui la fait emporter sur un amas de nuages par un Tourbillon de vent. Les deux Princes qui la perdent de vue s’abandonnent au désespoir.
SECOND INTERMÈDE.
Le Théâtre [en marge : Le Théâtre est un Palais.] se change en une Cour magnifique coupée dans le fond par un grand Vestibule qui est soutenu par des Colonnes extrêmement enrichie. On voit au travers de ce Vestibules un Palais pompeux et brillant que l’Amour a destiné pour Psyché.
Des Cyclopes travaillent pour achever de grands Vases d’or, que des Fées leur apportent, et qui doivent être de nouveaux Ornements du Palais de l’Amour.
ENTRÉE DES CYCLOPES ET DES FÉES.
Huit Cyclopes. Messieurs Beauchamp, Chicanneau, Mayeu, la Pierre, Favier, Desbrosses, Joubert, et S. André cadet.
Huit Fées. Messieurs Noblet, Magny, de Lorge, Lestang, la Montagne, Foignard l’aîné, Foignard le cadet, et Vaignard l’aîné.
Vulcain qui n’a pas sujet d’être content de Vénus, son Épouse, s’engage contre Elle dans les intérêts de son Fils. Il vient commander aux Cyclopes, dont il est le Maître, de répondre à l’impatience de l’Amour, et de travailler promptement pour achever les Ornements de son Palais.
CHANSON DE VULCAIN.
Chantée par M. de la Forest.
Dépêchons, préparez ces Lieux,
Pour le plus aimable des Dieux :
Que chacun pour lui s’intéresse,
N’oubliez rien des soins qu’il faut ;
Quand l’Amour presse
On n’a jamais fait assez tôt.
+++
Servez bien un Dieu si charmant,
Il se plaît dans l’empressement :
Que chacun pour lui s’intéresse,
N’oubliez rien des soins qu’il faut ;
Quand l’Amour presse
On n’a jamais fait assez tôt.
Vulcain fait travailler les Cyclopes avec Diligence.
L’Amour ne veut point qu’on diffère,
Travaillez, hâtez-vous,
Frappez, redoublez vos coups ;
Que l’ardeur de lui plaire
Fasse vos soins les plus doux.
ARGUMENT DU IIIe ACTE.
SCÈNE PREMIÈRE.
Le Zéphire, Confident de l’Amour, lui rend compte de la commission qu’il a eue d’enlever Psyché.
SCÈNE SECONDE.
Psyché témoigne son étonnement à la vue de ce superbe Palais, qui s’accorde si mal avec ce qu’elle attend.
SCÈNE TROISIÈME.
L’Amour, sans se faire connaître, lui découvre sa passion que Psyché reçoit favorablement. Elle lui demande à voir ses Soeurs, l’Amour lui promet de les faire venir, et en donne l’ordre au Zéphire, qui traverse en l’air tout le Théâtre, et s’envole dans les Nuages par un mouvement rapide.
TROISIÈME INTERMÈDE.
De Petits Zéphirs sont invités à se mêler dans les doux Jeux des Amours par des Chansons qu’un Zéphire et deux petits Amours chantent, et tous ensemble s’efforcent par leurs Chants et par leurs Danses de contribuer aux Divertissements que l’Amour veut donner à Psyché.
Zéphire qui chante. Jannot.
Deux Amours chantant. Renier, et Pierrot.
Huit Zéphirs dansant. Messieurs Bouteville, Des-Airs, Artus, Vaignard cadet, :Germain, Pécourt, du Mirail, et Lestang le jeune.
Huit Amours dansant. Le Chevalier Pol, Messieurs Boüillant, Thibaut, la Montagne, Dolivet fils, Daluseau, Vitrou, et la Thorillière.
CHANSON DU ZÉPHIR.
Aimable Jeunesse,
Suivez la Tendresse,
Joignez aux beaux Jours
La douceur des Amours :
C’est pour Vous surprendre
Qu’on Vous fait entendre
Qu’il faut éviter leurs soupirs,
Et craindre leurs désirs ;
Laissez-Vous apprendre
Quels sont leurs plaisirs.
DIALOGUE DES DEUX AMOURS.
ILS CHANTENT ENSEMBLE.
