L’expression est à la mode.
Elle figure au tome III, 1 de l’Almahide des Scudéry, qui porte un achevé d’imprimer du 31 juillet 1662 :
– Ah, Madame, dit le roi à la Sultane, permettez-moi de n’être pas de votre avis ; car je sens bien que j’aurais beaucoup de peine d’en être. – Les volontés sont libres, Seigneur, lui répondit-elle, et il n’est point de si mauvais parti où beaucoup de gens ne s’engagent.
(p. 299)
Les comédiens italiens utilisaient également la formule pour en tirer un effet comique. Elle apparaît dans les notes de l’Arlequin Biancolelli consacrées au spectacle « A fourbe, fourbe et demi », joué durant les années 1660 :
ils me veulent conduire en prison, je dis que je ne veux pas y aller et que les volontés sont libres. (1)
Le bon mot est recueilli ensuite dans les Arliquiniana (1694) ( p. 6).
L’idée de la « volonté libre », du « libre arbitre » avait été mise à la mode par la diffusion de la philosophie cartésienne.
Ainsi, on relève l’expressions dans
– les Principes de la philosophie (1644) :
Quod autem sit in nostra voluntate libertas et multis ad arbitrium vel assentiri vel non assentiri possimus…
(Renati Des Cartes principia philosophia, Amsterdam, Elzevier, 1644, p. 14)
– le traité des Passions de l’âme (1649) :
Mais la volonté est tellement libre de sa nature qu’elle ne peut être contrainte.(2)
Une plaisanterie semblable figurait sur une planche de Lagniet