Chacun est obligé d’aimer
À son tour,
Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.Un Amour chante seul.
Un Coeur jeune et tendre
Est fait pour se rendre,
Il n’a point à prendre
De fâcheux détour.
Les deux Amours chantent ensemble.
Chacun est obligé d’aimer
À son tour,
Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.
Le second Amour chante seul.
Pourquoi se défendre ?
Que sert-il d’attendre ?
Quand on perd un jour,
On le perd sans retour.
Les deux Amours ensemble.
Chacun est obligé d’aimer
À son tour,
Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.
SECOND COUPLET DE LA CHANSON
du Zéphir.L’Amour a des charmes,
Rendons lui les armes :
Ses soins et ses pleurs
Ne sont pas sans douceurs :
Un Coeur pour le suivre
À cent maux se livre,
Il faut pour goûter ses appas
Languir jusqu’au trépas,
Mais c’est ne pas vivre
Que de n’aimer pas.
Second couplet du Dialogue des deux Amours.
S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
On est payé de mille maux
Par un heureux moment.
Un Amour seul.
On craint, on espère,
Il faut du mystère ;
Mais on n’obtient guère
De bien sans tourment.
Les deux Amours ensemble.
S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
On est payé de milleux maux
Par un heureux moment.
Le second Amour seul.
Que peut-on mieux faire
Qu’aimer et que plaire ?
C’est un soin charmant
Que l’emploi d’un Amant.
Les deux Amours ensemble.
S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
On est payé de mille maux
Par un heureux moment.
ARGUMENT DU IVe ACTE.
Le Théâtre devient un Jardin superbe et charmant. On y voit des Berceaux de verdure soutenus par des Thermes d’or, et décorés de Vases d’Orangers, et d’Arbres de toutes sortes de Fruits. [en marge : Le Théâtre est un jardin.] Le milieu du Théâtre est rempli des Fleurs les plus belles, et les rares, environnées de Haies de Buis. On découvre dans l’enfoncement plusieurs Dômes de Rocailles ornés de Coquillages, de Fontaines, et de Statues, et toute cette agréable vue se termine par un magnifique Palais. plusieurs vases d’orangers
SCÈNE PREMIÈRE.
Les deux Soeurs de Psyché s’étonnent à la vue de toutes les Merveilles qu’elles rencontrent, et la félicité de Psyché redouble leur jalousie contre Elle.
SCÈNE SECONDE.
Elles profitent de la bonne foi de Psyché, et lorsqu’elles s’en doivent séparer, le Zéphire les enlève par un Nuage en globe qui descend du Ciel, et qui s’allonge jusqu’à Terre : [en marge : Enlèvement des deux soeurs.] Ce Nuage enveloppe les deux Soeurs, et s’étant étendu sur toute la largeur du Théâtre, il les emporte avec rapidité.
SCÈNE TROISIÈME.
Psyché malgré la résistance de l’Amour veut savoir ce qu’il en est ; l’Amour lié par un serment est contraint de se découvrir, et part en colère pour retourner au Ciel. Dans l’instant qu’il s’envole, le superbe Jardin s’évanouit, et Psyché se trouve [en marge : Le Théâtre est une Campagne.] seule au milieu d’une vaste Campagne, et sur le bord sauvage d’une grande Rivière.
SCÈNE QUATRIÈME.
Psyché au désespoir du départ de son Amant accuse sa curiosité, et se veut précipiter dans le Fleuve.
SCÈNE CINQUIÈME.
Le Dieu du Fleuve paraît assis sur un amas de Joncs et de Roseaux, et appuyé sur une grande Urne d’où sort une grosse source d’eau. Il retient Psyché, et l’avertit que Vénus la cherche.
SCÈNE SIXIÈME.
Vénus fait des reproches à Psyché qui essaie de s’excuser. La Déesse irritée lui ordonne de la suivre pour éprouver sa constance.
IVE INTERMÈDE.
La Scène représente les Enfers. On y voit une Mer toute de feu dont les flots sont dans une perpétuelle agitation. [en marge : Le Théâtre est un Enfer.] Cette Mer effroyable est bornée par des Ruines enflammées, et au milieu de ses Flots agités, au travers d’une Gueule affreuse, paraît le Palais Infernal de Pluton.
Des Furies se réjouissent de la rage qu’elles ont allumées dans l’âme de la plus douce des Divinités. Des Lutins se mêlent avec les Furies ; ils essaient par des Figures étonnantes d’épouvanter Psyché qui est descendue aux Enfers, mais les charmes de sa Beauté obligent les Furies et les Lutins de se retirer.
ENTRÉE DES FURIES, ET DE LUTINS.
Douze Furies. Messieurs Eydieu, Beauchamp, Les Sieurs Chicanneau, Mayeu, Desbrosses, Magny, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet, Joubert, Lestang, Favier l’aîné, et S. André le cadet.
Quatre Lutins faisant des sauts périlleux. Cobus, Maurice, Poulet, et Petit Jean.
ARGUMENT
DU Ve ACTE.
SCÈNE PREMIÈRE.
Psyché dans une Barque, et après plusieurs travaux, paraît avec la Boite qu’elle a été prendre dans les Enfers par l’ordre de Vénus.
SCÈNE SECONDE.
Elle trouve les Ombres des deux Princes ses Amants, que le désespoir avait fait mourir.
SCÈNE TROISIÈME.
Psyché sans songer au malheur que lui avait produit sa première curiosité, veut essayer sur elle la vertu de ce qu’elle porte dans la Boite, et en l’ouvrant, elle tombe évanouie.
SCÈNE QUATRIÈME.
[en marge : Descente de l’Amour.]L’Amour descend en volant, et vient promptement au secours de Psyché, il la croit morte, et s’abandonne au désespoir.
SCÈNE CINQUIÈME.
[Choeur de Vénus.] Vénus paraît en l’Air sur son Char, et la Mère et le Fils s’emportent l’un contre l’autre.
SCÈNE SIXIÈME.
Jupiter s’avance pour arrêter leurs emportements, [en marge : Machine de Jupiter.] lorsque Vénus l’aperçoit, elle se retire vers l’un des côtés du Théâtre, Jupiter met enfin d’accord Vénus et son Fils, et commande à l’Amour d’enlever Psyché au Ciel, pour y célébrer leurs Noces.
DERNIER INTERMÈDE.
Le Théâtre se change et représente le Ciel. Le grand Palais de Jupiter descend, [en marge : Le Théâtre est tout Ciel.] et laisse voir dans l’éloignement, par trois suites de Perspective les autres Palais des Dieux du Ciel les plus puissants ; un Nuage sort du Théâtre, sur lequel l’Amour et Psyché se placent, et sont enlevés par un second Nuage, qui vient en descendant se joindre au premier. Une Troupe de petits Amours vient dans cinq Machines, dont les mouvements sont tous différents, pour témoigner leur joie au Dieu des Amours : Et dans le même temps Jupiter et Vénus se croisent en l’Air, et se rangent près de l’Amour, et de Psyché.
Les Divinités des Cieux, qui avaient été partagées entre Vénus et son Fils se réunissent en les voyant d’accord ; Elle paraissent au nombre de trois cents sur des Nuages, dont tout le Théâtre est rempli, et Toutes ensemble par des Concerts, des Chants, et des Danses célèbrent la Fêtes des Noces de l’Amour. Deux grandes machines
Apollon conduit les Muses, et les Arts ; Bacchus est accompagné de Silène, des aegipans, et des Ménades : Mome, Dieu de la Raillerie, mène après lui une troupe enjouée de Polichinelles, et de Matassins ; et Mars paraît à la tête d’une Troupe de Guerriers suivis de Timbales, de Tambours, et de Trompettes.
Apollon Dieu de l’Harmonie commence le premier à chanter, pour inviter les Dieux à se réjouir.
RÉCIT D’APOLLON.
Chanté par Monsieur Langeais.
Unissons-Nous, Troupe immortelle ;
Le Dieu d’Amour devient heureux Amant,
Et Vénus a repris sa douceur naturelle
En faveur d’un Fils si charmant :
Il va goûter en paix après un long tourment,
Une félicité qui doit être éternelle.Toutes les Divinités célestes chantent ensemble
CHoeUR DES DIVINITÉS CÉLESTES.
Célébrons ce grand Jour ;
Célébrons tous une Fête si belle :
Que nos Chants en tous lieux en portent la nouvelle ;
Qu’ils fassent retentir le céleste séjour :
Chantons, répétons, tour à tour,
Qu’il n’est point d’Âme si cruelle
Qui tôt ou tard ne se rende à l’Amour.Bacchus fait entendre qu’il n’est pas si dangereux que l’Amour.
RÉCIT DE BACCHUS.
Chanté par Monsieur Gaye.Si quelquefois,
Suivant nos douces Lois,
La Raison se perd et s’oublie,
Ce que le vin nous cause en un jour ;
Mais quand un Coeur est enivré d’Amour,
Souvent, c’est pour toute la vie.Mome déclare qu’il n’a point de plus doux emploi que de médire, et que ce n’est qu’à l’Amour seul qu’il n’ose se jouer.
RÉCIT DE MOME.
Chanté par Monsieur Morel.Je cherche à médire
Sur la Terre, et dans les Cieux ;
Je soumets à ma Satire
Les plus grands des Dieux.
Il n’est dans l’Univers que l’Amour qui m’étonne,
Il est le Seul que j’épargne aujourd’hui ;
Il n’appartient qu’à Lui
De n’épargner personne.Mars avoue que malgré toute sa valeur, il n’a pu s’empêcher de céder à l’Amour.
RÉCIT DE MARS.
Chanté par Monsieur Estival.Mes plus fiers Ennemis vaincus ou pleins d’effroi
Ont vu toujours ma Valeur triomphante
L’Amour est le Seul qui se vante
D’avoir pu triompher de Moi.
Tous les Dieux du Ciel unissent leurs voix, et engagent les Timbales et les Trompettes à répondre à leurs Chants, et à se mêler avec leurs plus doux Concerts.
Choeur des Dieux, où se mêlent les Trompettes et les Timbales.
Chantons les plaisirs charmants
Des heureux Amants.
Répondez-nous Trompettes,
Timbales, et Tambours
Accordez-nous toujours
Avec le doux son des Musettes,
Accordez-vous toujours
Avec le doux chant des Amours.
ENTRÉE DE LA SUITE D’APOLLON.
Suite d’Apollon.
Les neufs Muses. Mademoiselle Hylaire, Mademoiselle Des-Fronteaux, Mesdemoilles Piesches soeurs, Messieurs Gillet, Oudot, Henry Hylaire, Descouteaux, et Piesche cadet.
Concertants. Messieurs Chaudron père, Piesche l’aîné, Marchand, Laquaisse cadet, Clerambaut, le Doux, Pesan, Gervais, Camille, Henry, Verdier, Bernard, Mercier, Chevallier, Desnoyer, Edme Verdier, et S. Père.
Les Arts travestis en Bergers Galants pour paraître avec plus d’agrément dans cette Fête, commencent les Premier à danser. Apollon vient joindre une Chanson à leurs Danses, et les sollicite d’oublier les Soins qu’ils ont accoutumé de prendre le jour, pour profiter des Divertissements de cette Nuit bienheureuse.
ARTS TRAVESTIS EN BERGERS Galants.
Bergers Galants. Messieurs Beauchamp, Chicanneau, la Pierre, Favier l’aîné, Magny, Noblet, Desbrosses, Lestang, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet.
CHANSON D’APOLLON.
Chantée par M. Langeais.Le Dieu qui nous engage
À lui faire la Cour,
Défend qu’on soit trop sage.
Les Plaisirs ont leur tour,
C’est leur plus doux usage
Que de finir les soins du Jour ;
La Nuit est le partage
Des Jeux, et de l’Amour.
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Ce serait grand dommage
Qu’en ce charmant Séjour
On eut un Coeur sauvage.
Les Plaisirs ont eu leur tour,
C’est leur plus doux usage,
Que de finir les soins du Jour ;
La Nuit est le partage
Des Jeux, et de l’Amour.
Au milieu de l’Entrée de la Suite d’Apollon deux des Muses qui ont toujours évité de s’engager sous les Lois de l’Amour, conseillent aux Belles, qui n’ont point encore aimé, de s’en défendre avec soin à leur exemple.
CHANSON DES MUSES.
Chantée par Mademoiselle Hylaire, et par Mademoiselle Deffronteaux.
Gardez-vous, Beautés sévères,
Les Amours font trop d’affaires,
Craignez toujours de vous laisser charmer :
Quand il faut que l’on soupire,
Tout le mal n’est pas de s’enflammer :
Le martyre
De le dire,
Coûte plus cent fois que d’aimer.
SECOND COUPLET DES MUSES.
On ne peut aimer sans peines,
Il est peu de douces chaînes,
À tout moment on se sent alarmer ;
Quand il faut que l’on soupire,
Tout le mal n’est pas de s’enflammer ;
Le martyre
De le dire.
Coûte plus cent fois que d’aimer.ENTRÉE DE LA SUITE DE BACCHUS.
Suite de Bacchus.
Concertants. Messieurs de la Grille, le Gros, Gingan l’aîné, Bernard, Rossignol, la Forest, Miracle cadet, Renier, et Jannot.
Violons. Messieurs du Manoir père et fils, Balus père et fils, Chaudron fils, le Peintre, Lique, le Roux, le Grais, Varin, Joubert, Rafié, Des-Matins, Leger, l’Espine, et le Roux cadet.
Bassons. Les Sieurs Collin Hottere, et Philidor.
Hautbois. Les Sieurs du Clos, du Chot, et Philidor cadet.
Les Ménades et les Égipans viennent danser à leur tour. Bacchus s’avance au milieu d’Eux, et chante une Chanson à la louange du Vin.
Six Ménades. Messieurs Isaac, Paysan, Joubert, Dolivet fils, Breteau, et Des-Forges.
Six Égipans. Messieurs Eydieu, Dolivet, le Chantre, Ariar, S. André l’aîné, et S. André le cadet.
CHANSON DE BACCHUS.
Chantée par Monsieur Gaye.Admirons le Jus de la Treille :
Qu’il est puissant ! qu’il a d’attraits !
Il sert aux douceurs de la Paix,
Et dans la Guerre, il fait merveille :
Mais surtout pour les Amours,
Le Vin est d’un grand secours.Silène Nourricier de Bacchus paraît monté sur son Âne. Il chante une Chanson qui fait connaître les avantages que l’on trouve à suivre les Lois du Dieu du Vin.
CHANSON DE SILÈNE.
Chantée par Monsieur Blondel.Bacchus veut qu’on boive à longs traits ;
On ne se plaint jamais
Sous son heureux Empire :
Tout le jour on n’y fait que rire,
Et la nuit on y dort en paix.
SECOND COUPLET.
Ce Dieu rend nos voeux satisfaits ;
Que sa Cour a d’attraits !
Chantons y bien sa gloire :
Tout le jour on n’y fait que boire,
Et la nuit on y dort en paix.Deux Satyres se joignent à Silène, et tous trois chantent ensemble un Trio à la louange de Bacchus, et des douceurs de son Empire.
Trio de Silène, et de deux Satyres.
Messieurs Blondel, de la Grille et Bernard.Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fond des Pots.
Un Satyre.
Les Grandeurs sont sujettes
À cent peines secrètes.
Second Satyre.
L’Amour fait perdre le repose.
Tous ensemble.
Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fond des Pots.
Un Satyre.
C’est là que sont les Ris, les Jeux, les Chansonnettes.
Second Satyre.
C’est dans le Vin qu’on trouve les bons mots.
Tous ensemble.
Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fonds Pots.
Deux autres Satyres enlèvent Silène de dessus son Âne, qui leur sert à voltiger, et à former des Jeux agréables et surprenants.
Deux Satyres Voltigeurs. Messieurs de Meniglaise, et de Vieux-Amant.
ENTRÉE DE LA SUITE DE MOME.
Suite de Mome.
Concertants. Messieurs Dom, Beaumont, Fernon l’aîné, Fernon cadet, Gingan cadet, Deschamps, Horat, la Montagne, et Pierot.
Violons. Les Sieurs Marchand, Laquaisse, Huguenet, Magny, Brouard, Fossard, Huguenet cadet, Destouches, Guenin, Roullé, Charpentier, Ardelet, la Fontaine, Charlot, et Martinot père et fils.
Bassons. Les Sieurs Nicolas, et Martin Hotterre.
Hautbois. Les Sieurs Pie